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Santé Des Salariés

Commentaire d'oeuvre : Santé Des Salariés. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 851 Mots (12 Pages)  •  468 Vues

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Si le travail c’est la santé, alors laissons-le aux malades ! » ironisait un anonyme en

écho à la chanson1. Mais, la réalité est loin d’être aussi simple et la perspective aussi radieuse.

Il suffit de se rappeler les victimes de l’amiante. Pas un gouvernement n’aura cette chance

d’accomplir le miracle en dénouant d’un unique coup de baguette magique, problèmes de

chômage et santé publique ! Nombreux sont les spécialistes de la santé au travail bien placés

pour le savoir. Pire, l’individu qu’il soit au travail, en retraite ou sans emploi, entretient des

relations très complexes entre sa santé et son activité professionnelle quand ce n’est pas entre

sa santé et la privation de travail.

Les facettes de cette relation singulière sont multiples. La définition des déterminants

sociaux et environnementaux de la santé au travail recouvre une variété illimitée de facteurs,

une réalité multidimensionnelle à la fois dans les causes de dégradation de la santé et dans

leurs conséquences. Difficile de mettre sur le même plan un accident du travail ou une

maladie professionnelle imputable, du moins en apparence, à la dangerosité physique,

mécanique ou chimique d’une activité, d’une part, et des pathologies due à un terrain

individuel propice, d’autre part, c’est à dire à une fragilité physiologique ou psychologique

inhérente à la personne ou résultant d’un climat relationnel pathogène. Dans le premier cas, la

relation de cause à effet peut être établie de manière tangible selon une corrélation

directement somatique, « objectivée » et répertoriée administrativement ce qui est rassurant

pour le fonctionnaire du système de santé publique. Dans le second, la subjectivité ou

l’ambiguïté du diagnostic domine à travers une combinaison de facteurs qui ne peut se

permettre d’exclure la dimension psychologique. La démarche renvoie alors à une notion

d’environnement bien plus délicate à saisir et à des conduites de prévention encore plus

exigeantes quand elles ne sont pas difficiles à mettre en oeuvre ; approche qui suppose une

attitude encore neuve en France. Si l’on ajoute à cela le fait que les implications sociales,

économiques et politiques ne sont pas exactement de même nature selon que l’on va ou non

jusqu’à considérer une structure sociale comme une forme d’environnement, on comprendra

mieux l’inertie qui a prévalu en ce domaine. La collectivité, pourtant, ne gagnerait-elle pas à

ce qu’une politique de santé publique s’inspire de la malicieuse sagesse de ce proverbe persan

pour lequel aucune des trois choses suivantes ne s’obtient grâce aux trois autres : « la richesse

grâce au désir, la jeunesse grâce au fard, la santé grâce aux médicaments? »

Invitation à peine voilée à une politique de prévention que les autorités ont admise depuis

plusieurs décennies mais qui met du temps à s’imposer dans les faits. Cette ère nouvelle en

matière de redéfinition des politiques de santé publique nous la devons d’abord au

développement de l’épidémiologie qui a permis d’identifier des facteurs à risques de maladie

- notamment le cancer - contre lesquels on disposait de peu de moyens thérapeutiques.

L’apparition de nouvelles maladies, à l’image du sida, contre lesquelles aucun traitement

curatif n’a pu être trouvé a favorisé ensuite l’affermissement de toutes les conduites publiques

1 Chanson d’Henri Salvador.

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de prévention (campagnes anti-tabagismes, loi sur la protection des non-fumeurs, publicité en

faveur du préservatif, sans parler du port obligatoire de la ceinture en voiture). Mais, on ne

peut que constater encore combien notre système de santé publique a fondamentalement été

pensé dans une optique curative. La prévention liée à l’attention portée à l’environnement

n’est pourtant pas une idée neuve. Durant l’été 1854, alors qu’une épidémie de choléra

ravageait Londres, J. Snow, auquel on doit l’expérience fondatrice de l’épidémiologie, eut

l’idée de comparer le taux d’incidence des cas de choléra parmi les utilisateurs d’une eau

pompée en amont ou en aval d’un égout se jetant dans la Tamise, et, à partir de cette

observation d’un risque relatif résultant d’études statistiques comparatives, fit fermer la

pompe fautive. Ainsi put-il faire arrêter l’épidémie sans la moindre idée du mécanisme de la

maladie. L’action a seulement été initiée à partir d’un raisonnement statistique. Pour satisfaire

à cette redéfinition des conduites sanitaires suggérée par notre proverbe iranien, un seul

moyen : une audacieuse prévention en matière de santé. Les Chinois anciens le savaient bien,

qui ne payaient leurs médecins que tant qu’ils avaient la santé.

L’équipe de recherche à l'origine du présent rapport a, sans hésiter, saisi l’opportunité qui

s'offrait

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