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Commentaire sur "Le Neveu de Rameau" de Diderot

Dissertation : Commentaire sur "Le Neveu de Rameau" de Diderot. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Avril 2016  •  Dissertation  •  1 422 Mots (6 Pages)  •  1 052 Vues

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Berthaud                                                  Commentaire

Marion                                            Le Neveu de Rameau

1ère S3

        En 1761 Diderot compose une œuvre qu'il ne se soucie pas de publier et qu'il remanie à plusieurs reprises : Le Neveu de Rameau. Oeuvre polémique dans laquelle Diderot règle ses comptes avec des ennemis personnels qui sont aussi ceux de l'Encyclopédie. C'est aussi l'occasion d'une interrogation sur lui-même et d'une réflexion sur les aspects contradictoires de sa propre personnalité. Dans quelle mesure la mise en scène de ce dialogue entre « Lui » et « Moi » n'est-elle pour Diderot qu'une réflexion philosophique sur lui-même ?

Nous allons dans un premier temps étudier les facettes de ce dialogue polémique pour nous attacher ensuite à l'analyse de la compléxité de l'âme de l'auteur.

I. Un dialogue polémique

        En premier lieu nous allons étudier la théatralisation de l'échange entre « Lui » et « Moi », véritable joute verbale dynamique. Dans ce dialogue c'est « Moi », le philosophe, qui oriente le dialogue par son abondance de questions. Le philosophe intervient huit fois dans ce dialogue et utilise toujours le même procédé qui est de faire de courtes répliques tournées en interrogations : « Quoi, défendre sa patrie ? » ; « Servir ses amis ? » ; « Avoir un état dans la société et en remplir les devoirs ? » ; « Veiller à l'éducation de ses enfants ? ». Ces stichomythies permettent au philosophe d'aborder le plus de thèmes possibles, ce qui rappelle le dialogue Socratique. L'enchainement dynamique des répliques est réalisé par la reprise d'un même mot. Cette abondance d'anaphores accentue l'idée que « Lui » veut mettre en avant son point de vue : « Défendre sa patrie ? -Il n'y a plus de patrie » ; « Servir ses amis ? -Est-ce qu'on a des amis ? » ; « Avoir un état dans la société ? -Qu'importe qu'on ait un état ». Il utilise, par le biais de ces anaphores, un procédé d'insistance. « Lui » instaure une certaine compétition verbale : « Vous ne savez pas à qui vous vous jouez ». Le neveu voit ce dialogue comme un jeu, où il n'y a ici ni gagnant ni perdant. Cela rappelle la métaphore du jeu d'échecs.

        En second lieu on observe que cette joute oratoire cerne le désaccord entre les deux interlocuteurs. L'abondance des tournures négatives dans les répliques de « Lui » introduisent une certaine distance hautaine envers son interlocuteur : « Vous ne vous doutez pas que dans ce moment je représente la partie la plus importante de la ville et de la cour » distance accentuée encore par la tournure superlative et le rythme binaire. Le désaccord se situe aussi sur le plan de la vision du monde. La tournure exclamative « Quelle étrange vision ! » lui donne tout son relief. Celle de « Monsieur le philosophe » suppose « un certain tour d'esprit romanesque », « une âme singulière », « un goût particulier ». Le rythme ternaire accentue l'originalité de ce parti pris considéré par « Lui » comme une grande « bizarrerie ». L'interlocuteur tout au contraire considère cette attitude comme vertueuse et philosophique. Et là encore « Lui » rétorque que « vertu » et « philosophie » ne sont pas « faits pour tout le monde ».

        En dernier lieu nous pouvons voir que « Lui » met en place une critique de la philosophie et du philosophe. Il utilise, dès le début, l'apostrophe « Monsieur le philosophe » d'une manière ironique, il se moque du statut du philosophe pour inverser les rôles. Tout au long du dialogue, « Lui » utilise les mots « philosophe » et « vanité » plus de cinq fois chacun. Cette abondance de répétitions permet l'insistance et l'attaque de ce statut et du fait qu'il n'est pas accessible à tous. Les anaphores accentuent cette idée  pour dévaloriser cette activité intellectuelle, austère, déconnectée de la vie. Il lui reproche de faire partie d'une minorité : « Mais la vertu », l'utilisation de la conjonction de coordination marque l'opposition. Il définit l'univers du philosophe comme « diablement triste ». Cette hyperbole traduit le fait que le neveu déprécie la philosophie et la dévalorise car elle est séparée de la vie.

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