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La démesure

Fiche de lecture : La démesure. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Juin 2018  •  Fiche de lecture  •  2 412 Mots (10 Pages)  •  807 Vues

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Emilie GRAZIOLI

Formation Éducatrice spécialisée 2ème année. (ES2C1.3)

FICHE DE LECTURE

J'ai choisi de présenter le livre « la démesure » écrit par Céline RAPHAËL. Ce livre est paru aux éditions Max MILO en 2012.

L'auteure écrit sous un pseudo  pour protéger sa mère des retombées médiatiques, mais elle apparaît dans les interviews à visage découvert. L'envie de lire son livre m'est venue après une de ses apparitions à la télévision. J'ai choisi de le relire aujourd'hui d'une manière plus approfondie et éclairée par mon questionnement d'étudiante. Céline RAPHAËL est maintenant médecin spécialiste en soins palliatifs et traitement de la douleur. Elle a aussi écrit un mémoire lors de ses études de médecine sur « le repérage de la maltraitance en milieu scolaire ». Ce livre est un témoignage. L'auteure écrit à la demande d'une maison d'édition à la suite d'une lettre ouverte au président Hollande sur la maltraitance : elle était alors âgée de 28 ans et interne en médecine.

 A travers ce témoignage elle veut surtout apporter une meilleure connaissance de la maltraitance à un public large. Elle se sert de son expérience pour alerter les pouvoirs publics, les médecins, elle veut que le repérage des maltraitances progresse. Ce n'est pas un ouvrage à visée thérapeutique. C'est un témoignage pour les autres. Elle est déjà à distance des évènements douloureux de son enfance, le traumatisme a été traité. Elle veut nous convaincre, elle pense pouvoir nous éclairer sur ce phénomène méconnu qui touche environ 10% des enfants. Son récit est précis distancié et en même temps il est explicatif des mécanismes mis en œuvre. Elle dénonce de fait les lacunes de la protection de l'enfance, ses incohérences, la solitude des enfants placés (en 2014 elle remettra un rapport sur la maltraitance à Marisol Touraine, et en 2015 elle participe à l'examen au parlement de la proposition de loi sur  la protection de l'enfant.). Du fait de son histoire elle s'attache surtout à dénoncer la maltraitance des enfants par leurs parents dans des milieux socio-culturels favorisés. Elle lutte contre l'idée préconçue qui tend à ignorer l'existence de la maltraitance dans tous les milieux sociaux.

J'ai choisi ce livre pour ce double intérêt : c'est un témoignage  et à ce titre là c'est enrichissant de lire ce qui peut réellement se passer dans une relation maltraitante parent-enfant et en même temps nous ne sommes pas seulement dans l'émotion du récit, elle nous donne des hypothèses d'explication, elle met du sens, elle nous alerte sur les signes méconnus, elle explique les mécanismes de cette relation maltraitante. Elle raconte aussi son parcours d'enfant  après le signalement, elle raconte ce nouveau combat, l'inexpérience voire l'incompétence des travailleurs sociaux mais aussi parfois de belles rencontres, elle nous force à nous questionner sur nos fonctionnements. Ce livre est pour moi un enseignement vivant sur la posture éducative, la responsabilité de chacun face à la maltraitance. Dans son livre, on ressent bien la démission des adultes, leur responsabilité dans la durée de son calvaire et aussi comme un regard une écoute bienveillante et avertie peut tout changer.

Son martyr durera 12 ans avant que la première prise en charge institutionnelle se fasse. Le livre nous raconte ces 12 ans puis les 5 ans de son parcours d'adolescente placée.

L'histoire débute quand l'auteure a 2 ans et demi, c'est une enfant plutôt précoce, son père lui  achète alors un piano, en même temps sa mère accouche d'une petite fille prématurée et hémiplégique. A partir de ce moment-là dans cette famille, sa mère est monopolisée par les soins au bébé et son père s'occupe quasiment exclusivement d'elle et se met en tête qu'elle deviendra pianiste. Elle est plutôt douée et elle aime l'attention que lui porte son père elle se plie à ses exigences de répétitions. Insidieusement, la famille se scinde en deux. On peut parler de clivage familial. La famille déménage en Allemagne, Céline a 5 ans elle a un nouveau professeur de piano  qui pense que «  le châtiment soit le seul mode d'éducation » (page 21). Cela conforte son père dans sa dureté et les répétitions journalières s'allongent, plus de 4 heures et cela s'accompagne d'un système punitif de plus en plus pervers. Les premiers coups de ceinture arrivent, les premières privations de repas et sa  terreur de mourir s'installe. A 6 ans, nouveau déracinement et retour en France dans un petit village. Son père est un notable, il dirige une usine et de nombreux habitants du village sont ses employés. A l'école elle est isolée. Elle a un nouveau professeur de piano; celui-ci a beaucoup d'ambition pour elle, il veut qu'elle passe des concours. Cela entraine de plus en plus d'exigences de perfection chez son père et donc une montée en puissance du nombre d'heures de répétition des humiliations, des coups physiques, des vexations, des privations, la déscolarisation et l'enfermement. Elle  réussit cependant son premier concours. Elle demeure aussi une bonne élève et aucun des adultes qui l’entourent ne voit son calvaire. Sa mère durant tout ce temps ne s'opposera jamais directement à son mari,  elle essaie d'atténuer les effets de la maltraitance, une complicité demeure entre elles, elle l'aidera à survivre. Durant toute sa scolarité au primaire, la maltraitance va se poursuivre, elle devra s'appliquer au piano des heures durant, elle commence à mettre en place des rituels pour conjurer ses terreurs. Puis c'est l'entrée au collège. Elle vit toujours chez elle cette maltraitance mais au collège elle est aussi maltraitée par les autres élèves, par les professeurs qui ne savent pas voir sa souffrance. Seul un autre élève est sensible à sa souffrance, il devine son martyr, et lui fera comprendre à travers une activité cinéma. Elle se tait toujours, se plie aux exigences paternelles et subit toujours plus de violence. Le pire restera cette parole terrible « tu es pire qu'un chien » (page 72).  Un autre concours arrive elle y fait une performance inespérée et verra pour la première et unique fois de la fierté dans le regard de son père. Mais cette réussite entraine encore plus d'exigence chez son père, elle travaille son piano jusqu'à l'épuisement, son père s'acharne à détruire tout ce qu'elle aime pour la punir de ses imperfections « je t'aurai .Tu en crèveras, mais je t'aurai » (page 88). Au milieu de cette violence son père certaines nuits vient sans un mot s'allonger auprès d'elle, ce qui accentuera sa terreur, son sentiment d'insécurité totale. Et c’est à nouveau le temps d'un concours et c'est une réussite. Elle est alors en 3ème et décide de résister à son père en décidant d'arrêter de manger, sa  mère informe aussi pour la première fois son professeur de piano, celui-ci décidera simplement alors d'arrêter les cours. Et à nouveau un déménagement pour l'entrée au lycée cette fois-ci à Paris. Un nouveau professeur de piano, celui-ci aussi a beaucoup d'ambition pour elle et acceptera pour cela d'être complice de son père. Deuxième acte de résistance, pour la première fois au lycée elle signale sur sa fiche scolaire  qu'elle fait plus de 45 heures de piano par semaine. La  première adulte alors à se préoccuper réellement pour elle est l'infirmière scolaire. Sa bienveillance la touche et elle commence à parler. Elle décide de montrer ses hématomes après un épisode d'hospitalisation suite à un coup plus violent où les médecins ne diagnostiquent pas la maltraitance mais l'accuse de manipulation. Son anorexie est bien installée, la violence de son père est à son paroxysme et elle s'enfuit de chez elle un jour de plus grande violence. Le processus de signalement s'enclenche alors.

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