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Stendhal, Le Rouge et le Noir

Commentaire de texte : Stendhal, Le Rouge et le Noir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 600 Mots (7 Pages)  •  322 Vues

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LECTURE ANALYTIQUE N°10

Le Rouge et le Noir, Stendhal, II, Ch. 35

« Julien sauta à bas du fiacre… » « il tira un second coup, elle tomba. »

Conseils pour la lecture à voix haute :

  • Le récit est rapide ; il faut le faire entendre en donnant du rythme à la lecture, sans pour autant se précipiter.
  • Le récit s’articule en paragraphes, qui concernent des moments distincts, éventuellement séparés par des blancs narratifs. Il faut marquer ces changements de temps et ces ellipses par de brefs silences : ils entrent dans la conception du texte et font partie de son rythme.

Introduction rédigée :

Le marquis de La Mole a pris à Verrières des renseignements sur Julien avant de lui donner sa fille en mariage. Il a reçu une réponse, rédigée par Mme de Rênal, qui dénonce l’avidité, l’impiété et le caractère manipulateur du héros. Cette lettre a pour effet d’annuler l’union des jeunes gens.

Julien Sorel est revenu précipitamment de Strasbourg pour l’apprendre ; et, aussitôt après avoir lu la missive qui détruit son avenir, il se met en route pour Verrières afin de punir Mme de Rênal de sa trahison. D’une violence spectaculaire et démesurée, son geste étonne ; mais son caractère énigmatique est encore accru par la technique narrative employée par Stendhal, comme nous allons l’exposer.

  1. L’emportement du récit

a.

A partir du moment où Julien Sorel a pris connaissance de la lettre, le rythme du récit se fait rapide, porté par des verbes d’action à valeur dynamique conjugués au passé simple : « sauta », « courut », « arriva », « entra ». La syntaxe des phrases est simple, et elles s’articulent le plus souvent sur le modèle de la parataxe[1], ce qui traduit la rapidité dans l’enchaînement des actions narrées. Les paragraphes sont brefs et efficaces, le narrateur ne s’attarde pas sur les pensées de Julien, la description de la boutique ou le portrait de l’armurier. Pas de place ici pour les détails : l’urgence du récit traduit la précipitation et la résolution inflexible de Julien, tendu vers un but auquel le lecteur assiste, impuissant.

b.

Entièrement concentré sur le cheminement de Julien, la narration va à l’essentiel et le lecteur se trouve confronté à un certain nombre de questions : où se rend-il si vite ? Que veut-il écrire à Mathilde ? Combien de temps a duré son voyage (il y a une ellipse temporelle entre son départ de Paris et « Il arriva à Verrières un dimanche matin », et dans quel état d’esprit l’a-t-il effectué ? Pourquoi acheter des pistolets (ce que l’armurier peine à comprendre) ? le narrateur omniscient s’est effacé dans cet épisode, ne permettant d’accéder que depuis l’extérieur aux faits et gestes de Julien, ce qui provoque interrogation et frustration chez le lecteur.

c.

Les indices distillés au fil du récit sont éloquents. C’est « pour Verrières » que Julien prend la route : son voyage est donc nécessairement lié à la lettre reçue et à son auteur, Mme de Rênal. Dans la voiture, le personnage est dans un état d’extrême nervosité : « Dans cette route rapide, il ne put écrire à Mathilde comme il en avait le projet ». Il est en proie à une forme d’égarement excluant les explications rationnelles et sensées qu’il s’apprêtait à donner à son ancienne maîtresse. La répétition du mot « pistolet » indique qu’il a l’intention de commettre un geste violent : menacer d’une arme Mme de Rênal pour qu’elle écrive une nouvelle lettre à M. de la Mole ? Se suicider ? plusieurs fins sont encore possibles à ce stade. Mais, de manière symbolique, Stendhal joue avec les codes du théâtre : « les trois coups » et « les rideaux cramoisis » annoncent un imminent coup de théâtre : Julien va faire usage de son arme dans cette église.

d. A la fin du chapitre, le lecteur sait que Julien a bien touché Mme de Rênal : « il tira un second coup, elle tomba ». Mais la juxtaposition des deux propositions sans conjonction de coordination (qui exprimerait la conséquence) ne permet pas de décider catégoriquement si Mme de Rênal est morte ou non. Ainsi, Julien expérimente la culpabilité du criminel puisqu’il sera persuadé pendant plusieurs chapitres d’avoir belle et bien assassiné son ancienne maîtresse, avant d’être finalement démenti.

  1. Le héros sacrilège

a.

Dans la voiture, le personnage est très nerveux ; pire, « sa main ne formait sur le papier que des traits illisibles » : ce détail traduit son extrême confusion ; les mains de Julien ne lui obéissent plus, elles sont comme étrangères. Julien est en proie à une forme d’aliénation puisque, à nouveau, son corps le trahit : « fit trembler le bras de Julien d’une telle façon, qu’il ne put d’abord exécuter son dessein », « physiquement, je ne le puis ». Le corps de Julien refuse de commettre son projet criminel. D’ailleurs, bien que situé « à quelques pas » de Mme de Rênal qui est immobile, il rate son coup et est obligé de s’y reprendre à deux fois avant de la toucher.

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