Ubu roi, Jarry

Introduction

La pièce « Ubu roi » écrite en 1896 par Jarry est une pionnière du mouvement surréaliste et du théâtre de l’absurde. La volonté de Jarry étant d’être en rupture totale avec le théâtre dit « classique » de l’époque.

La pièce tire son origine d’une parodie d’un professeur enseignant au collège de Rennes où Jarry était élève. Il a en effet forgé la personnalité de son personnage principal, Ubu, à partir de celle de Monsieur Hébert, le professeur de physique que les élèves avaient pris l’habitude de chahuter.

La représentation générale et la première de la pièce rassemblent un large public composé de gens de lettres et d’amis de l’auteur lui-même. Jarry fardé de blanc prononce un discours introducteur tellement bas qu’il est presque inaudible. Firmin Gémier, acteur dans la pièce, l’a décrit : « Il était vêtu d’un habit invraisemblable, chemise blanche à plastron large, grande cravate lavallière, et ses mèches de cheveux lui revenaient sur le front. Son visage était tout blanc de poudre de riz et il avait l’air d’un pierrot famélique. Il avait pris l’accent d’Ubu, un accent de guignol lyonnais et, sous ses dehors, il cachait beaucoup d’émotion, de trac, de timidité. De sa conférence, le public n’entendit pas un mot » Seule la dernière phrase de Jarry semble avoir marqué les esprits : « l’action se passe en Pologne, c’est-à-dire Nulle Part ».

Dès le lever du rideau, le public est interloqué : le décor est réduit à une toile peinte, les accessoires sont en carton, un personnage promène un écriteau décrivant les différents lieux, les acteurs portent des masques modifiant ainsi leur voix et, pour couronner le tout, le premier mot prononcé est un « merdre » retentissant. C’est le scandale ! Peu de spectateurs ont le loisir d’entendre les répliques des acteurs tant le chahut est grand dans la salle. La pièce ne sera représentée que cinq fois entre 1896 et 1950.

C’est au vu des critiques provoquées par la représentation de la pièce de Jarry que, curieux et ne connaissant rien ni de l’œuvre ni de l’auteur, j’ai porté mon choix sur celle-ci quant à son analyse.

Il est clair qu’à la lecture d’un tel ouvrage, il est aisé de comprendre l’avalanche de réactions déclenchées lors de la représentation d’une telle pièce en 1896.

Présentation de l’auteur et résumé

Alfred Jarry, poète, romancier et dramaturge français est né à Laval le 8 septembre 1873. Il passe son enfance dans sa ville natale mais suit sa mère à Saint-Brieuc lors de la séparation de ses parents. Celui-ci étudie alors à Rennes où il se révèle être un élève brillant mais provocateur. A cette époque déjà, il compose et met en scène avec ses amis une pièce de théâtre intitulée « les Polonais ». Le personnage central de cette pièce est une réplique de leur professeur de physique qui, pour eux, est la réelle incarnation du « grotesque ». C’est la plus ancienne version de la première pièce d’ « Ubu roi ». Jarry poursuit ensuite sa scolarité au lycée Henri IV à Paris. Après son échec à l’Ecole normale supérieure, il commence à fréquenter les milieux artistiques et littéraires se liant notamment avec l'équipe du Mercure de France, revue littéraire d’Alfred Vallette et fréquentant Mallarmé. La première représentation de « Ubu roi » a lieu le 10 décembre 1896 au Théâtre de l’Œuvre où Jarry est le secrétaire du directeur Lugné-Poe. La pièce fait scandale et marque le début du cycle d’Ubu. L’auteur use également de ses talents dans de nombreux poèmes et romans tels César Antéchrist (1895) et Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien (1988). Il meurt d’une méningite tuberculeuse, dans un grand dénuement, le 1er novembre 1907.

Résumé de la pièce

Le père Ubu, ancien roi d’Aragon est capitaine des dragons et l’homme de confiance de Wenceslas, roi de Pologne. Instigué par son épouse, il ambitionne de tuer le roi afin de s’emparer du trône. C’est pour y parvenir qu’il pactise avec le capitaine Bordure. Ils mettent au point un plan d’action envisageant de tuer le roi et ses fils sur le champ des revues. Malgré les craintes prémonitoires de la reine Rosemonde, le roi s’y rend. Il est assassiné ainsi que deux de ses fils et les conjurés prennent possession du palais. La reine et son fils cadet Bougrelas parviennent à s’enfuir mais, dans cette fuite, la reine perd la vie. Le jeune Bougrelas, guidé par l’âme de ses ancêtres, est chargé de venger ce régicide.

Pour se faire admettre par le peuple, Ubu distribue de l’argent à celui-ci et organise des divertissements. Pour s’enrichir, il massacre la noblesse et confisque leurs richesses. Devenu dictateur, il crée des lois contraignantes, lève de nouveaux impôts et rend une justice implacable toujours à son avantage. Il renie les promesses faites au capitaine Bordure. Ce dernier, devenu son ennemi, s’allie au tsar de Russie ; une guerre est déclenchée par ceux-ci pour chasser l’usurpateur. Ubu part se battre et confie la régence du palais à la mère Ubu qui s’empare d’une partie des richesses avant d’être chassée par Bougrelas et ses partisans. Ubu quant à lui, fuit lâchement devant l’armée russe et se réfugie dans une caverne en Lituanie où il retrouve sa cupide épouse. Chassés de là par leurs ennemis, ils fuient par la mer vers d’autres horizons.

Approche de la pièce

Je vais dans un premier temps, pour approcher la pièce, me pencher sur le contexte social de la naissance du théâtre de Jarry et sur le genre de son théâtre. Ensuite, je vais essayer de retrouver chronologiquement, à travers l’histoire de la littérature, des éléments prouvant que Jarry, tout en bouleversant le classicisme, y a fait de nombreux emprunts et références, lui permettant ainsi de bâtir un style nouveau, un théâtre nouveau.

Le contexte et le genre

Une nouvelle ère nommée « La Belle Epoque » a connu le jour durant la deuxième moitié du dix-neuvième siècle en France et dans certains pays d’Europe. Celle-ci est caractérisée par le développement des villes, du bien-être social, l’essor des progrès techniques et scientifiques. De même, l’art s’intègre de plus en plus dans la vie quotidienne. On assiste à la naissance du septième art qui bouleverse la perception du monde. Les manifestations culturelles, artistiques et littéraires témoignent d’un renouveau artistique

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