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Commentaire de texte antigone

Cours : Commentaire de texte antigone. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2019  •  Cours  •  858 Mots (4 Pages)  •  709 Vues

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   Tout d’abord, que ce soit au sujet de l’amour ou du bonheur, Antigone et Créon révèlent des opinions diamétralement opposées. En effet, Créon revendique un bonheur réaliste, par opposition à Antigone qui, elle, en a une vision beaucoup plus idéaliste. Créon est ainsi un personnage très terre à terre, qui part du constat que la vie est éphémère avec la phrase «c’est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir» (l.5-6) où la comparaison entre l’eau et la vie pourrait rappeler le temps qui coule, file. De plus, l’emploi du présent de vérité générale accompagné de la répétition du terme «c’est» dans «la vie c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à nos pieds»(l.8) montre bien que l’homme est sûr de sa pensée, à savoir que le bonheur est «une petite chose dure et simple»(l.7), une chose concrète que l’on retrouve à travers quatre mots clés : lecture, famille, travail dans «un outil qu’on tient bien dans sa main»(l. ) et foyer dans «devant sa maison». Créon se contente donc du peu que la vie lui offre et refuse toute idéalisation du bonheur comme le décrit l’avertissement «la vie n’est pas ce que tu crois»(l.5), où encore une fois le présent de vérité générale montre qu’Antigone a une conception du bonheur qui n’est clairement pas la bonne. C’est une vision effectivement opposée et beaucoup plus idéaliste du bonheur, qui se traduit par exemple dans l’exclamation «moi je veux tout, tout de suite - et que ce soit entier - ou alors je refuse !», où Antigone exprime son exigeance, voire son intransigeance qui n’admet aucun compromis : pour elle, le bonheur c’est tout ou rien. Elle ne veut pas d’un bonheur simple et insignifiant, ni d’une petite chose à «grignoter»(l.7) comme «des chiens», mais d’un grand bonheur. Par ailleurs, la jeune femme assume pleinement son manque de modestie à travers sa phrase «Je ne veux pas être modeste, moi»(l.39) et montre qu’elle en veut beaucoup, vraiment beaucoup. Elle dénigre notamment la façon dont le bonheur dont Créon fait l’éloge est obtenu en utilisant des termes péjoratifs : ce n’est que le fruit d’actes douteux, presque hypocrites, de «pauvetés» qu’il faut faire «jour par jour»(l. ), se résumant tantôt à «mentir», tantôt à «sourire», «se vendre» ou «laisser mourir» quelqu’un en «détournant le regard», et qui plus est on n’obtiendrait ce bonheur seulement «si on est pas trop exigeant»(l.38) ou si on a été «bien sage»(l.40). Encore, dans sa réplique sur son amour pour Hémon, Antigone fait très clairement comprendre que si ce dernier se laisse atteindre par cette sorte d’amoindrissement, cette usure que provoque le bonheur de Créon, elle ne l’aimera plus. Finalement, l’exclamation «Vous me dégoutez tous avec votre bonheur !», ainsi que les oppositions répétées entre les pronoms personnels sujets «je» et «vous» sonne comme une généralisation qui fait ressortir la singularité de la jeune femme et qui confirme cette idée d’une Antigone aux opinions biens opposées à celle de Créon.  

   Enfin, les nombreux différends entre Créon et Antigone ne pourraient être que le fruit d’un sérieux conflit de génération entre eux. En effet, on retrouve d’un côté la «petite Antigone», comme elle se qualifie elle-même, véritable image de la Jeunesse dont on retrouve le caractère exigeant, fougueux et indomptable, tandis que de l’autre se révèle un Créon plus âgé, mais non moins sûr de la maturité et de la sagesse que lui procure son âge avancé. Dans l’extrait, Créon prend presque le rôle d’un moraliste, d’un sage en comparaison des «jeunes gens», expression qui rendorce néanmoisn son détachement fasse à cette jeunesse dont il ne fait pas, ou plus, partie. Par exemple, dans sa phrase «J’aurais fait comme toi à vingt ans»(l.3), il tente à l’aide d’une comparaison, de créer un lien de complicité entre lui et Antigone en évoquant une jeunesse qu’il a eu de semblable à la sienne et dont il connaît le caractère indisciplinable. Toutefois, cette tournure ne fait que renforcer l’écart d’âge qui les séparent : Créon paraît pardonner l’ardeur d’Antigone en la mettant sur le compte de sa jeunesse, de ses «20ans». Aussi, l’adjectif indéfini «toute» dans «Tu as toute ta vie devant toi» (l.1) et l’adverbe «encore» dans «Tu as ce trésor, toi, encore»(l.1), où pointe une certaine nostalgie, insistent sur le fait qu’il est indéniable que Créon est âgé et n’a plus beaucoup de temps devant lui au contraire d’Antigone, qui, elle, a encore ce «trésor». La jeune femme s’identifie à la jeunesse en dénigrant la vieillesse de Créon et marquant le fort écart d’âge entre eux avec, par exemple, sa phrase «Royaume où vous ne pouvez plus être avec vos rides». Ainsi, avec l’énumération «vos rides, votre sagesse, votre vente» qui rejoint l’expression «tous ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi», elle dresse un tableau peu flatteur du physique de Créon, à savoir un homme vieux, ridés et gras, jusqu’à remettre en question la légitimité de son statut de Roi. C’est pourquoi nous pouvons bien affirmer que la forte différence d’âge entre Créon et Antigone joue un rôle majeur dans leurs divergences.  

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