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Question sur l'ethique utilitariste et l’éthique de la responsabilité prospective

Dissertation : Question sur l'ethique utilitariste et l’éthique de la responsabilité prospective. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2022  •  Dissertation  •  2 064 Mots (9 Pages)  •  344 Vues

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340-210-BB_H21_09-10                  ÉVALUATION FINALE                           Serge LAPIERRE


Situation[1]

Vous êtes ingénieur(e) et siégez au conseil d’administration d’un grand constructeur automobile[2]. Vos connaissances et compétences en technologie automobile font de vous une personne très influente au sein de cette entreprise. Or, il se trouve que des experts indépendants ont examiné et essayé le dernier modèle de voiture que celle-ci compte commercialiser sous peu et ils y ont décelé un problème technique complètement inattendu.

En effet, dans certaines conditions particulières, peu probables mais néanmoins possibles — les essais sur piste l’ont démontré — les freins de la voiture ne fonctionnent pas bien et cette anomalie pourrait causer des accidents graves, voire mortels.

Par les temps qui courent où les affaires ne vont pas très bien, cette « tuile » ne peut pas tomber à un plus mauvais moment. En effet, chercher et réparer la cause de cette défectuosité entrainerait des dépenses importantes et des retards tout aussi dispendieux. Le titre boursier de l’entreprise baisserait inévitablement et les actionnaires seraient mécontents. Sans compter la paralysie des lignes de montage, toujours en attente, signifiant nécessairement, du moins à court terme, la mise à pied de centaines de nouveaux employés très fraichement formés.

Par contre, un « expert en catastrophe » a calculé le nombre probable d’accidents que cette défectuosité entrainerait et le coût ($$$) prévisible des dédommagements hors cour en cas de plaintes. Sa conclusion : financièrement, il serait plus rentable pour l’entreprise de procéder à la commercialisation du véhicule tel qu’il est plutôt que d’en revoir la conception.

En clair : l’entreprise pour laquelle vous travaillez doit faire des profits pour survivre. Elle pourrait éponger les frais encourus par de possibles procès intentés contre elle en les réglant hors cour en offrant aux plaignants de l’argent. Telle est la solution de la « moindre dépense ». Mais des gens (des clients) pourraient être gravement blessés et même mourir si rien n’est fait. Et c’est sans compter la réputation de l’entreprise, qui pourrait à moyen terme en souffrir…

QUESTION : Quelle recommandation devriez-vous faire pour agir moralement : procéder tout de suite à la commercialisation du véhicule tel qu’il est, comme si de rien n’était, ou revoir sa conception?

  1. Démonstration de la nature éthique du problème

La situation décrite ci-dessus révèle bel et bien un problème éthique. Premièrement, elle possède au moins deux issues possibles : procéder tout de suite à la commercialisation du véhicule tel qu’il est, comme si de rien n’était, ou revoir sa conception. Deuxièmement, chacune des issues possibles découlerait d’une décision humaine car c’est moi, l’ingénieure siégeant au conseil d’administration du grand constructeur automobile, qui devra trancher entre les deux possibilités. Troisièmement, quelle que soit ma décision, elle sera prise librement et de façon réfléchie. Effectivement, j’aurais pris tout le temps qu’on m’a fourni pour cerner les options qui s’offraient à moi sans qu’aucune contrainte, influence physique ou psychologique, m’ait été imposée. En tant que membre du conseil d’administration, c’est mon travail de donner mon avis sur les décisions à prendre dans l’entreprise ; aucune pression n’est donc appliquée sur moi, étant donné que c’est ma tâche de me prononcer. J’ai conscience de mes possibilités et j’ai la liberté de choisir entre l’une ou l’autre, ce qui rend ma décision beaucoup plus compliquée. D’un côté, j’ai conscience que la commercialisation du dernier modèle de voiture tel qu’il est, c’est-à-dire avec des problèmes de freins dans certaines conditions, pourrait causer des accidents graves, ou même mortels, sans compter que la réputation de l’entreprise pourrait aussi en souffrir. Mais d’un autre côté, revoir la conception du véhicule entrainerait des dépenses importantes, des retards dispendieux, une baisse du titre boursier, le mécontentement des actionnaires ainsi que le renvoi de centaines de nouveaux employés récemment formés. En somme, je dois choisir entre : (1) ma morale, ma volonté de faire le bien autour de moi mais surtout éviter le mal et donc, ne pas mettre sur le marché un véhicule dangereux, voire mortel pour ces passagers ; (2) l’intérêt de la compagnie, des actionnaires et des employés : faire des profits pour réussir à survivre en commercialisant la voiture malgré ses défectuosités.

  1. Présentation de l’éthique utilitariste et de l’éthique de la responsabilité prospective de Jonas et leurs applications à la situation

Cette situation pourrait être étudiée à l’aide de l’éthique utilitariste, dont le principe est le suivant : l’acte moralement bon, c’est l’acte qui contribue au plus grand bonheur du plus grand nombre – le bonheur étant défini comme un état de plaisir et d’absence de douleur. De cette façon, les actions bonnes le sont en proportion de leur tendance à favoriser le bonheur. Cependant, une action est moralement mauvaise si, au contraire, elle contribue au plus grand malheur du plus grand nombre.

Appliquons maintenant l’éthique utilitariste à ma situation. Selon celle-ci, si un acte ne tient pas compte de la meilleure qualité de bonheur, c’est-à-dire le « plus grand » bonheur ou le « moins grand » malheur, lorsqu’il a à choisir entre deux actions, il ne peut être qualifié de moral. Seule une personne qui cherche à savoir honnêtement et sincèrement quelle est l’action qui contribuerait à rendre les gens plus heureux ou moins malheureux fait preuve de volonté morale. Pour agir moralement, je dois donc me demander si le fait de commercialiser un véhicule dangereux pour la sécurité et la vie des passagers est nuisible à la réputation de l’entreprise, pour éviter que l’entreprise connaisse une baisse de profit importante et réussisse à survivre, contribuerait au plus grand bonheur du plus grand nombre. Je réalise bien que non. Malgré que la commercialisation du véhicule tel qu’il est serait plus rentable selon un « expert en catastrophe » et donc, contribuerait au bonheur financier de la compagnie, des actionnaires et des nouveaux employés, il ne contribuerait pas à la meilleure qualité de bonheur du plus grand nombre. En effet, le malheur que représente une perte d’emploi, une baisse de profit de l’entreprise ou même une faillite n’est pas de même magnitude que celui de la perte d’un membre ou de la vie lors d’un accident dû à la défectuosité d’un véhicule. Le handicap et la mort sont des malheurs considérablement plus grands que ceux que pourrait rencontrer l’entreprise. Et donc, la revue de la conception du véhicule défectueux, pour le perfectionner et le rendre sécuritaire, tiendrait compte de la meilleure qualité de bonheur et favoriserait le moins grand malheur, car elle éviterait ces accidents graves. La meilleure façon d’agir est alors évidente : selon l’éthique utilitariste, pour agir moralement, je dois recommander au grand constructeur automobile de revoir la conception du véhicule, quitte à ce que ce soit moins rentable pour l’entreprise.

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