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Étude du dialogue Le Neuveau De Rameau de Denis Diderot

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Par   •  14 Octobre 2014  •  626 Mots (3 Pages)  •  883 Vues

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réflexion : la modalisation « assurément » qui conclut la polémique met en lumière non pas

l’assurance justement de celui qui modalise mais bien son absence d’assurance absolue ; c’est la

valeur de toute modalisation, en ce qu’elle empêche le oui ou le non francs et se suffisant à euxmêmes.

La modalisation pour l’adverbe est en quelque sorte un échec de la démonstration

puisqu’elle établit le lien entre une conclusion logique et une personnalité qui l’énonce (et

revendique son point de vue subjectif dans l’adverbe). Cela n’a pas la force d’une conclusion

objective et laisse planer le doute quant au degré de certitude finale : «assurément », est-ce plus fort

ou moins fort que « totalement » ? Plus ou moins puissant que « évidemment » ? Un « oui » aurait

mis fin à un débat qu’un « assurément » refuse de refermer. Cette hypothèse d’un Diderot renonçant

à une argumentation en bonne et due forme pointait déjà avec l’ironie de la situation ; la longue

tirade de MOI si scolaire dans sa construction argumentative (avec thèse/arguments/exemples, dans

l’ordre) se finit par un double échec subtil : le versement dans le pathos (qui vient démolir

l’application à convaincre qui a été celle de toute la tirade) avec les « larmes », le « coeur » et la

parole « coupée », et d’autre part avec la réalité qui vient contredire les affirmations

grandiloquentes de MOI à la parole soi-disant coupée mais qui reparle deux lignes plus loin. C’est

comme si Diderot avait voulu montrer les limites d’une argumentation plus que l’argumentation ellemême

: le discours oublie ce qui a fait sa force de conviction (la structure) pour tomber dans la

facilité persuasive (avec le pathos) et le discours est entravé par sa propre parole (jusqu’à tomber

dans le cliché ou le mensonge, donc, si on tient compte de ce philosophe à la parole coupée qui parle

quand même). Pour ces deux motifs, celui qui est censé représenter le logos argumentatif est

décrédibilisé et c’est l’argumentation toute entière qui en souffre. Tout nous pousserait à adhérer au

point de vue, moral et respectable, du philosophe promoteur des « honnêtes gens », et pourtant, des

petits détails viennent mettre à mal l’argumentation ou plutôt, révéler qu’elle ne porte peut-être pas

sur ce que l’on pensait. Le vrai débat n’est peut-être pas sur le bonheur, mais sur ce qu’est un

intellectuel et sur ce qu’est une argumentation valable.

Afin

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