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Explication du texte d’Aristote sur la responsabilité

Commentaire de texte : Explication du texte d’Aristote sur la responsabilité. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 749 Mots (7 Pages)  •  481 Vues

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En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d’être devenus eux-mêmes relâchés ou d’être devenus injustes ou intempérants, dans le premier cas par leur mauvaise conduite, dans le second en passant leur vie à boire ou à commettre des excès analogues : en effet, c’est par l’exercice des actions particulières qu’ils acquièrent un caractère du même genre qu’elles. On peut s’en rendre compte en observant ceux qui s’entraînent en vue d’une compétition ou d’une activité quelconque : tout leur temps se passe en exercices. Aussi, se refuser à reconnaître que c’est à l’exercice de telles actions particulières que sont dues les dispositions de notre caractère est le fait d’un esprit singulièrement étroit.

En outre, il est absurde de supposer que l’homme qui commet des actes d’injustice ou d’intempérance ne souhaite pas être injuste ou intempérant ; et si, sans avoir l’ignorance pour excuse, on accomplit des actions qui auront pour conséquence de nous rendre injuste, c’est volontairement qu’on sera injuste. Il ne s’ensuit pas cependant qu’un simple souhait suffira pour cesser d’être injuste et pour être juste, pas plus que ce n’est ainsi que le malade peut recouvrer la santé, quoiqu’il puisse arriver qu’il soit malade volontairement en menant une vie intempérante et en désobéissant à ses médecins : c’est au début qu’il lui était alors possible de ne pas être malade, mais une fois qu’il s’est laissé aller, cela ne lui est plus possible, de même que si vous avez lâché une pierre vous n’êtes plus capable de la rattraper. Pourtant il dépendait de vous de la jeter et de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. Ainsi en est-il pour l’homme injuste ou intempérant : au début il leur était possible de ne pas devenir tels, et c’est ce qui fait qu’ils le sont volontairement ; et maintenant qu’ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l’être.

Explication du texte :

Ce texte porte sur la responsabilité. La notion du programme qui est principalement interrogée dans ce texte est donc la notion de liberté. L’être humain est-il responsable de ses actes et, au-delà, de ce qu’il devient au fur et à mesure de sa vie. La réponse d’Aristote est que les qualités ou les défauts qui se développent en nous au fil des ans sont le résultat de nos choix, conscients et responsables. Donc Aristote affirme clairement que l’être humain est un sujet, responsable de lui-même et de ses actes, par opposition à un objet qui serait déterminé par des causes extérieures. En ce sens il s’agit aussi d’un texte de philosophie morale, puisqu’Aristote affirme qu’un être humain a des devoirs envers lui-même, le devoir, en quelque sorte, de se prendre en charge.

La première partie du texte montre par quel mécanisme l’homme devient ce qu’il choisit d’être. La deuxième partie s’intéresse à un paradoxe : nous sommes ce que nous choisissons de devenir, par contre, une fois que nous le sommes devenus, nous n’avons plus la liberté de revenir en arrière. Nos choix transforment notre être, qui devient caractère, lui-même très difficile à changer.

Nous allons commencer par étudier le texte, et ensuite nous nous demanderons si effectivement l’être humain est responsable de ses actes, et de sa vie toute entière. Aristote semble en effet oublier qu’avant d’être un adulte potentiellement responsable de ses actes et de leurs conséquences, l’être humain est d’abord un enfant, qui n’a pas du tout cet empire sur lui-même.

Aristote distingue deux types d’hommes au début du texte : il y a les hommes qui vivent une « existence relachée » et il y a les autres, dont il ne parle pas précisément. Le mot « relaché » renvoie au vocabulaire du cocher, qui tient les rênes de ses chevaux. On peut donc penser à la vision que Platon donne de l’âme humaine, où l’intelligence est le cocher, le courage le premier cheval obéissant, et la faculté de désirer (épithumia) le deuxième cheval, plus rétif, et auquel il faut tenir la bride si on ne veut pas qu’il emporte le char et le pousse dans l’ornière. L’homme relâché serait donc celui qui ne tient pas la bride à ses désirs, celui qui ne maîtrise pas sa sensibilité, et se laisse gouverner par ses désirs. Dans cette situation, il semble passif, puisque se sont ses passions qui le commandent. Et pourtant Aristote affirme clairement qu’ils sont « personnellement responsables » du changement qui va se produire en eux. Si tu te conduis mal, cela va te transformer. Donc il ne tenait qu’à toi de mieux te conduire, et ainsi de rester un homme droit et vertueux.

On peut ici penser à l’affirmation de Sartre, selon laquelle chez l’être humain « l’existence précède l’essence ». Contrairement à l’animal, déterminé par son instinct, l’être humain est un être qui doit choisir ce qu’il veut faire, et en choisissant, il oriente son existence dans un sens ou dans l’autre. C’est pourquoi Aristote prend l’exemple de l’athlète. Pourquoi s’exerce-t-il à la course ? Pour devenir bon coureur. Il tend son désir vers l’acquisition d’une qualité, et l’exercice va lui permettre de faire grandir cette qualité en lui.

Aristote affirme en effet que tout être est tendu vers une fin : s’actualiser. Au départ

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