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Le bonheur comme premier devoir de l’homme.

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Par   •  12 Octobre 2020  •  Synthèse  •  2 240 Mots (9 Pages)  •  494 Vues

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Propos sur le Bonheur- ALAIN- Maurois

Le bonheur comme premier devoir de l’homme.

La tristesse et la peur sont comme des poisons, chacun cherche à vivre et non à mourir.  La peur de vivre est le premier des maux. Avoir le vertige, ca n’est pas de tomber, c’est de dire qu’on pourrait y tomber. On peut être heureux malgré les malheurs apparents. « Il est un genre de malheur qui ne tient pas plus à nous qu’un manteau, ainsi le bonheur de gagner à la loterie, ou la gloire. Mais il y a un bonheur qui fait partie de nous. »

« La Raison et les idées sont les seuls trésors qui ne peuvent nous être ravis qu'avec l'existence même, les seuls trésors que nous n'aurons jamais à regretter. Bias, l'un des sept sages de la Grèce, disait bien, alors que la tempête et le naufrage lui avaient tout enlevé : " Je porte toute ma fortune avec moi ". Un peu de sable suffisait à Archimède pour tracer des figures éternelles. Le vent passe ; le sable roule en tourbillons ; mais Archimède sourit à son idée incorruptible. Quand on perd tout il reste quand même presque tout : il reste les affections, la culture, les souvenirs, le plaisir du travail, les espérances pour son pays et pour soi-même. Bergson, Alain, Roosevelt étaient très malades en fin de vie, mais étaient heureux et productifs…

-Napoléon disait : « L’infortune est la sage femme du génie », la mort elle-même n’est pas effrayante pour le sage, Socrate l’a bien montré: si vous avez su construire en vous-même de forteresse intérieure, le bonheur peut y survivre alors même  que tout le reste est au pouvoir de l’ennemi. Si cette forteresse est bien défendue, les circonstances qui rendent le bonheur impossible sont très rares.

Existe t-il circonstances extérieures qui rendent le bonheur certain ? NON. Même si tout va bien un homme tourmenté sera tourmenté. Un homme jaloux le sera même s’il enferme sa femme à clef – Proust l’a montré dans la Prisonnière. Dans le beau roman de Tolstoï, Anna Karenine, le personnage de Levine, lorsqu’il se promène dans StPetersbourg après avoir appris que la femme qu’il aime a accepté de l’épouser : le soleil est plus beau que jamais, tout est resplendissant. Est-ce que la ville s’est transformée ? NON. C’est Levine qui a en lui le bonheur sous forme d’amour. Quand Rembrandt se promène dans les rues d’une ville hollandaise, il pose son regard sur des misérables échoppes. Elles sont noires, elles sont sales, elles sont tristes, mais lorsqu’il les peint, toutes sont baignées dans cette adorable lumière jaune et ensoleillée qui est celle de Rembrandt.

Et bien de même que le grand peintre embelli tout ce qu’il représente, de même l’amour embelli tout ce qu’il voit. Aimer, c’est vivre pour autre chose que soi. C’est vivre pour un pays, pour un homme, pour Dieu.

Mais pourquoi cela rend heureux ? Parce que le DEVOIR DEVIENT CLAIR. Alain enseigne, que ce qui est dangereux et pénible c’est la MEDITATION sur soi, qui est toujours STÉRILE. Pour être heureux, il faut donc un grand BUT extérieur à nous, quelque chose à aimer qui ne soit pas nous, sinon nous remâchons nous erreurs passées ; nous nous inquiétons de la démarche à suivre, nous cherchons la direction mais nous ne la trouvons pas parce qu’il y a mille but possibles. L’amour apporte une certitude, une armature. Les éléments du bonheur, tous les hommes les possèdent : le travail (un travail qu’on aime), l’amour, les enfants. Mais pour être heureux, il faut quelque chose de plus.

Pour être heureux il faut une décision. Il faut une sorte de pacte nuptial entre l’homme et la vie ; Descartes disait du bonheur que c’est « un décret ». Et cela me semble très juste. Alors certes, il y a des époques où les hommes prennent la funeste décision d’être malheureux collectivement, ce fut trop souvent le cas de notre temps. Nous avons cultivé la laideur, l’horreur, la tristesse. Au contraire, les plus grands écrivains, un Tolstoï, un Balzac, un Beethoven ont toujours tenté de peindre à la fois ce que la condition humaine a de pénible, mais aussi ce qu’elle a d’heureux. Il y a des écrivains qui ont peur du bonheur ou de la beauté. A mon sens il faut autant se garder d’un optimisme de commande que d’un pessimisme de commande.

La joie de l’homme est dans l’action mais une action créatrice. Il est très rare qu’un être vraiment actif dans la création soit fondamentalement malheureux : que ce soit un artiste occupé par son œuvre, un jardinier par son jardin, une mère de famille occupée par ses enfants. Tous ceux qui s’adonnent à une action créatrice y trouvent une forme de bonheur. Agir sur ce qui est et non sur ce qui POURRAIT ÊTRE. Un homme qui imagine la révolution, la baisse de l’or ou l’idéal à venir est inéluctablement malheureux. Souvent on entend les français dire « il faut que cela change ». Peut-on imaginer phrase plus vaine ? Il faut que quoi change ? Et comment ?

La phrase saine serait « il faut que JE change ». Si mon pays est imparfait, c’est parce que nous sommes tous imparfait, une somme d’êtres imparfaits. Donnez vous un but immédiat, possible à atteindre, dépendant de votre volonté, et vous verrez vite tout changer autour de vous.

Vivre dans le présent- le plus important secret du bonheur. Kant disait « souviens-toi d’oublier ». Et Spinoza, « le repentir est une seconde faute ». Ce qui est passé est passé. On ne peut plus le transformer. Il faut mieux n’y point penser sinon comme à une tranchée de départ dont nous partirons pour des conquêtes futures. Que de ménages pourraient être heureux dans le présent mais collectionnent les griefs passés et en défilent tout le chapelet à la moindre querelle. Le présent serait facile à supporter mais le passé frotte durement sur la route et freine inéluctablement le bonheur.

Vivre dans le présent, c’est aussi ne pas trop vivre dans l’avenir : Alain disait « souviens-toi de ne pas trop anticiper ». Il ne faut pas tenter d’imaginer à l’avance l’évènement de demain. Parce que c’est impossible : de la même manière que personne ne peut vous faire un chèque en blanc de ne jamais vous quitter, de la même manière que la guerre, la religion, la mort n’étaient rien d’autre que des maux que nous ne pouvions prévoir. Jean Rostand disait « les maux que l’on craint n’arrivent jamais, il arrive pire ». Peu importe à vrai dire, tant que ce pire n’est pas imaginé à l’avance car au moment même de l’accident, la force des choses ne nous laisse pas loisir d’y penser. La chaine des instants est comme rompue. Ainsi, l’extrême souffrance n’est qu’une poussière de souffrance impalpable.

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