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Les « deux méthodes » : discours de Jean Jaurès à propos de la controverse qui l’oppose à Jules Guesde

Commentaire de texte : Les « deux méthodes » : discours de Jean Jaurès à propos de la controverse qui l’oppose à Jules Guesde. Recherche parmi 303 000+ dissertations

Par   •  17 Octobre 2025  •  Commentaire de texte  •  2 084 Mots (9 Pages)  •  11 Vues

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Coraline THEVENET

IVPF – Commmentaire de texte de la séance 4

Texte 4 - 1900. Les « deux méthodes » : discours de Jean Jaurès à propos de la controverse qui l’oppose à Jules Guesde

        Au cours du XXe siècle, le France de la IIIe république (1870-1940) se retrouve au cœur de crises politiques et sociales marquées par un enracinement progressif de la République. Dans les années 1880 à 1890, on observe une montée du nationalisme et de l’antisémitisme en Europe, comme ce fut le cas avec l’affaire Dreyfus, à l’époque source de clivage en France entre dreyfusards (don Jean Jaurès) et anti dreyfusards. Officier juif accusé à tort de trahison en 1894, son procès s’avère être un complot nationaliste et antisémite au sein de l’armée. Puis, l’arrivée d’Alexandre Millerand, socialiste issu du parti républicain socialiste au gouvernement Waldeck- Rousseau, ministère bourgeois est également une source de clivage politique entres socialistes réformistes et révolutionnaires. Si Jaurès opte pour un discours pragmatique basé sur l’alliance avec les fractions bourgeoises, Guesde prône une opposition à la bourgeoisie qu’il justifie par la lutte des classes.

C’est de ce clivage que naît, en 1900 « Les Deux méthodes », allocutions prononcées opposant Jean Jaurès, journaliste fondateur du journal L’Humanité, homme politique français républicain et socialiste indépendant et Jules Guesde, homme politique socialiste fondateur du parti ouvrier français. Le texte soumis à notre étude est une retranscription du discours de Jean Jaurès, qui met en avant les origines des divergences avec Guesde et de nombreux débats autour du socialisme. Il s’adresse ainsi à JuleS Guesde et aux militants du Parti Socialiste.

Dès lors, il est légitime de nous demander en quoi le discours de J. Jaurès reflète-t-il des divergences au sein du mouvement socialiste en France ? Après avoir vu les origines de ces divergences, nous remarquerons que la participation ministérielle de Millerand est également une source de clivage  et nous finirons par démontrer que Jaurès défend un alliance socialiste.

        Tout d’abord, la divergence « de méthodes » trouve son origine à travers plusieurs points : les deux figures du socialisme abordent différentes idéologies et différentes « méthodes », c’est en cela que Jaurès voit la naissance d’une querelle.

        En effet, les deux figures exposent une vision différente vis à vis de la conquête du pouvoir et de la stratégie politique : dès les premières lignes de son discours, Jaurès explique qu’il « ne s’agit pas d’une « misérable querelle personnelle ». Par ces mots, l’auteur légitime son discours et voit le débat comme une discussion nécessaire et bénéfique à l’avancée du socialisme.  Jaurès parle d’un « dissentiment de tactique et de méthode » (ligne 4, page 25) qui l’oppose à Guesde. J ; Jaurès est un socialiste dit réformiste, c’est à dire que selon lui, la prise de pouvoir passe par une stratégie parlementaire contrairement à Jules Guesde, qui se pense comme un socialiste « révolutionnaire » c’est à dire que la prise de pouvoir ne passe pas par une stratégie parlementaire, qu’il juge contraires aux valeurs socialistes et marxistes. C’est sur ce point fondamental que s’oppose ces figures socialistes de la IIIe République. Aussi « l’entrée d’un socialiste dans un ministère bourgeois » (ligne 7, page 25) est une grande source de clivage quant à la prise de pouvoir politique : comme évoqué précédemment, Jaurès y voit une forme d’avancée pour le socialisme (de part notamment un champs lexical de la gloire et du progrès qu’on retrouve plus tard au sein de son discours) tandis que J. Guesde voit ici une trahison de la part des socialistes, qui s’allient aux bourgeois (supposés comme étant l’ennemi du prolétariat, lui même défendu par le socialisme).

        Par ailleurs, de multiples évènements participent à créer des divergences entre les deux figures. C’est le cas premièrement avec la célèbre « affaire Dreyfus » (ligne 10, page 26) - qui accuse à tort Alfred Dreyfus, un membre de l’armée française et juif d’espionnage en faveur de l’Allemagne - que Jaurès mentionne également dès le début de son discours. Cette affaire est une réelle source de clivage puisque Jean Jaurès, assumé comme Dreyfusard y voit un combat au nom de la justice et des grands principes d’égalité défendus par le socialisme tandis que Guesde considère que les socialistes doivent essentiellement se concentrer sur la lutte des classes et ne pas se laisser distraire par la bourgeoisie. Un autre évènement vient renforcer ce clivage : celui de la participation ministérielle de Millerand, premier député socialiste à entrer dans le gouvernement de Waldeck – Rousseau (père fondateur de la loi sur les syndicats) sous la IIIe République, en 1899. Si Jaurès perçoit cet évènement comme « un signe éclatant de croissance » (ligne 39, page 26), Jules Guesde y voit en revanche une trahison de la part des socialistes qui serviraient les intérêts de la bourgeoisie. Cela permet de mettre en lumière la manière dont les idées politiques de ces deux figures sont liées aux contexte politique, et comment des évènements politiques peuvent être source de clivage politique.

        Ainsi, les divergences idéologiques de Jaurès et Guesde sont marqué par une méthode différente d’approche de la conquête du pouvoir et de la stratégie du pouvoir politique (avec le socialisme réformiste d’une part et le socialisme révolutionnaire d’autre part) mais également par des évènements politiques majeurs et clivants (ici l’Affaire Dreyfus et la participation ministérielle de Millerand au gouvernement Waldeck – Rousseau) La seconde partie de notre devoir mettra en évidence quelle justification est utilisée par Jaurès pour défendre une « alliance » à la bourgeoisie.

        Le parti socialiste, pour Jaurès, conserver sa lutte des classes et son caractère « d’opposition » mais doit également établir des priorités face à des menaces croissantes :« le Parti Socialiste doit toujours être un parti d'opposition. » (ligne 12, page 26). A travers ces termes, Jaurès tente de rassurer les guesdistes et remet en cause l’idée d’un rapprochement des bourgeois et d’un « oubli » de la lutte des classes et de la lutte contre le capitalisme, qu’il qualifie d’ailleurs « d’iniquité » (ligne 16, page 26). Jaurès prétend également que le socialisme doit établir une différence entre « les fractions bourgeoises les plus violemment rétrogrades » (ligne 28-29, page 26), il fait ainsi référence à la droite anti constitutionnelle qui mène des ligues (mouvements violents de rue anti-parlementaires et nationalistes) et les « celles qui veulent au moins sauver quelques restes ou quelque commencement de liberté. »  (ligne 30, page 26). Jaurès montre ici qu’il est nécessaire de prioriser l’ennemi en se tournant vers « le moins pire » . Il illustre d’ailleurs cette idée en comparant le ministère Méline (républicain conservateur) et le ministère Bourgeois (républicain progressiste) (ligne 30 à 35 page 26). Jaurès tente une nouvelle fois de rassurer les guesdistes en démontrant que sa stratégie tend à prioriser les combats vers l’ennemi le plus dangereux pour la République.

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