Sciences de l'éducation.

De nos jours, nos appareils photos et portables contiennent de plus en plus de clichés de nous-même pris (justement) par nous-même. Ces clichés sont appelés « selfies ».

Mais qu’est-ce que le selfie ? Il s’agit d’une déclinaison de l’expression anglaise « self » désignant « soi ». D’après l’encyclopédie de la web culture, le selfie désigne le fait de se prendre en photo avec un téléphone portable ou un appareil photo dans le but de publier celle-ci sur les réseaux sociaux. Le selfie est un type d’autoportrait « post-moderne ». L’art de l’autoportrait n’est pas nouveau mais les réseaux sociaux l’on démocratiser afin qu’il soit plus facilement accessible à tous. Effectivement, la différence entre l’autoportrait d’avant et celui d’aujourd’hui se trouve dans la facilité avec laquelle on peut le réaliser. Depuis 2012, le mot « selfie » c’est peu à peu banaliser et est entré dans le vocabulaire courant, il a été utilisé plus d’une dizaine de milliers de fois sur les réseaux sociaux (Instagram, Facebook…). Malgré cela, les selfies font débat sur la toile, ils agacent. Selon certaines personnes ils ne sont qu’un « concentré d’égocentrisme et de narcissisme ». Alors, finalement, ces selfies, si populaires dans le monde, sont-ils un simple mode de communication ou un réel danger virtuel ?

Partie I – Historique

Premièrement, rappelons que l’autoportrait ne date pas d’aujourd’hui. En effet, beaucoup de photographes et de peintres ont participé à l’élaboration d’autoportraits. Celui-ci étant de nos jours connus sous le nom de « selfies », a été enregistré pour la première fois dans les années 1914. Néanmoins, il est davantage connu aujourd’hui à cause de sa massification. Effectivement, l’évolution des technologies et l’apparition de l’IPhone 4 ont favoriser la popularisation des selfies. De plus, les réseaux sociaux ont également favorisé la démocratisation du selfie avec de nouvelles applications comme Instagram ou encore Snapchat. Véritablement, près de 56 millions de selfies sont nombrés sur Instagram avec l’hashtag #selfie.                   

Depuis l’installation de caméras avant sur les nouveaux smartphones, on s’aperçoit que le selfie fait un véritable ravage. En effet, ce phénomène est devenu indiscutable puisque 52% des femmes et 50% des hommes ont déjà, dans leur vie prit un selfie.

Ce récent mode de communication est en réalité un moyen d’expression libre et permet d’éternisé des souvenirs de notre vie. Selon un communiqué de Samsung, 30% des photos faites par des personnes ayant entre 18 et 24 ans, sont des selfies. Un chiffre considérable qui permet de constater sa montée en puissance ces dernières années. Cette venue de masse est le résultat à la fois à l’élan des nouveaux smartphones et réseaux sociaux, et principalement à ceux consacrés à la photographie, tel que Pinterest, Instagram, qui concentrent entre 70 et 130 millions d’inscrits.        

Partie II – Un simple mode de communication *****…

Les personnes prennent des selfies pour diverses raisons (immortaliser un moment, se remémorer un instant où ils se trouvent « beau » …) Ils cherchent à garder une souvenir d’un moment de leur quotidien plus ou moins important dans le but de le partager, de le communiquer avec d’autres personnes.

Des études ont démontré qu’un des besoins primaires de l’être humain consiste à se connecter à d’autres personnes. Ces besoins primaires ont énormément évolué à travers les époques. A l’heure actuelle, selon la théorie de la pyramide de Maslow, certains de nos besoins primaires (besoins physiologiques et de sécurité) sont désormais acquis. Les personnes cherchent à assouvir leur besoin de reconnaissance, d’attention et d’appréciation de leurs pairs. Le selfie illustre alors cette théorie car c’est un moyen de se créer une image, une identité pour se montrer aux autres de manière désirée et réfléchie sur les réseaux sociaux. D’après Pamela Rutledge, psychologue et directrice du Centre de recherche de psychologie média américain, l’envie de prendre un selfie et de le poster, vient tout simplement de l’objectif d’en obtenir un « j’aime ». Les jeunes vont alors vivre une dualité de situation avec ce que l’on connait comme le réel et ce qu’on aime : le virtuel (DELEUZE et LEVY).

De plus, certaines personnes ont besoin de partager leur selfie à travers les réseaux sociaux ou leur proche entourage, sans même se soucier des personnes qui pourraient le voir (comme son employeur, ou ses parents).  Selon Rutledge, lorsque cela est fait de façon réfléchie et rationnelle, prendre un autoportrait peut vraiment permettre de trouver confiance en soi. Puisque le selfie peut répondre à certaines nécessités, il redonne confiance à l’individu, notamment lorsqu’il reçoit des compliments après l’avoir posté. 

Pour les filles, les selfies renvoient à une multitude de détails, de l’ordre de l’intime, on parle de « l’extimité » (Serge TISSERON, d’après LACAN). Il y aurait quelque chose de pulsionnel dans l’idée de se montrer, s’exhiber, le rapport au corps est très important. Le numérique et plus particulièrement les selfies sont de merveilleux terrains pour laisser aller cette pulsion de l’extimité. Nous sommes tous un peu exhibitionnistes et voyeurs. On peut être vu sans être touché, le selfie met une intermédiation qui fait qu’il y a un intermédiaire entre la fille et le garçon. Il permet aux jeunes filles de s’exhiber sans prendre le risque d’être touché.  Il développe l’intimité du réel par le virtuel. Chez les garçons, les selfies renvoient surtout à mettre en ligne leurs exploits de garçons, ils l’utilisent beaucoup moins que les filles.  

De ce fait, les réseaux sociaux mettent tout en œuvre pour attribuer une place importante à ces selfies. Snapchat est un excellent exemple car son succès repose essentiellement les prises de selfies. Effectivement, de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ne jurent que par Snapchat pour communiquer constamment et directement avec leurs amis. Ils y retrouvent un sentiment d’intimité.

 De plus, cette pratique universelle du selfie semble être entrée dans les mœurs car « même des célébrités s’y mettent afin de devenir encore plus populaires et de toucher de plus en plus de public », explique André Gunthert, enseignant chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Ils informent, communiquent en temps réel avec les personnes qui les suivent, cette pratique est une vraie aide en matière de publicité et permet à la fois de contrôler son image.

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