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Que Gagne T-on En Travaillant

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Par   •  27 Janvier 2013  •  1 546 Mots (7 Pages)  •  1 137 Vues

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Introduction:

Keynes, dans son livre Perspectives économiques pour nos petits enfants, rappelle l’épitaphe rédigée pour sa propre tombe par une vieille femme de ménage :« Pas de deuil pour moi, amis, et de pleurs jamais, Car je n’aurai rien à faire, jamais, jamais. ».

Ce que révèle les derniers mots de cette femme c'est un double paradoxe :

Premièrement que le travail est une spécificité humaine. De l'homme seul on dit qu'il travaille. Et pourtant le travail est marqué du sceau de la souffrance, de la torture et de la malédiction (cf étymologie latine tripalim qui ésigne à l’origine un instrument agricole composé de trois pieux permettant aux éleveurs de ferrer les bêtes, Genèse où Dieu maudit Adam et sa descendance, chassé de l'Eden, devra désormais « gagner son pain à la sueur de son front » et Eve « enfanter dans la douleur », d'où la « salle de travail » pour désigner la salle d'accouchement).

Deuxièmement, le travail est un moyen d'émancipation et de satisfaction des désirs (par le biais du salaire) et même temps nous recherchons désespérément du temps libre, c'est-à-dire libéré du travail.

Face à cette double contradiction qui a traversé les âges et les civilisations nous devons reposer à nouveaux frais la question de savoir ce que l'on gagne en travaillant. En effet la question prend une dimension nouvelle au moment où les pays industrialisés le temps consacré à l'emploi salarié est, bon gré mal gré, en baisse continue.

Le travail ne permet-il de gagner qu'un salaire ? Le travail est-il un moyen ou une fin en soi ? Le travail se réduit-il à l'emploi salarié ? Au fond, pourquoi travailler ?

I La nature servile du travail

I.1 Nous avons noté la dimension extrêmemnt négative du travail qui véhicule l'idée qu'on ne gagne rien à travailler, si ce n'est la peine et les plus ou moins maigres conditions de la survie. En ce sens le travail s'identifie à la peine. Et ce que cette peine rapporte c'est, au mieux un salaire, à condition de supposer une juridiction où le travail est reconnu et associé à des droits.

I.2 Autrement dit le travail est une activité impliquant une violence, et cette violence est le fait d’une sanction. Violence sur soi (par rapport aux inclinations spontanées, cf Rousseau (Essai sur l'origine des langues, 1761) : « «L'homme est naturellement paresseux ; il ne vit que pour dormir et végéter.") et violence par rapport à la nature (travailler c'est contraindre une matière, ne pas demander l'accord, considérer la nature comme un simple moyen).

Simone Weil: “Le travail physique est une mort quotidienne. Travailler, c’est mettre son propre être, âme et chair, dans le circuit de la matière inerte, en faire un intermédiaire entre un état et un autre état d’un fragment de matière, en faire un instrument.”

I.3 C'est pourquoi, jusqu’à la Renaissance, seul était vraiment estimé l’homme libéré de l’obligation de travailler et qui dispose du loisir (skholè, temps libre) lui permettant d’accomplir pleinement sa nature d’homme, c’est-à-dire celle d’un être vivant doué de raison et destiné à vivre dans le cadre d’une cité où il exercàçait les talent propres à l'homme (le langage et le droit par la politique, la raison par la science, la créativité par l'art). Cf Hannah Arendt dans La condition de l’homme moderne: “Travailler, c’était l’asservissement à la nécessité, et cet asservissement était inhérent aux conditions de la vie humaine. Les hommes étant soumis aux nécessités de la vie ne pouvaient se libérer qu’en dominant ceux qu’ils soumettaient de force à la nécessité”

Ainsi en travaillant non seulement on ne gagnerait rien mais on perdrait son statut d'homme pour être rabaissé à celui de matière exploitable et corvéable à merci en vue de satisfaire les vulgaire besoins animaux. Même dans le cadre d'une législation du travail intellectualisé et socialement valorisé, cette origine dégradante du travail nous conduirait à le fuir.

Transition : Pourtant on doit noter que la skholè, le temps libre du citoyen grec ou du noble aristocratique n'est possible que parce que d'autres, les travailleurs, esclaves ou paysan, subviennent à ses besoins. Autrement dit c'est bien le travail, fût-il celui des autres qui permettrait de gagner la science, l'art et la politique.

De plus on peut se demander si ces activités ne sont pas un travail, à condition toutefois de redéfinir le concept de travail..

II.2 En travaillant on gagne la réalisation de soi

II.1 Pourtant, on l’a vu le travail a une dimension libératrice et humanisante. Le travail n’a pas seulement un effet sur un objet qui lui serait extérieur, c’est-à-dire en tant que résultat ou oeuvre, il a aussi et peut-être avant tout un effet sur celui qui travaille. Hegel affirme ainsi (Phénoménologie de l’esprit) que “cet être-pour-soi, dans le travail, s’extériorise

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