LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Scène 7 Acte V Lorenzaccio, Musset.

Fiche de lecture : Scène 7 Acte V Lorenzaccio, Musset.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Novembre 2016  •  Fiche de lecture  •  2 196 Mots (9 Pages)  •  1 130 Vues

Page 1 sur 9

Séquence VI – L.A. N°4 - Analyse de la scène 7 de l’acte V, l. 1-55, p. 179-181

I. Un héros désespéré

1. Un écho du premier dialogue avec Philippe (III, 3)

À la ligne 12, Philippe remarque : « vous n’êtes pas changé, Lorenzo » ; effectivement, Lorenzo se montre dans cette conversation aussi désabusé que lors du premier échange entre les deux hommes à la scène 3 de l’acte III (p. 95-109). Dans la scene 7, Lorenzo ne cesse de répéter des choses qu’il a déjà dites à Philippe lors de leur longue conversation de l’acte III. Il souligne d’ailleurs lui-même ces effets de reprise : ≪ je ne puis que vous répéter mes propres paroles ≫ (l. 38). Par exemple, dans la longue scène centrale, Lorenzo avouait : ≪ j’aime le vin, le jeu et les filles ≫ (p. 108) et il réitère cette confession ici : ≪ j’aime encore le vin et les femmes ≫ (l. 40). De meme, le héros affirmait, en amont dans la piece, se sentir ≪sérieux comme la mort au milieu de [s]a gaieté ≫ (p. 106), expression antithétique qui est ici reprise par Philippe pour qualifier l’humour désespéré de Lorenzo : ≪ votre gaieté est triste comme la nuit ≫ (l. 12). Enfin, l’affirmation ≪ Philippe, j’ai été honnête ≫ (p. 100) est répétée mot pour mot dans cette scène 7 (l. 39-40).

2. Le cynisme de Lorenzo

« Votre gaieté est triste comme la nuit » (l. 12) : cette citation est composée d’une antithèse (puisque ≪gaieté≫ s’oppose à l’adjectif ≪ triste ≫) et d’une comparaison qui associe la gaieté à la nuit. La contradiction qui se dégage de cette expression semble bien convenir au caractère de Lorenzo qui apparait particulièrement cynique dans cette scène. La premiere marque d’amertume grinçante de la part du personnage est la manière détachée avec laquelle il annonce la mort de sa mère. Il ne laisse paraître aucune émotion et se contente d’inviter Philippe à aller se promener (l. 1-2). Par la suite, l’ironie du personnage est palpable dans la manière très distanciée dont il envisage sa propre mort. Ainsi, on peut noter la gradation hyperbolique des lignes 6 à 11 (≪ à Rome ≫, ≪ dans toute l’Italie ≫, ≪ dans toute l’Europe ≫, ≪ dans tous les carrefours de l’immensité ≫) qui souligne avec ironie et distance le fait que Lorenzo n’a aucun espoir d’en réchapper. Son amertume se ressent également dans la lucidité désespérée dont il fait preuve et qui le rend ≪ plus vieux que le bisaïeul de Saturne ≫ (l. 20). Mais le paroxysme de l’ironie est atteint lorsque Lorenzo feint de prendre la responsabilité des fautes commises par le peuple et par les républicains alors même que, par son geste meurtrier, c’est lui qui leur a offert l’opportunité de reprendre le contrôle sur leur devenir politique : ≪ J’en conviens ; que les républicains n’aient rien fait à Florence, c’est là un grand travers de ma part. Qu’une centaine de jeunes étudiants, braves et determinés, se soient fait massacrer en vain ; que Côme, un planteur de choux, ait été élu à l’unanimité ; oh ! je l’avoue, je l’avoue, ce sont là des travers impardonnables, et qui me font le plus grand tort ≫ (l. 24-29). Lorenzo apparait donc extrêmement amer dans cette scène et le spectateur comprend peu à peu que son cynisme cache en fait une grande colère. Le protagoniste dénigre l’attitude du peuple et des républicains, lâches et dociles, qui n’ont pas su tirer parti du meurtre qu’il a commis. Loin de la sensation de libération éprouvée juste après le meurtre, le héros sait que sa mort est désormais inéluctable et que son meurtre, comme il l’avait prédit, n’a conduit qu’à un double échec : le sien et celui de la république florentine.

3. Un être empli de contradictions

Jusqu’au bout de la pièce, Lorenzo paraît souffrir de ses contradictions. Au cours de la scène 7, Lorenzo souligne à plusieurs reprises les contradictions entre son apparence inchangée et son être intérieur, vide de toute substance depuis l’échec du meurtre. Il affirme qu’il est ≪ plus creux et plus vide qu’une statue de fer-blanc ≫ (l. 16-17) même s’il ≪ porte les mêmes habits, […] marche toujours sur [s]es jambes, et […] bâille avec [s]a bouche ≫ (l. 14-15). Plus loin, malgré sa jeunesse, il déclare être ≪ plus vieux que le bisaïeul de Saturne ≫ (l. 20). Philippe remarque que malgré son humour grinçant, Lorenzo est ≪ triste comme la nuit ≫ (l. 12). Le ton décalé et ironique qu’il emploie souligne d’ailleurs la distance du héros envers lui-même.

II. Une conversation sans issue

1. Des caractères inconciliables

Comme à la scène 3 de l’acte III, Philippe et Lorenzo demeurent deux caractères difficiles à concilier. Philippe se montre toujours d’un optimisme confiant. Il exhorte Lorenzo à vivre : ≪ vous êtes jeune ≫ (l. 19), ≪ vous n’avez point encore fini sur la terre ≫ (l. 31-32) et l’invite à renouer avec son humanité maintenant que le crime est achevé : ≪ redevenez un homme ≫ (l. 18), ≪ Quand vous ne devriez faire désormais qu’un honnête homme, qu’un artiste, pourquoi voudriez-vous mourir ? ≫ (l. 36-37). Ce regard confiant et tourné vers l’avenir se heurte à la lucidite pessimiste et desespérée de Lorenzo. En effet, celui-ci nie avec fatalisme la possibilité qu’une part d’humanité demeure en lui, comme le révèlent les deux métaphores suivantes, dans lesquelles il se réifie (devient un objet) : ≪ je suis plus creux et plus vide qu’une statue de fer-blanc ≫ (l. 16-17), ≪ j’étais une machine à meurtre, mais à un meurtre seulement ≫ (l. 33-34).

2. Une vision du peuple opposée

Lorenzo et Philippe s’opposent également sur leur vision du peuple. Lorenzo se montre particulièrement misanthrope lors de sa dernière apparition sur scène. A part les étudiants, qu’il qualifie de ≪braves et déterminés ≫ (l. 26) et qu’il évoque comme des martyrs qui se sont ≪ fait massacrer en vain ≫ (l. 26-27), il parle des hommes avec une condescendance méprisante. Ainsi, le nom de Côme est associé à l’apposition moqueuse ≪ un planteur de choux ≫ (l. 27), dans laquelle le déterminant indéfini souligne la dimension quelconque du personnage. Quant aux républicains, ils sont evoqués avec ironie à travers une fausse confession (l. 24-25) dans laquelle Lorenzo fait mine de reconnaître ses ≪ travers ≫ mais où il critique en fait l’inaction politique des Huit. En feignant

...

Télécharger au format  txt (13.3 Kb)   pdf (133.2 Kb)   docx (13.3 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com