Sociologie de la vieillesse et du vieillissement

“Sociologie de la vieillesse et du vieillissement” 

VINCENT CARADEC 

Vincent Caradec est professeur de sociologie à l'université de Lille. C'est un spécialiste de la sociologie du vieillissement, Il est à l'origine de nombreuses recherches sur les transformations des modes de vie liés à l'âge. Les relations intergénérationnelles et les politiques du vieillissement. 

Cet ouvrage est une synthèse des principales approches sociologiques du vieillissement. Il interroge la vieillesse comme construction sociale et analyse les processus par lesquels les individus vivent et négocient leur avancée en âge. L'auteur s'intéresse particulièrement aux mécanismes de fragilisation sociale et aux stratégies d'adaptation développées par les personnes âgées. 

L'auteur aborde l'historique des représentations de la vieillesse, L'émergence de la catégorie “personnes âgées” et les processus de catégorisation et de stigmatisation. 

Il décline les approches théoriques du vieillissement, Les inégalités sociales qui en découlent, les transitions et les ruptures biographiques qui affectent le parcours des personnes. 

Il aborde le sujet de l'évolution des réseaux sociaux avec l'âge, de la réorganisation des relations familiales, de l'isolement social et de la solitude. 

Il traite des enjeux du maintien à domicile (mention du rapport Laroque P 19), du processus d'entrée en institution, de la recomposition identitaire et de l'adaptation. 

Il reprend également les grandes lignes de l'évolution des politiques sociales du vieillissement et évoque les enjeux de l'autonomie et de la dépendance. 

L'auteur insiste sur l'hétérogénéité des parcours selon les trajectoires sociales, les ressources disponibles et les contextes de vie. 

Cette diversité des expériences de vieillissement permet de comprendre pourquoi certaines personnes âgées sont plus vulnérables au glissement.  

Vincent Caradec Conceptualise le vieillissement comme une succession de transitions : retraite, problèmes de santé, veuvage...  Chaque étape impliquant une nouvelle organisation du mode de vie et une évolution des relations sociales. 

Il démontre comment l'effritement progressif des sociabilités peut conduire à l'isolement et à la désocialisation. 

Il souligne l'importance d'une approche préventive qui prenne en compte les ressources mobilisables par les personnes âgées. 

Cet ouvrage offre une approche sociologique assez complète du phénomène de vieillissement et de ses conséquences. Toutefois la question du genre et aussi celle de l’impact des nouveaux modes de communication sur l’isolement des personnes âgées mériteraient d’être approfondies. 

CITATIONS : 

“Selon Martin Kholi (sociologue), Les sociétés occidentales, en entrant dans la modernité à partir de la fin du dix-huitième siècle, ont connu une nouvelle forme de régulation sociale davantage centrée sur les individus. Cette régulation s'est fondée sur un encadrement particulièrement rigide des existences individuelles basées sur l'âge chronologique. Les trajectoires de vie sont alors devenues bien plus standardisées qu'elles ne l'étaient avant” (P16). 

“Les sociétés occidentales conçoivent principalement le vieillissement sur le mode du déclin comme un processus de sénescence marqué par le ralentissement et l'affaiblissement des fonctions vitales et conduisant à la dépendance ... Les Meru du Kenya considèrent la vie comme un mûrissement continu, un accomplissement progressif de toutes les potentialités de l'être humain, celle-ci ne pouvant être pleinement atteinte que dans la vieillesse” (P 30). 

“La diffusion de l'éthique, de l'épanouissement de soi et le rattachement du 3e âge à l'âge adulte ont logiquement conduit à accorder aux retraités le droit à la sexualité. D'autre part, la montée d'une norme de tolérance dans les sociétés contemporaines amène à légitimer, au nom du droit de chacun à vivre sa vie comme il l'entend, les relations amoureuses à tout âge, même en maison de retraite” (P 34). 

“Lorsqu'elles sont prises en considération, les personnes âgées le sont sur le mode déficitaire” (P 36). 

“... Ces inégalités se sont trouvées renforcées par un ensemble de décisions favorables aux plus âgés qui ont été les grands bénéficiaires des redistributions de l'État-providence” (P 42). 

“Les solidarités familiales. Sont fortes et se traduisent par des transferts financiers des plus âgés vers les plus jeunes. Transferts commettent de prendre en compte les partisans de la comptabilité générationnelle... Louis Chauvel souligne que les aides familiales sont 20 fois plus faibles que les transferts publics et qu'elles ne sont pas des droits acquis : soumises aux bons vouloirs des donateurs, elles sont source de dépendance” (P 42). 

“Les personnes âgées constituent un ensemble fortement hétérogène dont il convient de pénétrer la diversité” (P 49). 

“La naissance d'un mouvement de défense des retraités. : ... Un autre facteur explique l'émergence de ce mouvement revendicatif : L'arrivée de nouvelles cohortes à l'âge de la retraite.. Les retraités et préretraités des années 1990 et 2000 appartiennent plus souvent aux classes moyennes et ont un niveau d'instruction plus élevé que les générations précédentes. Davantage influencés par les valeurs individualistes et post matérialistes, ils ont une moindre déférence à l'égard des autorités instituées et sont plus attachés aux valeurs de participation des citoyens” (P 65). 

“Être mobile alors de la retraite tente aussi à s'imposer comme une norme, ceux qui ne parviennent pas à s'y conformer pour des raisons économiques ou de santé se sentent laissés pour compte et assignés à résidence” (P 71). 

“D'autres travaux ont porté sur les personnes au-delà de 80 ans, qui sont loin d'être toutes dépendantes mais tendent à devenir fragiles. Du fait de l'affaiblissement de leur réserve physiologique. Ces travaux permettent, tout en soulignant la grande diversité des situations, de dégager les grandes tendances des modes de vie des personnes très âgées : le repli sur l'espace domestique et la baisse de sociabilité. L'avancée en âge se traduit tout d'abord par un repli sur l'espace domestique. Difficulté physique et moindre goût pour l'extérieur se combine pour expliquer que les sorties se fassent moins nombreuses, que l'espace parcouru se réduise et que le domicile soit de plus en plus valorisé. Parallèlement, le rythme des activités quotidiennes se fait plus rigide, souvent scandé par des émissions de télévision et de radio” (P 74). 

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