Ubu Roi Analyse Acte 3

Ubu Roi

Acte III, scène

I-Le personnage-type du tyran

A-La violence

Père Ubu, le tyran-type, est d’abord un personnage violent. Notre extrait montre le massacre des Nobles qui sont bel et bien condamnés à mort (malgré l’aspect quelque peu déconcertant de l’annonce du supplice: « ils tomberont dans les sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-sous, où on les décervèlera »), et cela en absence de tout motif. De plus, Ubu n’est pas loin d’exécuter cette sentence lui-même: « passez-moi le crochet à Nobles… », « je les passerai dans la trappe », puis la didascalie « Il le prend avec le crochet et le passe dans le trou »). La violence est celle des décisions, mais aussi physique.

La violence s’exprime dans ses répliques, très abruptes (« Dans la trappe, alors! »), et marquées par une familiarité en décalage avec la royauté. Ubu tutoie les Nobles ainsi que Mère Ubu, il ne se prive pas d’insulter les Nobles qu’il va condamner.

B- La vulgarité

Ce point est étroitement lié à la violence du personnage, que sa vulgarité ne fait que renforcer. Père Ubu multiplie les insultes (« Tu as une sale tête », « stupide bougre », « bouffre » – ce qui est un néologisme). En revanche, « pigner », pour « pleurer », qu’Ubu emploie en s’adressant à la Mère Ubu, est emprunté à l’argot; sa syntaxe est parfois approximative (« Tu n’as rien autre chose? »).

C-La cupidité

La violence d’Ubu est motivée par la volonté de s’enrichir: il l’annonce dès le début (2e réplique de Père Ubu). Cette réplique rend absurde l’interrogatoire des nobles qui suit: Ubu compte les faire périr de toute manière. L’insistance sur les possessifs à la fin du passage illustre bien ce trait qui rend le personnage aussi grotesque qu’enfantin: « je vais me faire lire MA liste de MES biens. Greffier, lisez MA liste de MES biens » – 5 occurrences du possessif, avec l’effet de répétition. De cette insistance sur « ma »/ »mes », on passe à une répétition tout aussi compulsive de « tout »: « Comment, c’est tout! », puis « exécuter tous les Nobles » pour arriver à « tous les biens vacants ». La cupidité du personnage explose à la fin de l’extrait dans cette folie meurtrière, où les Nobles sont traités comme des objets – ils deviennent une ressource pour l’enrichissement du Père Ubu (réification).

Transition: Personnage de tyran-type, le Père Ubu fait pourtant rire. C’est sur le comique que repose la puissance et l’originalité de cette pièce.

II Le comique grotesque

A- Un comique de répétition

La répétition mécanique est l’un des principaux ressorts comiques du passage. Nous avons déjà relevé celle de « MA liste de MES biens ». La répétition marque le début du passage: « causse à Nobles et le crochet à Nobles et le couteau à Nobles et le bouquin à Nobles » – tous ces objets qualifies de « à Nobles » (de manière, évidemment, incorrecte grammaticalement) précédant les Nobles eux mêmes, et annonçant le reste de la scène – le crochet est « à Nobles » puisqu’il sert à les enfourner, comme des bûches, et participa ainsi de leur réification. Ensuite, toute la scène est bâtie sur le retour du même schéma: interrogation d’un Noble qui énonce ses biens, sa condamnation, passage à la trappe. Cela donne un caractère mécanique au déroulement de la scène et au comportement des personnages (notons que les Nobles ne résistent nullement à leur traitement!), ce qui correspond bien à l’un des ressorts du rire définis par Henri Bergson.

B-Le jeu de scène

Le texte est un extrait d’une pièce de théâtre, et, même s’il existe des pièces qui ont été écrites plus pour la lecture que pour la scène, Ubu roi est loin de ce cas. Pour comprendre la force

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