Pourquoi peut-on parler d'esthétique de continuité ou de rupture dans les œuvre de Pasolini et de Sophocle ?

De nombreuses versions du mythe d’Œdipe ont été écrites au fil des siècles. Parmi elles, celle du dramaturge antique grec Sophocle Œdipe Roi datant du -Vème siècle et l'adaptation cinématographique Edipo Re du réalisateur et journaliste italien Pier Paolo Pasolini en 1967. Près de 2500 ans séparent ces deux œuvres et pourtant toutes deux présentent les caractéristiques d'une esthétique de rupture et de continuité. Pourquoi peut-on parler d'esthétique de continuité ou de rupture dans les œuvre de Pasolini et de Sophocle ? Nous nous interrogerons ainsi sur les éléments présents dans ces deux représentation du mythe originel d’œdipe qui participent à ces esthétiques. Pour ce faire nous étudierons dans un premier temps l'unité et les multiples ruptures présentes dans la structure formelle de ces œuvres puis dans un second temps les fractures dans la continuité du mythe.

Toute œuvre possède une unité et des ruptures qui lui sont propres, les œuvres de Pasolini et de Sophocle traitant du mythe d’Œdipe ne dérogent pas à cette règle. En effet toutes deux présentent des éléments qui assurent une fluidité et un fil conducteur ainsi que de fractures dans leur forme. Tout d'abord chez Pasolini on peut très évidemment noter la composition en plusieurs volets que met en place Pasolini dans la séparation des trois époques différentes présentes dans le film. Ainsi on peut très distinctement différencier l'époque centrale des deux autres car celle-ci semble prendre place dans une époque antique toutefois très peu délimitée et définie par une seule civilisation. Ainsi Pasolini met un place un certain syncrétisme au travers d'un décor typiquement marocain, d'une musique traditionnelle japonaise et de costumes de plusieurs civilisations différentes. Au travers de ce syncrétisme culturel le spectateur est renvoyé aux origines des civilisations tout en étant projeté dans une dimension caractérisée par le réalisateur de « fantasmagorique » qu'il définit également « d'hallucinatoire » au travers de laquelle il met en scène une culture bien précise composée de toutes les autres. Dans cette division du film une continuité peut tout de même être notée au travers de la récurrence des mêmes acteurs incarnant les mêmes personnages dans les différentes parties du film. On peut alors citer les exemples de Luciano Bartoli qui autant dans la période des années vingt que dans la période mythique ou dans les années 70 incarne la figure paternelle de Laïos. Il en va de même pour l'actrice Silvana Mangano qui,elle, revêt du début à la fin de l’œuvre la fonction de mère aimante ainsi que pour le personnage d’Œdipe adulte qui lui est incarné par Franco Litti. Cette reprise des mêmes acteurs dans les différentes articulations du film assure ainsi au spectateur un moyen de suivre l'intrigue malgré les transitions inter-époques plutôt brusques. Ces dernières sont par ailleurs l'expression d'une esthétique propre à Pasolini qui consiste à rendre visibles les faux-raccords car il convient, selon lui, à l'art du XXième siècle d'être un art d'inconfort de lisibilité ainsi que de compréhension.

La première caractéristique notable chez Sophocle est sans aucun doute le laps de temps sur lequel se déroule la scène dans cette

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