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Le registre comique dans Gargantua

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Par   •  20 Mars 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 403 Mots (6 Pages)  •  222 Vues

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LE REGISTRE COMIQUE DANS GARGANTUA

L'œuvre de Rabelais est placée sous le signe du rire. Il s’avère que Rabelais est médecin, le rire est donc selon lui un moyen de rester en bonne santé et de surmonter les difficultés de l'existence.

De plus, Rabelais est un humaniste, et, comme tel, convaincu que le savoir apporte le réconfort voire la grandeur, la noblesse d'âme. Comme tout humaniste, il hait l'ignorance, l'erreur, la superstition, ainsi que la stupidité et la méchanceté qui, souvent, les accompagnent et sont autant d'obstacles au savoir. Pour Rabelais, écrire un roman comique revient donc aussi à combattre la bêtise en les ridiculisant et ainsi avoir recours à l’ironie (def). Différentes formes de comique sont utilisées pour réussir ce double objectif.


RIRE POUR SES CONTEMPORAINS

Pour comprendre le comique rabelaisien, il importe d'abord de le situer dans le contexte de son époque.

Les problèmes d'interprétation

La nature du comique rabelaisien peut poser des difficultés d'interprétation au lecteur moderne. Nous avons plus de mal à rire devant les jeux de mots dissimulés ou devant les allusions théologiques. En effet, le comique dépend beaucoup des lieux et des époques un lecteur du XVI siècle ne rit pas exactement des mêmes choses qu'un lecteur moderne, de même qu'aujourd'hui certaines plaisanteries peuvent sembler moins comiques à un Anglais ou à un Québécois qu'à un Français. À l'inverse, la peur, la crainte, sont des sentiments plus universels et intemporels, moins dépendants de la culture d'une société. Le comique des romans rabelaisiens demande donc un effort particulier d'interprétation, et nécessite parfois une certaine érudition.

Le mélange de comique et de sérieux

Plus encore, le lecteur moderne peut être déconcerté par le mélange de comique et de sérieux, voire de gravité, qui caractérise l'œuvre de Rabelais. Par exemple, dans Gargantua, le caractère grotesque des mésaventures de Janotus est brutalement interrompu par un discours grave contre la méchanceté de certains maîtres scolastiques (fin du chapitre 20). De même, les bonnes paroles de Grandgousier, empreintes de sagesse humaniste contre la supersitition, coexistent avec les plaisanteries grossières des pèlerins auxquels il s'adresse (chap. 45).

La juxtaposition du comique et du grave fait partie de la culture de l'époque. Nous la retrouvons chez d'autres auteurs de la Renaissance. Le xvi siècle pratique beaucoup plus facilement que le nôtre le mélange des tons et des genres, car son esthétique est essentiellement axée sur la diversité.

 La culture carnavalesque

En outre, cette diversité est la caractéristique fondamentale d'une culture que notre époque a mal conservée : la culture carnavalesque. À l'origine, les fêtes de carnaval sont l'occasion de réjouissances où les hiérarchies habituelles sont inversées : on se moque de ce qui est sérieux, on ridiculise les puissants. Le carnaval permettait de s'en prendre à ceux dont, en temps normal, on n'osait pas rire ouvertement. Certaines pièces de théâtre comportaient de violentes critiques contre le pouvoir royal. Mais le carnaval permettait aussi de porter un regard rieur sur ce qu'on aimait et même sur ce qu'on vénérait.

Le Moyen Âge et la Renaissance accordaient une grande importance à ces bouffonneries. On sait que Rabelais participa à de telles réjouissances. Il n'est donc pas étonnant que ses romans comportent des plaisanteries permettant de rire de ce qu'il appréciait : la naissance du géant par l'oreille de sa mère est une plaisanterie indulgente sur la confiance sincère du croyant envers la puissance de Dieu, qui a le pouvoir de faire ce que bon lui semble.

Donc, si la nature du comique rabelaisien nous échappe parfois, sa fonction est parfaitement claire : provoquer chez le lecteur deux sortes de rires. Il s'agit à présent de se demander comment est créé le rire.


LES FORMES DU COMIQUE RABELAISIEN

Rabelais utilise plusieurs formes de comique, ainsi qu'un ensemble de procédés stylistiques destinés à susciter le rire.

Le comique verbal

Le comique verbal tient essentiellement à cinq caractères ou procédés. Il y a d'abord l'onomastique¹, le choix des noms comiques. C'est le cas, par exemple, de noms de personnages comme Gargamelle. Il y a ensuite l'invention de mots grotesques ou expressifs. Citons, par exemple, le verbe «mata- graboliser», ou l'adjectif « matéologiens³», mots comiques forgés par Rabelais auxquels il est parfois difficile de donner un sens précis. Le troisième élément de comique verbal est constitué par les jeux sur l'incohérence du discours. On le voit bien dans la scène du discours ridicule de Janotus de Bragmardo (Gargantua, chap. 19), où celui-ci réclame à Gargantua, au nom des Parisiens, les cloches de Notre-Dame dont le géant s'est emparé.

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