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Étude de la pièce de théâtre Britannicus de Jean Racine: scène 1

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Par   •  9 Mai 2015  •  981 Mots (4 Pages)  •  767 Vues

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Scène 1

Agrippine, Albine

ALBINE

Quoi ! tandis que Néron s'abandonne au sommeil,

Faut-il que vous veniez attendre son réveil ?

Qu'errant dans le palais, sans suite et sans escorte,

La mère de César veille seule à sa porte ?

Madame, retournez dans votre appartement.

AGRIPPINE

Albine, il ne faut pas s'éloigner un moment.

Je veux l'attendre ici : les chagrins qu'il me cause

M'occuperont assez tout le temps qu'il repose.

Tout ce que j'ai prédit n'est que trop assuré :

Contre Britannicus Néron s'est déclaré.

L'impatient Néron cesse de se contraindre ;

Las de se faire aimer, il veut se faire craindre.

Britannicus le gêne, Albine, et chaque jour

Je sens que je deviens importune à mon tour.

ALBINE

Quoi ! vous à qui Néron doit le jour qu'il respire,

Qui l'avez appelé de si loin à l'empire ?

Vous qui, déshéritant le fils de Claudius,

Avez nommé César l'heureux Domitius ?

Tout lui parle, Madame, en faveur d'Agrippine :

Il vous doit son amour.

AGRIPPINE

Il me le doit, Albine !

Tout, s'il est généreux, lui prescrit cette loi ;

Mais tout, s'il est ingrat, lui parle contre moi.

ALBINE

S'il est ingrat, madame ? Ah ! toute sa conduite

Marque dans son devoir une âme trop instruite.

Depuis trois ans entiers, qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait

Qui ne promette à Rome un empereur parfait ?

Rome, depuis trois ans, par ses soins gouvernée,

Au temps de ses consuls croit être retournée ;

Il la gouverne en père. Enfin, Néron naissant

A toutes les vertus d'Auguste vieillissant.

AGRIPPINE

Non, non, mon intérêt ne me rend point injuste :

Il commence, il est vrai par où finit Auguste ;

Mais crains que, l'avenir détruisant le passé,

Il ne finisse ainsi qu'Auguste a commencé.

Il se déguise en vain : je lis sur son visage

Des fiers Domitius l'humeur triste et sauvage ;

Il mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sang

La fierté des Nérons qu'il puisa dans mon flanc.

Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices :

De Rome, pour un temps, Caius fut les délices ;

Mais, sa feinte bonté se tournant en fureur,

Les délices de Rome en devinrent l'horreur.

Que m'importe, après tout, que Néron, plus fidèle,

D'une longue vertu laisse enfin le modèle ?

Ai-je mis dans sa main le timon de l'Etat

Pour le conduire au gré du peuple et du sénat ?

Ah ! que de la patrie il soit, s'il veut, le père :

Mais qu'il songe un peu plus qu'Agrippine est sa mère.

De quel nom cependant pouvons-nous appeler

L'attentat que le jour vient de nous révéler ?

Il sait, car leur amour ne peut être ignorée,

Que de Britannicus Junie est adorée :

Et ce même Néron, que la vertu conduit,

Fait enlever Junie au milieu de la nuit !

Que veut-il ? Est-ce haine, est-ce amour qui l'inspire ?

Cherche-t-il seulement le plaisir de leur nuire ;

Ou plutôt n'est-ce point que sa malignité

Punit sur eux l'appui que je leur ai prêté ?

ALBINE

Vous, leur appui, madame ?

AGRIPPINE

Arrête, chère Albine,

Je sais que j'ai moi seule avancé leur ruine ;

Que du trône, où le sang l'a dû faire monter,

Britannicus par moi s'est vu précipiter.

Par moi seule, éloigné de l'hymen d'Octavie,

La

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