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Place de la Poétique dans l’œuvre d'Aristote

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Par   •  5 Octobre 2014  •  Analyse sectorielle  •  2 250 Mots (9 Pages)  •  694 Vues

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La Poétique (en grec : Περὶ ποιητικῆς / Perì poiêtikês, « De la poétique ») est un ouvrage d’Aristote portant sur l'art poétique et plus particulièrement sur les notions de tragédie, d’épopée et d’imitation. Il a été rédigé probablement autour de 335 avant J.-C. Il a influencé la réflexion occidentale sur l'art pendant des siècles et suscité de nombreux débats.

Place de la Poétique dans l’œuvre d'Aristote

Rhétorique et la Métaphysique

Les liens entre la Métaphysique et la Poétique sont nombreux bien que dispersés.

Aristote distingue ainsi dans la Métaphysique trois types de sciences : les sciences théorétiques, les sciences pratiques et les sciences poétiques. La Poétique étudie la partie poétique dans une perspective descriptive et normative.

Rhétorique et Poétique

Les liens entre la Poétique et la Rhétorique sont très étroits. Dans ces deux textes, Aristote se penche en effet sur les mêmes notions : persuasion, métaphore, expression (lexis). De manière plus générale, ces deux textes ont pour objet l'efficacité que peuvent avoir des productions verbales sur les auditeurs (dans le cas de la rhétorique) ou sur les spectateurs (dans le cas des arts poétiques). Certaines notions comme la métaphore et l'expression sont néanmoins plus longuement traitées dans la Rhétorique.

Mais on peut aussi mettre en relation la Poétique et la Politique d'Aristote dans la mesure où la notion clé qu'est la catharsis fait son apparition dans ces deux livres.

Présentation succincte

Le plan de la Poétique d'Aristote n'est pas toujours parfaitement cohérent et facile à déterminer. Néanmoins on peut établir les points suivants :

1. Dans les chapitres 1 à 5, Aristote introduit les catégories et concepts grâce auxquels il classe et analyse les différentes formes de productions poétiques ; il classe ainsi ces dernières en fonction :

de la façon dont elles représentent leur objet (est-ce qu'elles représentent leur objet comme il est, en mieux ou en pire ?),

de leur moyen pour représenter cet objet (est-ce qu'elles le représentent au moyen de mots, d'images…),

de la manière dont le poète intervient dans le récit (est-ce qu'il est un narrateur qui intervient dans le récit ou est-ce qu'il se retire par rapport à ses personnages comme au théâtre ?).

2. Dans les chapitres 5 à 22, Aristote traite essentiellement de la tragédie, de la catharsis même s'il aborde aussi des questions relatives à l'expression et à la métaphore.

3. Dans les chapitres 22 à 24 il est question de l'épopée.

4. Enfin, dans les chapitres 25 à 26 Aristote aborde un certain nombre de problèmes relatifs à Homère.

La production poétique (chapitre 1 à 5)

Aristote pense la création artistique et la production artisanale comme des productions poétiques (du grec ποίησις, poesis) et non « pratiques » (de πρᾶξις, « praxis »). Cela signifiant qu'elles n'ont pas leur fin en elles-mêmes à la différence de la praxis, qui a sa fin en elle-même (telle l'action morale)1.

L’art poétique comme imitation

Dans la Poétique, Aristote reprend le concept de mimesis à Platon et semble, par là, s’inscrire dans la tradition platonicienne en présentant l’art comme une imitation. En effet, Platon explique au livre X de La République que l'œuvre d'art n'est qu'une imitation d'imitation, la copie d'une copie. Car l’artiste ne fait qu’imiter l’objet produit par l’artisan ou par la nature, objet sensible qui est lui-même la copie ou l'imitation de son essence (l'Idée ou Forme). L’art pour Platon, en tant que production d’objet, n’est donc qu’une imitation de second ordre, copie de la copie de l'Idée. L'œuvre d'art est ainsi de piètre valeur, car doublement éloignée de la vérité. Et l'artiste lui-même apparaît comme un danger pour la réalisation de la République, puisqu'il est un illusionniste, qui fait tenir pour vrai ce qui est faux et peut ainsi renverser dans l'apparence qu'il construit l'ordre des valeurs.

Source du plaisir esthétique

C'est sur ce point qu'Aristote se sépare de Platon. En effet, Aristote ne songe pas à exclure les artistes de la cité. Aristote présente en effet la notion d’imitation sous un jour tout à fait nouveau. Pour lui, par nature, les hommes aiment imiter2. Selon Aristote, il y a deux raisons à cela. D'abord ils en retirent du plaisir car l'objet, tel que le représente le poète ou l'artiste, est plus beau qu'en réalité. Aristote prend ainsi pour exemple une peinture représentant des cadavres mais qui plaisent, car grâce au « fini dans l'exécution » 3, la peinture est plaisante à voir. « [Des] objets réels que nous ne pouvons pas regarder sans peine, nous en contemplons avec plaisir l'image la plus fidèle ; c'est le cas des bêtes sauvages les plus repoussantes et des cadavres. »4

En outre, les hommes, par le travail des poètes, accèdent à une certaine forme de connaissance. Le poète permet de faire connaître la forme ou l'essence des choses car en voyant un objet représenté par un artiste, nous nous disons « tiens, c'est exactement ainsi qu'est la chose ».

Le plaisir esthétique fait ainsi sa première apparition dans l’histoire de la philosophie. Il est produit par l'émotion que provoque l'œuvre, qui touche et excite nos passions qui trouvent en elle un exutoire : « il s'agit, non seulement d'imiter une action dans son ensemble, mais aussi des faits capables d'exciter la terreur et la pitié, et ces émotions naissent surtout et encore plus, lorsque les faits s'enchaînent contre notre attente »5.

Il insiste cependant sur la distance existant entre la chose représentée et son imitation :

l’imitation ressemble à cet objet mais n’est pas lui, elle résulte du travail de l’artiste, de la manière dont il met en forme son modèle ;

l’imitation peut donc être belle, en tant que fruit de l’élaboration de l’artiste, à partir de n’importe quel modèle, et même si ce modèle n’est pas beau en lui-même.

En

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