Sophocle, Antigone, c. 891-928
Cours : Sophocle, Antigone, c. 891-928. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 22 Juin 2013 • Cours • 363 Mots (2 Pages) • 734 Vues
Séquence 2 : « Antigone hors la loi »
TEXTE 4 : Sophocle, Antigone, v. 891-928
Traduction
Robert PIGNARRE, Théâtre de Sophocle. Paris, Classiques Garnier, t. I, 1947
ANTIGONE. Tombeau, ma chambre nuptiale, mon éternelle prison dans la terre ! je vais y retrouver les miens, que Perséphone a presque tous accueillis parmi les morts. La dernière et de loin la plus misérable, je descends à mon tour, avant d'avoir épuisé ma part de vie. Mais qu'importe ? Je nourris l'espoir que, là-bas, ma venue sera chère à mon père, et à toi aussi, mère chérie, et à toi, frère bien-aimé !
Quand vous êtes morts, je vous ai lavés de mes mains, je vous ai parés, j'ai versé sur votre tombe les libations. Et aujourd'hui, Polynice, pour avoir pris soin de ta dépouille, tu vois mon salaire. Pourtant j'avais raison. Si j'étais mère et qu'il s'agît de mes enfants, ou si c'était mon mari qui fût mort, je n'aurais pas violé la loi pour leur rendre ces devoirs. Quel raisonnement me suis-je donc tenu ? Je me suis dit que, veuve, je me remarierais et que, si je perdais mon fils, mon second époux me rendrait mère à nouveau, mais un frère, maintenant que mes parents ne sont plus sur la terre, je n'ai plus d'espoir qu'il m'en naisse un autre. Je n'ai pas considéré autre chose quand je t'ai honorée particulièrement, ô chère tête fraternelle ! Cependant Créon prononce que j'ai commis un crime d'une audace effroyable. Il me fait arrêter, il m'emmène, il me prive de mon fiancé, de mes noces, de ma part d'épouse et de mère; sans amis, seule en mon infortune, je descends vivante au caveau des morts : quel décret divin ai-je donc violé? Mais à quoi bon, hélas ! Lever encore mes regards vers les dieux ? Qui appellerais-je au secours, quand ma piété ne m'a valu que le renom d'impie ? Si les dieux trouvent bon qu'on m'ait traitée de la sorte, alors, au milieu de mon supplice, je confesserai que j'étais criminelle; mais si le crime est de l'autre côté, puissent mes persécuteurs n'avoir point à souffrir plus de maux qu'ils ne m'en font souffrir injustement !
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