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Question de corpus : des héros face à la justice

Commentaire d'oeuvre : Question de corpus : des héros face à la justice. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Décembre 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  891 Mots (4 Pages)  •  1 821 Vues

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Ce corpus rassemble trois extraits de romans qui placent les héros de ces romans face à la justice. Il comprend un passage du Rouge et le Noir de Stendhal, roman publié en 1830 ; un extrait des Misérables de Victor Hugo, publié en 1862 ; et un passage de L’Étranger de Camus, roman publié en 1942, et dont l'action se situe en Algérie française. Nous verrons dans une première partie comment les protagonistes se comportent face à leurs juges, puis nous montrerons que ce moment décisif qui scelle le destin des personnages est l'occasion de revenir sur leur parcours.

I-1. Des personnages face à une même situation sur le banc des accusés ; scène du procès pour les textes de Stendhal et Camus ; scène de l'enchaînement pour Jean Valjean après le rappel des faits et du verdict, « cinq ans de galères » (l.19). Aucun doute sur le sort des deux autres. Trois coupables qui seront punis avec sévérité par ceux qui les condamnent.

2. Des attitudes et des réactions différentes face à leurs juges :

  • Révolte pour Julien, incompréhension pour Jean Valjean, indifférence pour Mersault.
  • Prise de parole de Julien, malgré sa résolution de ne point parler (l.3). Il adresse aux « jurés » (l.6) un discours dans lequel il reconnaît les faits, mais, s'il prend la parole, c'est « par horreur du mépris » (l.7) dont il est l'objet de la part des « bourgeois indignés » (l.21) qui s'offusquent de l'ambition des jeunes gens « mal-nés » de son siècle, qui comme lui ont tenté d'échapper à leur condition ; un discours accusateur, de révolte contre la société inégalitaire de la Restauration, tandis que Jean Valjean et Mersault, eux, restent silencieux. Mersault en effet, d'abord réduit au silence par son avocat, ne juge pas nécessaire ensuite d'intervenir malgré le discours du procureur qui l'accable et malgré la conscience qu'il a d'être tenu à l'écart de ce qui se joue dans ce tribunal, comme l'indiquent les compléments circonstanciels de manière « en dehors de moi », « sans mon intervention », « sans qu'on prenne mon avis » (l.8-9). Le silence de Mersault n'a rien à voir avec celui de Jean Valjean, réduit au silence, non par indifférence à son sort mais par désespoir : « les larmes […] l'empêchent de parler » (l.29). Profonde détresse d'un homme accablé qui ne comprend pas la sévérité du châtiment ; le narrateur souligne par l'antithèse entre « quelque chose d'excessif » (l.28) e « la chose quelconque qu'il avait faite » (l.33), le caractère dérisoire du vol et la lourdeur de la peine qui anéantit Jean Valjean.

II- Ces scènes constituent un moment décisif dans le parcours des héros puisque elles fixent leur destin. Elles ont l'occasion pour les auteurs d'un retour sur la vie de leur personnage.

1. Même origine sociale pour les trois héros : origine humble.

2. Le retour sur la vie des héros d'avant ce moment pénible est mené par des procédés de narration différents : insistance dans le récit d'Hugo à travers le vocabulaire affectif qui montre ce malheureux » (l.24), celle du narrateur aussi et de l'auteur pour ce « pauvre homme ignorant de tout » (l.27), ou encore dans les commentaires sur la dureté et les manques d'une justice responsable de « l'abandon d'un être pensant ! » (l.29), une justice qui réduit un pauvre travailleur et père de famille coupable du vol d'un pain à abandonner les siens à la misère. Dans le discours que Julien adresse à ses juges, il rappelle son origine de fils de paysan, son ambition de réussir, sa révolte « contre la bassesse de sa fortune » (l.9), sa réussite sociale due à la protection de Madame de Rênal, à laquelle il rend un sincère hommage, « son audace » enfin à s'être « mêlé de ce que les gens riches appellent la société » 'l.18). Quant à Mersault, les différences étapes de son parcours sont revisitées à travers le discours ) charge du procureur dont Mersault reprend dans son monologue intérieur certains points, sans intervenir toutefois malgré cette reconstitution fausse des faits racontés dans la première partie du roman : son « insensibilité » au moment de la mort de sa mère, son absence d'émotion « au cours de l'instruction » (l.40), ses mauvaises fréquentations. Le procureur veut montrer que le crime , prémédité, est le résultat d'une « moralité douteuse » et d'« une âme criminelle » (l.18). Si cette reconstitution est « plausible » (l.23), Mersault, comme le lecteur, sait qu'elle est inexacte. Procès ici encore d'un homme ordinaire, simple employé de bureau à Alger, dont le premier crime est celui de ne pas se conformer au jeu social d'une société bourgeoise et sûre d'elle, contre laquelle d'ailleurs il ne se révolte pas, et à laquelle il reste « étranger ». C'est sur son attitude plus que sur son acte qu'il sera jugé.

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