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Peut-on communiquer l'expérience génocidaire?

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Par   •  1 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 085 Mots (9 Pages)  •  1 040 Vues

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L’histoire contemporaine a connu des destructions et des massacres sans précédent par leur nature et par leurs dimensions, en particulier mais non exclusivement lors des deux guerres mondiales. Jamais sans doute écrivains et philosophes n’auront été autant confrontés à l’histoire et à sa violence, et parmi celles-ci la violence génocidaire est sûrement l'une des pires. Pour dire ou tenter de dire les différentes formes de violence, mais aussi pour les soumettre au jugement, la littérature philosophique et les autres forme d'art a ses pouvoirs propres, que ce soit sous la forme du témoignage, avec l’effort d’objectivation qu’il implique, ou dans des œuvres d’engagement et de dénonciation qui prétendent agir sur le cours de l’histoire. Mais la littérature dispose d’un autre pouvoir encore, celui d’exprimer dans l’écriture la réalité de la violence jusque dans sa dimension inhumaine. Mais est-il réellement possible de dire cette violence ? En effet, l’idée d’indicible surgit fréquemment lorsque la question d’un génocide est soulevée, tant ces violence sont incompréhensible car elles sont la finalité même de l'inhumanité. Beaucoup de survivants, d'auteurs et penseurs de ce type d'événements ont parlé de cette violence mais cette question reste présente dans les esprits.

Mais alors est-il possible de communiquer l'expérience de la violence génocidaire ? D'être intelligible par les autres ? C'est ce que nous allons étudier à travers cet essai.

Nous verrons d'abord que l'expérience génocidaire ne peut être comprise totalement par les autres, puis nous verrons que ce n'est pas nécessairement une barrière à la communication de l'expérience de cette violence.

Si la question de l'indicible revient si souvent lorsqu'on parle de génocide c'est parce qu'elle soulève un paradoxe évident. Nombreux sont les survivants et survivantes de cette expérience à avoir écrit à propos de passé douloureux, pourtant l'opinion commune ne cesse de répéter qu'il est impossible de comprendre réellement les atrocités des camps malgré les témoignages. Dans La préface de La Nuit, Elie Wiesel nous dit ceci : « Tout au fond de lui-même, le témoin savait, comme il le sait encore parfois, que son témoignage ne sera pas reçu. Seuls ceux qui ont connu Auschwitz savent ce que c'était. Les autres ne le sauront jamais.” L'impossibilité de la communication vient ici du fait que les douleurs, les ressentis qui sont propres à chacun sont, dans ce type d'expérience traumatisantes, d'autant plus incomparables car elles résultent d'une douleure immense tant psychologique que physique, tel qu 'il n'en a jamais été vécue.

De plus, dans Les Origines du Totalitarisme, Hannah Arendt parle de l’expérience des camps comme la négation pure et totale de l’humanité que ce soit du côté des victimes ou des bourreaux. Comment serait-il possible de comprendre une telle expérience lorsque nous avons toujours conservé notre humanité et jamais fait face sous quelque forme que ce soit à ce que Hannah Arendt appelle “ Le mal radical”? Comprendre un témoin d’un camp,ce serait constater la négation de toutes les valeurs morales de l’humanité. Il serait alors impossible de communiquer cette expérience car les autres n’auraient pas assez souffert? Pourtant d’autres personnes ont énormément souffert, certes la cause n’est pas la même mais les douleurs sont incomparables entre elles. On ne peut s'arrêter de parler sous prétexte que personne ne ressent exactement la même chose que nous. Alors pourquoi dit-on que la violence génocidaire est indicible?

Elie Wiesel, toujours dans la préface de la Nuit, nous parle du témoin qui s’exprime mal. En effet jusque là nous avons discuté de la complexité de la communication par la l’impossibilité de recevoir l’information mais nous n'avons pas exprimé l’idée que le problème se trouve à la source. Il y a en effet dans le texte de Wiesel un problème de traumat et de langage. Il est évident de comprendre que les camps et l’expérience du génocide est quelque chose de très traumatisant et témoigner de cela ne peut se fair sans peine pour le survivant. Ressasser un passé dont il essaye de se détacher pour mieux se reconstruire ne peut être que difficile, Wiesel nous dit, “ Est ce parce que le témoins s’exprime si mal? La raison est différente. Ce n’est pas parce que maladroit, il s’exprime pauvrement que vous ne comprendrez pas; c’est parce que vous ne comprendrez pas qu’il s’exprime si pauvrement.” Nous le disions plus tôt, la difficulté peut venir du trauma mais Wiesel nous apporte aussi une autre explication, le manque de compréhension peut aussi venir d’un problème de langage, est il réellement possible de traduire en mot une telle violence, le témoin s’exprime pauvrement parce qu’il est impossible de dire cette violence en étant tout à fait juste et véridique. Wiesel résume très bien ce paradoxe d’obligation de dire l’indicible par la phrase: “ Car malgré tous mes efforts pour dire l’indicible,”ce n’est toujours pas ça” ”. Il y a donc un problème de langage de fidélité à la réalité qui ne peut être transmise par des mots, de plus le trauma causé par cette violence rend la parole impossible à libérer pour certains.

Nous avons donc vu que la violence génocidaire ne semble pas compréhensible par ceux qui n’en n’ont pas fait l’expérience. Que ce soit à cause justement de ce manque de vécu ou bien à cause de la parole du témoin qu’il est difficile de libérer et dont la justesse? Dans ce cas pourquoi les survivants témoignent? Si l’expérience génocidaire n’est pas communicable alors cette expérience serait voué à l’oubli et le devoir de mémoire envers les victimes impossible à rendre

Nous avons discuté du fait que la douleur physique et psychologique

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