Vivre à propos, Montaigne, Essais

Introduction

Le recueil d'essais Sans commencement et sans fin, reprenant des extraits des Essais originellement publiés en 1580 mais enrichis ultérieurement par Michel de Montaigne, philosophe et écrivain du VXIe siècle, traite de divers sujets mêlant réflexions sur la propre vie de l'auteur ainsi que sur l'Homme. Lors de cette analyse, nous nous pencherons sur un extrait tiré du chapitre 13 du livre III, s'intitulant « De l'expérience ». Il a été ré-intitulé « Vivre à propos » par les éditeurs du recueil et porte le numéro LXVI. Le titre de l'essai est déjà évocateur de son contenu. En effet, le mot « expérience » nous rapporte à l'idée de la pratique, au fait d'essayer quelque chose ou de vérifier une hypothèse, car effectivement, dans cette essai, Montaigne nous fait part de son art de vivre en nous expliquant qu'il ne faut pas vouer sa vie à la recherche de mérite et de bien matériels, doctrine qu'il reprend aux Grecs et dont il semble le seul à pratiquer.

Le passage qui sera analysé se situe en plein milieu de l'essai LXVI, lui-même situé dans la cinquième parti du recueil se nommant « Vivre ». Plus exactement, il s'agit des troisième et quatrième paragraphes, commençant par « Quand je danse, je danse... » et se terminant par « vous avez fait la plus grande besogne de toutes » (p.195). Le thème de cet extrait porte sur la recherche du bonheur dont Montaigne défend la thèse suivante : « Nature a maternellement observé cela, que les actions qu'elle nous a enjointes pour notre besoin nous fussent aussi voluptueuses, et nous y convie non seulement par la raison, mais aussi par l'appétit : c'est injustice de corrompre ses règles ». Selon Montaigne, il faut vivre selon la Nature, suivre son enseignement, c'est-à-dire qu'il faut se consacrer pleinement à des activités raisonnables et agréables, notions sur lesquelles nous reviendrons plus tard pour essayer de déterminer quel enseignement l'homme doit tirer de la Nature. Avec cette thèse, Montaigne répond ainsi à la question : « Comment vivre heureux ? »

Analyse

Cet extrait sera découpé en trois parties. La première partie comprend le troisième paragraphe de l'essai en son entier, détenant la thèse de l'essai, laquelle s'appuie sur la Nature. La seconde partie commence avec le quatrième paragraphe de l'essai et va jusqu'à « celle-ci l'extraordinaire ». Ici, Montaigne utilise deux exemples historiques de grands conquérants (César et Alexandre) pour argumenter sa thèse. Enfin, la troisième partie commence au milieu du quatrième paragraphe avec « Nous sommes de grands fols... » et s'achève par « vous avez fait la plus grande besogne de toutes ». Sous la forme d'un dialogue entre les hommes et lui-même, Montaigne défend sa thèse.

Dans la première partie, en évoquant des activités quotidiennes et banales (« Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ») Montaigne montre par cette redondance qu'il s’investit profondément dans chacune de ses activités. De plus, la danse et le sommeil étant des activités physiques, on peut ajouter qu'il accorde également de l'importance aux activités plus « sensorielles », par opposition aux activités intellectuelles.

Dans la suite de la première phrase, Montaigne dessine également un paysage serein, où il se plait à répéter à nouveau des mots tels que « promène/promenade », « solitaire/solitairement », « verger/verger » qui permettent d'exposer ses désirs de tranquillité, voire d'isolation,

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