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« Entre résistance et adaptation. La place de la langue Ouïghoure dans l’espace sinisé de Ürümchi »

Commentaire de texte : « Entre résistance et adaptation. La place de la langue Ouïghoure dans l’espace sinisé de Ürümchi ». Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  4 482 Mots (18 Pages)  •  285 Vues

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Giulia Cabras, « Entre résistance et adaptation. La place de la langue Ouïghoure dans l’espace sinisé de Ürümchi », Perspectives chinoises, 2017/4 | 2017.

Mots clés : Anthropologie linguistique, Chinois, Communauté Ouïghoure, Commutation de code, Contact des langues, Ürümchi, Communauté ouïghoure, Langue Ouïghoure, Usages langagiers, Politiques linguistiques, Relations interethniques.

INTRODUCTION

Cet article a été publié en 2017 dans la revue « Perspectives chinoises » et est issu de la thèse de Julia Cabras qu’elle a soutenu la même année. Cette thèse est une étude de cas sur la communauté linguistique Ouïghoure de la ville d’Ürümchi et à pour but d’analyser la commutation de codes linguistiques entre la langue Ouïghoure et la langue chinoise. Julia Cabras effectue notamment ses recherches à l’INALCO et donne des conférences à l’académie des sciences de la République Tchèque.

La communauté des Ouïghours est une des minorités les plus représentées en Chine. En effet, ce peuple qui représentait un peu plus de 10 millions de personnes sur le territoire Chinois en 2010, connaît une position géographique principalement située dans la région autonome Ouïghoure du Xinjiang. Ce peuple turcophone, est à l’origine issu d’une petite région entre la Mongolie et la Russie, que proclamèrent la Russie et l’Angleterre, république du Turkestan Oriental entre 1944 et 1949. Par la suite, cette région fut annexée par les Chinois et renommée Ouïghourstan. Si cette ethnie principalement musulmane Sunnite, a connu une délocalisation, c’est en partie à cause du lien qu’a tenté d’établir la république populaire chinoise avec les élites locales durant les conflits entre la Chine et le Tibet. Rappelons qu’en 1950, l’armée populaire de libération (armée fondée par le parti communiste chinois dans le but de combattre le parti Kuomintang qui régna jusqu’en 1949) envahissait le Tibet qui débutait la campagne du parti communiste dans le but d’avoir le contrôle sur le territoire Tibétain. Lors de cette période, les Ouïghours étaient les principaux alliés de la Chine dans la conquête de l’empire du Tibet. Par la suite, la communauté descendit plus au Sud du territoire pour devenir une des minorités les plus représentées dans la région du Xinjiang. Selon le dernier recensement, publié en 2021, la région compte un peu plus de 25 millions d’habitants dont un peu plus de 11 millions de Ouïghours et 10 millions de Hans. L'ethnie des Hans est la principale ethnie présente en Chine : elle constitue environ 92 % de la population chinoise au début du XXIe siècle. En raison de cette domination démographique, ils sont souvent considérés par le sens commun comme étant le « peuple chinois » en se distinguant des nombreuses ethnies minoritaires pourtant, elles aussi, de nationalité chinoise. Ces deux nationalités parmi les 56 qui composent la Chine, sont celles qui dominent démographiquement le territoire du Xinjiang. Cependant ces chiffres qui sont extrêmement rapprochés ne l’étaient pas autant auparavant. Ces chiffres permettent de faire un lien avec l’évènement récent et actuel auquel fait face la communauté à savoir un ethnocide. Cet évènement dramatique sur lequel les médias n’y ont mis la lumière que très récemment, peut expliquer les chiffres évoqués juste avant. Les autorités locales ont déclaré une augmentation de près de 25% du peuple des Hans en l’espace de 10 ans, entre 2010 et 2020, ce qui paraît presque impossible. En effet, ces chiffres ont été remis en cause par les chercheurs indépendants, et peuvent expliquer la volonté du pouvoir chinois de vouloir affaiblir démographiquement l’ethnie des Ouïghours. Ces chiffres sont aussi le reflet des accusations qui sont portées à l’égard de l’État, sur le placement des personnes appartenant à cette minorité dans des camps de travail au sein desquels ils sont soumis au travail forcé et réduit à une sorte d’esclavage moderne. Enfin, ce qu’il faut principalement retenir c’est que les Ouïghours sont une minorité majoritaire aux Xinjiang et sont d’ailleurs l’objet d’étude dans l’article de Guilia Cabras cité ci-dessus que nous tenterons de commenter.

PRÉSENTATION DU CONTEXTE : LA VILLE D’ÜRÜMCHI

Ürümchi est la capitale de la région autonome Ouïghour du Xinjiang. Cette ville, n’était qu’une simple zone de passage pour les peuples nomades, notamment les Ouïghours. Elle n’a pas été un point très stratégique pour la fameuse route de la soie, et c’est aussi pour cela qu’elle n’est pas considérée comme un élément déterminant dans l’ethnogenèse du peuple Ouïghour. La ville de Ürümchi a déjà fait l’objet de nombreuses études, malgré que l’ethnie des Hans soit majoritairement représentée, puisqu’elle représente près des trois quarts de ces habitants, on y retrouve aussi d’autres minorités, principalement celle des Ouïghours. Cette diversité ethnique, nous permet donc d’étudier les relations entre ces différentes minorités afin d’effectuer des comparatifs, mais aussi d’observer les effets de la modernisation chinoise sur les relations qui y sont établies. Cette ville qui compte près de 2 millions d’habitants recensés en 2010, illustre parfaitement cet effet de modernisation mis en place par l’État chinois puisqu’elle connaît depuis quelques années une prospérité sociale et économique. La petite province qu’était Ürümchi est donc devenue une ville dynamique dans laquelle on peut retrouver tout ce qui constitue les grandes villes telle que Shanghai ou Pékin avec des édifices à l’architecture moderne et qui représente, comme ces deux villes, des enjeux financiers importants.

Dans le contexte d’une ville en pleine expansion, différentes situations mènent les acteurs faisant tous partie de multiples communautés à avoir des « relations ethniques intenses » comme les qualifies Giulia Cabras. En effet, si on prend l’exemple des relations entretenues entre les Ouïghours et les Huns, minorités dominantes au Xinjiang, on remarque que celles-ci sont amenées à entrer en contact très souvent que ce soit dans le cadre professionnel, scolaire, ou commercial.

OBJET ET INTÉRÊT DE L’ÉTUDE

Tout cela nous amène à l’objet de cet article ; l’auteure a souhaité étudier les réactions des Ouïghours face à toutes ces réformes, en utilisant comme indicateur la langue qu’elle estime être un « élément emblématique » pour permettre de mieux les comprendre. L’article a été publié lors d’une période qu’on pourrait qualifier

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