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Critique de l'interculturel : L’horizon de la sociologie.

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Par   •  24 Mai 2018  •  Dissertation  •  6 165 Mots (25 Pages)  •  920 Vues

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Ouvrages sélectionnés :

DEMORGON J. Critique de l’interculturel : L’horizon de la sociologie. Paris : Economica, Anthropos, 2005

LADMIRAL, J.R. et LIPIANSKY, E.M.  La communication interculturelle. 4e éd. Paris : Armand Colin,

INTRODUCTION

Notion multivoque qui échappe à tout définition, l’interculturel fait l’objet de nombreuses remises en question, tant vis-à-vis de l’idéal qu’il projette que des relations qu’il implique. Les deux ouvrages choisis dans le cadre de cet essai critique, Critique de l’Interculturel de Jacques Demorgon et La Communication interculturelle de Jean-René Ladmiral et Edmond-Marc Lipiansky, offrent en ce sens des angles d’attaque particulièrement pertinents, en ce qu’ils tentent de cerner la notion via deux approches distinctes : principalement théorique pour J.Demorgon et davantage empirique pour Ladmiral et Lipiansky. De ces divergences méthodologiques naissent également des différences d’échelle : la notion d’interculturel doit, pour Demorgon, être perçue à l’échelle macrosociologique tandis que Ladmiral et Lipiansky privilégient la microsociologie. La notion d’interculturel se situe également au carrefour des disciplines : si Demorgon parle d’un “horizon de la sociologie” et crée pour l’analyser le concept de “sociétologie”, Ladmiral et Lipiansky utilisent des outils allant de l’observation participante sociologique à la psychologie, ou à la linguistique.

Réunir ces deux ouvrages, c’est donc percevoir l’interculturel dans sa multiplicité et dans la richesse de sa diversité ; mais c’est également tenter de fuir les approximations, les généralités qui entourent cette notion et qui la rendent si complexe à définir. Le présent essai critique ne tentera toutefois pas d’établir une définition opératoire de l’interculturel, les auteurs étudiés ne s’y étant pas eux-mêmes aventurés. En utilisant, d’une part, un ouvrage qui se penche sur la nature de la notion, et d’autre part un livre consacré à ses applications directes, l’analyse conjointe de ces études permettra de délimiter la notion, à défaut de la définir.

De plus, la vision de la communication interculturelle présentée dans Critique de l’Interculturel offre une perspective nouvelle : celle d’une communication méso voire macrosociologique. Pour Demorgon, la communication à l’échelle individuelle ne représente que la partie émergée de l’iceberg. Il est intéressant de confronter à ce point de vue celui de Ladmiral et Lipiansky, qui ont fait de l’étude des rapports individuels un point central de leur réflexion. L’analyse de la communication constitue, dans le cadre de l’étude de l’interculturel, plus qu’un exemple : elle illustre de manière concrète le concept d’interculturel et lui donne corps. C’est ce que la confrontation de ces deux ouvrages permet de démontrer : l’interculturel se situe dans un entre-deux, à mi-chemin entre theoria et praxis, rendant d’autant plus pertinent l’affrontement des points de vue des auteurs.

Cependant, en confrontant La Communication Interculturelle à la Critique de l’interculturel, il est nécessaire de constater l’existence de convergences, réelles ou éventuelles. Il est en effet possible d’appliquer certains des concepts élaborés par Demorgon à des situations décrites par Lipiansky. Loin de se contredire en tous points, les deux ouvrages ont des visions moins antagonistes que complémentaires de l’interculturel.

Synthèse

DEMORGON J. Critique de l’interculturel. L’horizon de la sociologie. Paris : Economica, Anthropos, 2005

L’ouvrage de Demorgon part d’un postulat simple mais essentiel : l’existence d’un manque de réflexion autour de l’interculturel. La notion, utilisée sous sa forme adjectivale, prolifère au sein des conférences et titres d’ouvrages, mais sa forme substantivée demeure peu définie, voire absente de la plupart des dictionnaires. A partir de ce constat, Jacques Demorgon distingue deux formes de l’interculturel : l’interculturel volontaire, celui prôné par les entreprises, par les Etats et les institutions, ou encore par les populations elles-mêmes. Cet interculturel volontaire est pour Demorgon une étiquette sur le réel, qui occulte la réalité de la seconde forme de l’interculturel : l’interculturel factuel. Celui-ci est fondamental, premier : il préexiste à toute forme de relation humaine, il est omniprésent et régit les rapports non seulement entre individus mais aussi, et surtout, entre sociétés.

En quoi l’ouvrage de Demorgon parvient-il à renouveler l’approche de l’interculturel ?

        Réinventer l’interculturel

Demorgon prône donc le développement d’une nouvelle discipline, qu’il appelle sociétologie, dans le but d’appréhender l’interculturel factuel. Il constate l’absence de toute perspective d’analyse macrosociologique qu’il juge pourtant être la plus pertinente pour ce qui est de l’interculturel. Il adopte donc une méthodologie particulière qui lui permet à la fois d’affirmer ses propres principes et de déconstruire les prénotions quant à l’histoire et la sociologie de l’interculturel : sa manière de procéder est essentiellement déductive. Il élabore ainsi de nombreux concepts — comme la transduction, l’intérité ou l’interculturation —, ou enrichit certains concepts préexistants — l’acculturation, l’adaptation antagoniste, l’articulation— qui permettent peu à peu d’apporter une certaine précision à la notion d’interculturel.

        Rupture méthodologique, continuité conceptuelle

L’auteur centre sa réflexion sur les travaux de plusieurs auteurs canoniques — Herskovitz, Weber, Élias, Polanyi, Sapir — en enrichissant leur pensée et en l’appliquant au concept d’interculturel. Sa méthode sociétologique invite à repenser les grands modes d’évolution de l’humanité, non pas en termes de seuls affrontements et d’altérité, mais en considérant ceux-ci au même titre que les convergences fondamentales et les traits communs de nos sociétés. Il utilise pour cette analyse les notions de formes de sociétés et de secteurs d’activités, outils conceptuels récurrents qui lui permettent de comparer les sociétés et d’analyser leur évolution, à l’instar d’une méthode structuraliste.

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