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Corrigé Bac Blanc 2007 Explication De Texte : Aristote, Ethique à Nicomaque

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Par   •  23 Février 2013  •  3 404 Mots (14 Pages)  •  3 250 Vues

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Introduction :

« Quand il s’agit d’un mortel, il faut attendre sa dernière journée avant de l’appeler heureux. » Lorsqu’il décrit ainsi la chute de son personnage dans Œdipe roi, Sophocle entend attirer l’attention du spectateur sur deux points. Le premier point, c’est le bonheur, qui désigne par définition l’état dans lequel nous sommes heureux. Le second, c’est la caractéristique du bonheur, à savoir son caractère éphémère. Le problème est le suivant : qu’est-ce qui peut garantir à un homme qu’il possède une fois pour toutes le bonheur ? Comment exhiber les critères de reconnaissance qui permettront à coups sûrs de savoir que l’on est heureux, ainsi que de garantir la pérennité de cet état ? A ne considérer que la citation de Sophocle, le bonheur se présente comme un accident, comme un faveur de la fortune, dont il s’avère préférable de profiter au maximum, avant que l’ordre du monde ne reprenne ses droits et ne nous replace dans le malheur.

Comment caractériser cette inconstance du bonheur ? Elle apparaît problématique. Pourquoi ? Parce que le bonheur constitue l’objet essentiel de la vie humaine. Qu’est-ce que le bonheur ? C’est l’idée d’un état dans lequel tous nos désirs sont satisfaits, ou sont tout au moins susceptibles de l’être. Le malheur, au contraire, désigne un état psychologique lié à l’impossibilité de satisfaire ses aspirations, tant à cause de nos capacités personnelles, que de l’influence de notre contexte d’existence. A ce titre, le bonheur apparaît comme ce qui oriente toute nos démarches ; y renoncer semble insupportable. Cependant, il semble tout aussi impossible de prétendre l’appréhender une fois pour toutes. L’inconstance et le caractère éphémère constituent-ils des caractéristiques essentielles du bonheur ? Faut-il renoncer à toute possibilité d’élaborer une théorie du bonheur ? Ou, au contraire, une analyse rigoureuse du concept de bonheur ne pourrait-elle pas remettre en question la fragilité apparente de l’état de bonheur pour proposer une véritable théorie du bonheur, qui articulerait une définition rigoureuse du bonheur, ainsi que des moyens pratiques d’y parvenir ? C’est là précisément la perspective suivie par Aristote dans le chapitre 6 du livre X de l’Ethique à Nicomaque.

Comme toutes les morales antiques, l’éthique d’Aristote se présente comme un théorie du bonheur, assimilé au bien suprême, c’est-à-dire au meilleur de tous les biens. Le but de la démarche est de proposer la véritable théorie du bonheur. Qu’est-ce que cela implique ? D’une part qu’on dise ce qu’est le bonheur, et, d’autre part, qu’on le distingue de ce qu’il n’est pas. Aristote entend ici critiquer une définition courante du bonheur : celle qui l’assimile au divertissement. Il s’agit de la critiquer, et non pas de la nier purement et simplement. Pourquoi ? Parce que si Aristote soutient en effet qu’il ne faut pas assimiler bonheur et divertissement, il ne veut pas dire pour autant que le divertissement ne saurait jouer aucun rôle dans la vie heureuse. L’entreprise ne se réduit pas à poser une distinction conceptuelle. Le problème s’avère plus large que cela : Quels rapports bonheur et divertissement entretiennent-ils et comment faut-il les concevoir afin de proposer une théorie adéquate du bonheur, ainsi qu’une typologie des moyens efficaces de l’acquérir ?

Pour résoudre ce problème, le texte d’Aristote articule trois moments : il commence par énoncer sa thèse, puis étudie les rapports bonheur/ divertissement au moyen de deux distinctions conceptuelles, à savoir celles du moyen et de la fin, et celle de l’action et de la passion. Suit un exposé positif de la théorie aristotélicienne du bonheur qui s’appuie successivement sur l’étude des rapports bonheur/ vertu, sur un argument endoxique et sur un argument psychologique. Enfin, Aristote donne sa conclusion en identifiant la méthode pour acquérir le bonheur.

Développement :

I) Enoncé de la thèse :

Conformément au mode d’écriture antique, Aristote commence par énoncer sa thèse avant de l’argumenter. Elle apparaît dès la première phrase du texte : « (…) le bonheur ne peut consister dans le divertissement. » Dès le début, Aristote entend donc distinguer nettement bonheur et divertissement. Comment comprendre cette démarche ? Elle participe de la définition globale du bonheur, puisque l’on définit une chose en disant ce qu’elle est et aussi ce qu’elle n’est pas. Pourquoi est-il si important de définir le bonheur ? Parce que celui-ci constitue l’enjeu fondamental de la vie humaine, qui la distingue de la vie animale. Pourquoi ? Parce que cette dernière se trouve annexée à la nécessité de satisfaire perpétuellement des besoins vitaux. En ce sens, le vivre, ou encore la survie, constitue le télos, c’est-à-dire le but et la raison d’être de l’activité animale. L’enjeu de la vie humaine, pour Aristote, ce n’est pas le vivre, c’est le bien vivre. Qu’est-ce que le bien-vivre ? Une vie qui fait l’objet d’un choix, c’est-à-dire une vie qui a son principe dans une liberté et non pas dans une nécessité. Et qu’est-ce que bien vivre ? Mener une vie qui nous conduit au bonheur, à la béatitude (eudaimonia). Comment caractériser cet état de bonheur qui donne sa valeur à la vie humaine ? Il désigne l’état de satisfaction indépendamment des circonstances. En effet, ce bonheur dont la théorie fait l’objet de l’Ethique et qui doit être distingué du divertissement ne relève pas d’une faveur du sort, et ne dépend pas des circonstances. Puisqu’il présuppose la liberté et relève d’un projet de vie, le bonheur dit dépendre de nous et non pas des circonstances extérieures.

Qu’est-ce que cela signifie ? D’une part, que le bonheur est le bien suprême, c’est-à-dire le bien de tous les biens. D’autre part que le bonheur relève d’un choix. Or pour choisir, il faut se trouver face à une pluralité de possibilités. Que faut-il choisir ? Un mode de vie. Le problème de l’accès du bonheur se détermine pour Aristote comme une problématique du choix entre des modes de vie : quel mode de vie dois-je choisir pour accéder au bonheur ? Répondre à cette question nécessite que l’on résolve un premier problème : quels sont les modes de vie possibles qui s’offrent à nous ? Aristote en cite un ici : le mode de vie de l’homme de plaisir. En effet, qu’est-ce que le divertissement ? C’est le plaisir que nous éprouvons lorsque nous satisfaisons une de nos inclinations sensibles. Certaines personnes peuvent tout à fait dédier

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