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Commentaire sur le roman Supplément Au voyage De Bougaiville de Denis Diderot

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Par   •  8 Mai 2012  •  1 388 Mots (6 Pages)  •  1 589 Vues

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Introduction : Le navigateur français Bougainville publia en 1771 un Voyage autour du monde pour raconter son expédition maritime à Tahiti, île initialement découverte par l’anglais Wallis en 1767. Diderot, auteur des Lumières ayant notamment participé à L’Encyclopédie, écrit un dialogue intitulé Supplément au Voyage de Bougainville en réaction à ce récit de voyage. L’auteur y brosse le tableau d’une société océanienne idéale qu’il faudrait protéger de la prétendue civilisation ; un sage Tahitien, dans ses adieux à Bougainville et ses compagnons, y condamne l’intrusion des Européens et prédit le sort de l’île que les Français s’approprient en 1769.

Pbq : Comment le discours du vieillard dénonce-t-il la colonisation européenne ?I) L’art de persuader : la stratégie argumentative du vieillard a) L’organisation du discours :

• 2 paragraphes, l’un dans lequel le vieillard s’adresse aux Tahitiens (« ô Otaïtiens », « vous »), l’autre adressé à Bougainville et ses compagnons (« Et toi, chef des brigands »).

• L’étude des pronoms laisse apparaître des oppositions très tranchées : dans le 1er§, entre « vous » et « ils, eux » => les Tahitiens opprimés/ les Européens oppresseurs cf. « vous servirez sous eux » ; dans le 2d §, entre « tu » (pfs « vous ») et « nous » => Bougainville (voire les Européens)/ la communauté tahitienne victime des méfaits de la colonisation.

• Stratégie fondée sur l’antithèse : honnêteté des Tahitiens mise en parallèle avec les exactions des Européens (« nous sommes heureux »/ « tu ne peux que nuire à notre bonheur »).

b) l’ethos de l’orateur et sa stratégie (1er §) (il s’agit de l’image que le locuteur donne de lui-même dans son discours pour établir sa crédibilité) :

• Il s’appuie sur son âge (symbole de sagesse et de clairvoyance cf. « un air sévère ») pour renforcer son propos : « je ne verrai point », « je touche à la fin de ma carrière ». L’évocation de sa mort prochaine peut aussi toucher son auditoire.

• Il utilise au début le registre pathétique (« pleurez », « malheureux ») + apostrophes « ô Otaïtiens ! ô mes amis » (ton paternel et amical).

• Il se pose en prophète (« je vous annonce ») pour mettre en garde les Tahitiens contre les Européens : utilisation du futur (« ils reviendront », « vous les connaîtrez mieux »), anaphore de « un jour ». Rythme ternaire et gradation « vous enchaîner, vous égorger, vous assujettir ». Tout cela, allié aux termes « calamité », « funeste avenir », contribue à dramatiser son propos et montre qu’il cherche à donner une leçon aux Tahitiens et à provoquer une prise de conscience. A la fin du premier discours, appel à la révolte sous-entendu : suggère que le seul moyen de s’en sortir serait de tuer Bougainville et ses compagnons. Même chose dans « Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ? » : s’adresse indirectement aux habitants de l’île.

c) Un ton offensif et polémique (2d §) :

• Discours commence par une apostrophe méprisante (tutoiement + périphrase) à l’égard de Bougainville et ses compagnons (« Et toi, chef des brigands »). De même, « ces hommes » avec le démonstratif qui traduit le dédain du vieillard. Ensuite, anaphore de « Tu » qui fait du texte un réquisitoire contre Bougainville.

• Nombreux impératifs (« écarte », « laisse-nous ») qui traduisent l’assurance du vieillard et la violence de son propos. Même effet produit par les exclamations (« ce pays est à toi ! ») et les questions rhétoriques (« Avons-nous pillé ton vaisseau ? » etc.).

II) Le réquisitoire contre les Européens

a) Les Européens vus comme des bourreaux :

• Des êtres caractérisés par la violence : « méchants », « fureurs », « égorger », « sang », etc. Rythme ternaire et gradation « vous enchaîner, vous égorger, vous assujettir ». Allusion aux outils de la conquête : le « morceau de bois » et le « fer », synecdoques pour le crucifix (motifs religieux invoqués pour la conquête) et l’épée (allusion aux conversions forcées).

• Des êtres sans aucune morale : hypocrisie (« un jour, vous les connaîtrez mieux ») ; des êtres « corrompus » et « vils », « ambitieux et méchants ». Bafouent la morale chrétienne (« le Tahitien est ton frère »).

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