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Commentaire: "Vous deux êtes des enfants de la nature", Denis DIDEROT.

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Par   •  24 Février 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 768 Mots (8 Pages)  •  1 683 Vues

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Commentaire

« Vous êtes deux enfants de la nature », Denis DIDEROT

Au XVIIIè siècle, le grand philosophe des lumières, Denis Diderot, écrit Le Supplément au voyage de Bougainville, qui paraît en 1772. Dans l’extrait « Vous êtes deux enfants de la nature » de ce roman philosophique, Diderot dénonce certaines valeurs européennes qu’il juge absurdes et antinaturelles. En quoi la thématique présente dans cet extrait est-elle propre à la philosophie des lumières, aux pensées humanistes que tient Diderot? Et par quels moyens stylistiques démontre-t-il la force oratoire ? Il sera intéressant d’étudier successivement les idées philosophiques évoquées dans l’extrait, et les nombreux procédés rhétoriques utilisés.

Dans cet extrait, Diderot présente plusieurs idées philosophiques ; la plus fondamentale, dont il fait l’éloge, est le retour à la nature.

Celui-ci se manifeste tout d’abord à travers le champ lexical de la nature (« rive », l.2 ; « terre », l.10 ; « écorce », l.17 ; « arbres », l.17 ; « nature », l.25 ; « lumières », l.35 ; « vie », l.42) qui est perçue comme la pureté absolue, puis par le refus du matérialisme : le narrateur fait l’opposition entre « cabanes » (l.40) et « commodités » (l.41). Les Tahitiens sont beaucoup plus heureux dans leurs cabanes et leur simple mode de vie qu’ils le seraient dans des maisons telles que celles des colonisateurs, pleines de biens inutiles. Les Tahitiens sont également non dépendant au travail (« rien ne nous paraît préférable au repos », l.47-48) : ils ne cherchent pas à se compliquer la vie. Ils sont satisfaits avec ce qu’ils ont : « tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons » (l.36-36). Les Tahitiens sont conscients de leurs différences avec les colonisateurs, mais leur vie sauvage ne résulte pas d’un retard de développement, mais d’une réflexion consciente (« Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques », l.48-50). C’est par choix que ce peuple s’écarte du « superflu » (l.38), et que son honorable chef moral souhaite, en outre, le départ définitif des perturbateurs étrangers dont le mode de vie engendre frustrations, vols, et violences.

La seconde idée que nous pouvons noter est celle des droits de l’homme : liberté, égalité, fraternité.

Diderot condamne l’esclavagisme, il montre que rien n’est pire que l’esclavage : « tu souffrirais la mort plutôt que de l’être [esclave] » (l.23). Les Tahitiens étaient libres avant l’arrivée des européens : « nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage » (l.10-11). Le narrateur affirme qu’il faut « défendre sa liberté » (l.25). Il dénonce les inégalités : « on t’a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton bâtiment est rempli […] tu t’es vengé […] tu as projeté au fond de ton cœur le vol de toute une contrée » (l.19-22), lorsque les Tahitiens ont volé quelque chose de mineur, les étrangers leurs ont tout pris. Diderot promeut l’égalité. Etant tous égaux, personne n’a le droit de mettre qui que ce soit en esclavage (sauf des êtres suprêmes) : « tu n’es ni dieu, ni un démon qui es-tu donc pour faire des esclaves ? » Le narrateur prêche également la fraternité, il dit à son ennemi : « le Tahitien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature » (l.26-27).

La dernière idée est celle de la tolérance. Dans le dialogue, le champ lexical dominant est celui de du mal et de la violence ( « fureurs, féroce, sang, égorgés, vengé, souffrirais, mort, haïr, démon, mourir, brute, flèches, ennemis », l. 7, 8, 9, 10, 21, 23, 26, 30) qui sont des conséquences de l’intolérance. L’abondance de la négation vient renforcer cet aspect péjoratif (« ni », l.11 ; « tu n’es », l.23 ; « tu ne sais », l.25). Ces termes employés pour caractériser les colonisateurs s’opposent aux termes qui caractérisent les Tahitiens (« innocents, heureux, bonheur, pur, respecté, sages, honnêtes, bon », l. 2, 3, 4, 32, 33, 36) ; Il y a également une métaphore du miroir, ligne 32 : « nous avons respecté notre image en toi », les Tahitiens non pas étés intolérants envers les étrangers alors que ceux-ci l’ont étés envers eux.

Diderot prêche ses idées philosophiques, il cherche à lutter contre l’ignorance, défendre le savoir. Il fait passer ses idées à travers le représentant des Tahitiens ; c’est pour cela que celui-ci doit être un orateur habile, capable de défendre sa thèse.

De nombreux procédés rhétoriques, tels que l’énonciation, la construction grammaticale, et le lexique sont utilisés afin de présenter des arguments éloquents.

Initialement, il est intéressant d’étudier l’énonciation. Le « je » du locuteur est très discret : il n’apparaît qu’à deux reprises, à la ligne 5, sujet d’un verbe modalisateur « je ne sais quelle distinction » marquant sa critique, et à la ligne 13 « comme tu me l’as dis à moi ». Le locuteur n’emploi pas beaucoup le « je » car il ne parle pas pour lui seul mais pour tous les Tahitiens. Ceci est renforcé

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