Traité sur la tolérance

TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE

Le Traité sur la Tolérance est publié en 1763 par François Marie Arouet, dit Voltaire, afin de parvenir à la révision du procès d’un père protestant condamné pour avoir tué son propre fils qui aurait voulu se convertir au catholicisme. Il s’agit de l’Affaire Calas. Voltaire combat également l’intolérance et le fanatisme religieux. Voltaire est le premier écrivain français à s’engager publiquement dans une affaire judiciaire. Après les écrits de Voltaire, le procès a été rejugé. Il a abouti à la réhabilitation la famille Calas.

Le traité est un plaidoyer en faveur de Jean Calas, victime du fanatisme religieux, mais les défaillances et les abus de la justice, le fanatisme du peuple et la législation anti protestante sont également à l’origine de sa lutte pour défendre et illustrer l’idée de tolérance universelle. Son combat pour la liberté s’inscrit dans l’esprit des Lumières. Voltaire invite le lecteur à la tolérance religieuse en respectant la liberté de culte de chacun, et critique le fanatisme religieux, en particulier celui des jésuites, à l’origine d’incompréhension et de divers conflits. Il dénonce l’intolérance comme un instrument de massacre vis-à-vis de l’humanité. Voltaire expose sa thèse de la tolérance universelle, selon laquelle tous les hommes sont frères et souhaite éduquer les lecteurs vers la tolérance.

Voltaire choisit d'écrire de nombreux chapitres courts et incisifs de manière à diffuser sa thèse à un large public, mobiliser l’opinion et susciter l’émotion. Il varie les formes, les registres et les tons pour servir la cause qu’il défend. Voltaire passe du rappel historique à une analyse juridique et une analyse des sociétés à des argumentations philosophiques. Il  déploie des arguments efficaces pour convaincre et persuader le lecteur d’où l’efficacité de cet essai. Dans ce traité, c’est le drame de l’intolérance dont est victime la famille Calas qui constitue le point de départ de l’engagement de Voltaire contre l’injustice et la persécution religieuse. Dans les premiers chapitres, Voltaire expose donc l'Affaire Calas à proprement parlé, dans un plaidoyer et un réquisitoire. Il y fait une critique virulente de la justice dans un registre pathétique pour émouvoir le lecteur et éveiller sa compassion, à l’aide de champs lexicaux de l’émotion, de phrases interrogatives et exclamatives mais également d’apostrophes. Il emploie également le registre didactique pour instruire et transmettre ses idées. Il requiert au registre épidictique dans le but de louer ou blâmer avec les apostrophes au lecteur, et les questions oratoires dans le chapitre I, pour relier le lecteur à sa cause. Nous retrouverons ce registre dans le chapitre X et le chapitre XXII par exemple. Le registre polémique est également utilisé par l’auteur pour défendre ses idées et dénoncer les juges coupables de l'exécution de Calas en essayant de les discréditer. Puis, dans les chapitres suivants, Voltaire élargit sa réflexion pour prôner l’idée de la tolérance dans un registre didactique, c’est-à-dire en s’appuyant sur de nombreux exemples à travers le monde. Il rend compte du pluralisme religieux en Angleterre et nous présente les avantages de la tolérance dans les pays où celle-ci est désormais acquise. Dans cette apologie de la tolérance, l’auteur dénonce dans un registre pathétique (chapitre IV, avec les massacres des citoyens irlandais par exemple) les horreurs des crimes passés à cause de l'intolérance religieuse et cela lui permet de mettre en avant que la tolérance est tout d’abord le fruit de la raison : “la raison qui a fait tant de progrès” (chapitre IV). Pour éradiquer l’intolérance, la raison et l’éducation permettent d’éclairer les peuples en combattant l’ignorance et les superstitions, et donc le fanatisme. Il passe en revue différents empires: “ Sortons de notre petite sphère et examinons le reste de notre planète” (chapitre IV) pour montrer la coexistence de multiples religions. Il prend donc pour exemple différents peuples civilisés qui, au cours des siècles, se sont abstenus de l’intolérance même si parfois ils ont pu commettre des erreurs. Le but est de convaincre et persuader le peuple entier de la paix et des bienfaits de la tolérance. Puis, la tolérance est décrite dans une dimension juridique. Elle est définie dans un premier temps comme droit humain et naturel dans le chapitre VI. Il montre que le non respect du droit naturel à la tolérance est totalement absurde. Enfin, il présente la tolérance comme un droit civil qui devrait être reconnu de tous avec l’exemple des romains dans le chapitre VII. Le droit à la tolérance serait à l’origine de la grandeur de l’Empire romain durant plusieurs siècles.

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