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Analyse du roman Le Rouge Et Le Noir de Stendhal

Dissertation : Analyse du roman Le Rouge Et Le Noir de Stendhal. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Octobre 2013  •  3 819 Mots (16 Pages)  •  6 872 Vues

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• Stendhal, Le Rouge et le Noir, « portrait de M. de Rênal » (1830)

Objectifs et enjeux :

- Etudier un portrait au mode d’insertion original

- Montrer les liens qui unissent le personnage de roman, l’histoire et les lieux de la fiction

INTRODUCTION

- Contemporain de Honoré de Balzac, Stendhal (1783-1842) appartient à la première génération d'écrivains réalistes, mais il fut aussi influencé par le romantisme. Son roman le plus connu, Le Rouge et le Noir, fut publié en 1830, en pleine bataille romantique.

Dans l'ouverture de cette oeuvre, l'auteur nous présente un tableau réaliste d'une petite ville de province, dans le Jura, en mettant l'accent sur sa prospérité et l'influence du premier notable de la ville, un des personnages secondaires du roman.

- Le personnage de M. de Rênal qui n’est pas le protagoniste du roman, est ici présenté pour la première fois au lecteur. Stendhal emploie une technique originale qui permet de faire le portrait du personnage de façon progressive et porter un regard négatif.

Lecture analytique

I. Une présentation progressive

1) Il est d’abord remarquable que le personnage de M. de Rênal est indissociable du lieu qu’il occupe. Le narrateur, dans le passage qui précède, l’incipit, a décrit la ville de Verrières, ce sera en effet le théâtre des événements qui vont suivre. Donc le lieu est très important pour l’intrigue. La plupart des paragraphes qui constituent l’extrait sont centrés sur un lieu : le premier concerne « cette belle fabrique de clous qui assourdit les gens qui montent la grande rue » (l.2), le deuxième « dans cette grande rue de Verrières » (l.4et 5), le troisième concerne le portrait de M. de Rênal proprement dit, la quatrième se consacre à la description de la « maison d’assez belle apparence » (l.19-20), les deux derniers apportent des informations complémentaires sur M. de Rênal. Le portrait de M. de Rênal semble tenir une place assez ténue dans cet extrait.

• 2) Le narrateur élabore la fiction d’un voyageur entrant à Verrières et découvrant les lieux et les personnages pour la première fois. Le passage est introduit par un hypothétique (l.1 : « Si… ») qui introduit le lecteur dans cette fiction. La description des lieux et de M. de Rênal est donc motivée par la présence de ce personnage, qui les découvre, en même temps que le lecteur.

Ainsi, les éléments visuels sont privilégiés : M. de Rênal « a l’air affairé et important » (l.7-8). Le portrait physique suit immédiatement sa découverte : « cheveux […] grisonnants », « vêtu de gris » (l.8-9), « grand front » (l.9), « nez aquilin » (l.10). Le lexique de la vue ou des modalisateurs accompagnent ces caractéristiques ses caractéristiques : « au premier aspect » (l.11), « un certain air de contentement de soi » (l.13-14), « mêlé à je ne sais quoi de borné » (l.14), « on sent enfin » (l.14-15)

les autres informations sur M. de Rênal sont délivrées par d’autres personnages rencontrés par le « voyageur » ; ceux-ci détaillent ses biens, en particulier dans des discours directs « on lui répond avec un accent traînard : Eh ! elle est à M. le maire » (l.2-3), des discours indirects « On lui apprend que cette maison appartient à M. de Rênal » (l.20), du discours indirect libre (à partir de la ligne 20) « C’est aux bénéfices… »

Le portrait de M. de Rênal progresse donc en même temps que le voyageur effectue sa promenade.

3) Le narrateur souligne sa puissance et son autorité. Celui-ci est d’abord caractérisé par son autorité politique : il est présenté d’emblée comme « M. le Maire » (l.3) et le narrateur souligne la « dignité du maire de village » (l.11)

Mais il représente aussi une autorité financière : ses nombreuses possessions témoignent de sa réussite sociale (la fabrique de clous, la belle demeure), et la position de sa maison, en haut de la grande rue de Verrières, témoigne de son succès.

Cette propriété domine la ville mais aussi offre une vue sur « une ligne d’horizon formée par les collines de la Bourgogne » (l.21), symbolisant ainsi l’ambition du personnage.

Les autres personnages sont indifférenciés dans cet extrait : le pronom personnel indéfini « on » les représente, ou bien ils ne sont désignés que par leurs vêtements, « leurs chapeaux » (l.8), dans une synecdoque. Seul personnage à posséder une identité, M. de Rênal acquiert un statut supérieur.

II. La satire du riche provincial

1) L’ensemble de l’extrait mentionne la ville de Verrières et effectue sa description, en même temps que celle du personnage qui occupe la position sociale la plus importante de la ville. En soulignant le fait que le « voyageur » qui arrive dans cette ville soit « parisien » (l.13), le narrateur amplifie la distance qui sépare celui-ci des provinciaux rencontrés. Ainsi, tout doit surprendre ce voyageur, double du lecteur, jusqu’à « l’accent traînard » des habitants (accent « suisse », la ville étant proche de la Suisse). Le narrateur circonscrit ainsi la puissance de M. de Rênal à Verrières et laisse présager une réussite limitée dans l’espace.

2) Mais cette mention de l’identité du voyageur offre aussi la possibilité au narrateur d’émettre sur le personnage toute une série de jugements qui évoluent au cours de l’extrait. Ainsi, M. de Rênal est tout d’abord vu comme un personnage important « au premier aspect », sa physionomie « réunit à la dignité du maire cette sorte d’agrément qui peut encore se rencontrer avec quarante-huit ou cinquante ans » (l.11-13). Le lien logique « mais » vient apporter une restriction, et la phrase suit juxtapose quatre défauts : « contentement de soi », « suffisance », « borné », « peu inventif » (l.13-14). Dans une sorte d’élargissement, le voyageur émet aussi ses impressions négatives sur la ville où règne « l’atmosphère empestée des petits intérêts d’argent dont il commence à être asphyxié » (l.23-24). La puissance financière de M. de Rênal, soulignée notamment à travers l’emploi à deux reprises du mot « payer » (« se faire payer », « payer lui-même », l.15-16), contribue à mettre le voyageur mal à l’aise. Malgré toutes les possessions de M. de Rênal et son autorité, l’univers présenté semble étriqué, borné, tout comme l’est ce personnage.

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