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Donner sa parole - Philosophie

Dissertation : Donner sa parole - Philosophie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2020  •  Dissertation  •  938 Mots (4 Pages)  •  950 Vues

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 Donner sa parole

Intro) A première vue on peut penser que donner sa parole veut exclusivement dire que l’on promet quelque chose  à quelqu’un et tisser un lien de confiance à travers cette parole. La parole étant l’application concrète du langage avec l’utilisation d’un système de sons. Ici on donne la parole, le don étant le fait de céder librement la propriété de quelque chose. Là on voit que lorsqu’on donne la parole on donne quelque chose . Donc on peut se demander qu’est-ce que « donner sa parole » ?

Après avoir vu le fait de donner sa parole dans les sociétés traditionnelles nous verrons la confiance que cela implique  pour ensuite voir que l’on donne de plus en plus sa parole par écrit.

I) Dans les sociétés traditionnelles, donner sa parole, c’est bien donner ce qu’il y a de plus précieux. c’est pourquoi manquer à sa parole est un véritable crime, bien plus grave que l’homicide, par exemple. « On lie les bœufs par les cornes les hommes par les paroles » disait le juriste du XVIe siècle Antoine Loysel. Ce lien est un lien sacré et celui qui le défait se met donc à l’écart de la société des humains. On sait bien que les hommes peuvent ne pas tenir leur parole, peuvent être perfides, mais cela ne change rien à la confiance que l’on doit mettre dans la parole. Un contrat oral suffit. Sur les marchés aux bestiaux, il y a à peine un demi-siècle, une poignée de main valait signature, même pour des transactions assez importantes. Les théoriciens des actes de langage privilégient la parole comme engagement qui permet de faire des choses d’après Austin. La parole donnée suppose la confiance.

II) Mais je ne peux avoir confiance en quelqu’un que si j’ai de bonnes raisons de lui faire confiance, soit que je le connaisse directement, soit que l’éthique communautaire me garantisse, autant que faire se peut, que cette parole est véridique. Dès que la société se  forme , c’est-à-dire dès que les intérêts communautaires doivent céder la place aux intérêts individuels et au système des échanges, le statut de la parole donnée change. Dans le don, il n’y a pas d’intérêt économique direct alors que dans l’échange (soit par le troc, soit par l’intermédiaire de la monnaie) ne sont en jeu que les intérêts économiques des partenaires de l’échange. A possède quelque chose dont B a besoin et B possède quelque chose dont A a besoin. Réduit à cette forme, l’échange est très restreint et ne fonctionne qu’aux marges de la vie des communautés. Dès que A a besoin de quelque chose que B possède mais ne peut échanger que quelque chose dont C a besoin, l’échange passe par une médiation, celle de l’argent. Dans le don rituel on trouve des formes du type A donne à B qui donne à C qui donne à A.

III) Mais ces formes sont parfaitement codifiées. Dans l’échange économique apparaît une liberté des acteurs et une dé liaison que symbolise la monnaie. La monnaie remplace la confiance.  À la place de la parole, je dispose d’une marque. La parole  donnée fait place alors à l’écrit : les paroles s’envolent, les écrits restent. Les écrits, on ne peut s’en défaire sauf en les brûlant, ce qu’on fait les paysans pendant la révolution française : ils sont montés à l’assaut des châteaux non pour devenir châtelains à leur tour mais pour brûler tous ces textes où était gravée leur antique servitude. Les contrat deviennent presque tous des contrats écrits. La parole vivante est maintenant complètement objectivée exactement comme les rapports entre les travaux humains apparaissent objectivés dans la marchandise. Exactement comme on pourrait voir toute l’histoire comme le passage du don à l’échange marchand de plus en plus généralisé, on peut voir corrélativement la marginalisation de la parole vivante au profit de l’écrit et des procédures formelles du droit. Notre propos n’est pas de décider si ce passage est un progrès ou non – la perte de la communauté était certainement la condition nécessaire pour qu’émerge l’individu libre, porteur de droits « inaliénables ». Mais en même temps toutes les relations sociales sont progressivement noyées dans « les eaux glacées du calcul égoïste ». Remarquons, en tout cas, que l’écrit n’est pas la simple transcription de la parole, le signe de la parole, comme le disait Aristote, mais qu’il en est à certains égards l’exact opposé puisqu’il s’impose quand la parole perd sa valeur – elle est censée s’envoler alors que les écrits restent. C’est aussi par écrit que l’on va régler différents litiges avec des lois écrites et non plus des règles dites à l’oral.

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