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Peut-on définir le roman ?

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Par   •  22 Avril 2022  •  Dissertation  •  8 123 Mots (33 Pages)  •  285 Vues

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Peut-on définir le roman ?

Romancier et essayiste Pascal Quignard affirme dans la revue Débat (n°54, mars-avril 1989, p.77-78) :

«  Il est l’autre de tous les genres, l’autre de la définition. Par rapport aux genres et à ce qui généralise, il est ce qui dégénère, ce qui dégénéralise. Là ou il y a un toujours, mettez un parfois, là ou il y a un tous, mettez un quelques, et vous commencerez d’approcher du roman. »

Marthe Robert écrit dans Roman des origines et origines du roman, Gallimard, 1972: «  Avec la liberté du conquérant dont la seule loi est l’expansion infinie, le roman qui a aboli une bonne fois pour toutes les anciennes formes classiques (…) s’approprie toutes les formes d’expression, exploite à son profit tous les procédés. Il s’empare de secteurs de plus en plus vastes de l’expérience humaine dont il donne un reproduction en l’interprétant à la façon du moraliste, de l’historien, de théologien, du philosophe. »

Définir le roman est ainsi une longue entreprise puisqu’il est œuvre protéiforme en continuelle évolution. Celui-ci ne cesse de se redéfinir, de préciser et d’élargir son emprise et son hégémonie sur les autres genres littéraires, tel que la poésie, le conte, ou encore le théâtre.

Etymologiquement, le terme « roman » est issu du latin médiédieval romanice, signifiant « en langue vulgaire ». Avec le temps, cette définition s’est modifiée pour devenir ce que l’on entend aujourd’hui par « roman », soit une œuvre littéraire d'une certaine longueur, associant fiction et réalité pour susciter l’intérêt du lecteur grâce à une intrigue et différents personnages, présentés aussi bien dans leur mentalité que leur milieu social ou leur aspect physique. Le roman, accessible au public lecteur, entretient l’illusion d’une vérité, il est une œuvre vraisemblable, qui s’inspire de la réalité pour en faire son œuvre. Il est rendre fiction la réalité. C’est la vision de Louis Aragon sur le roman, puisque le surréaliste soutient que « L’art du romancier est de savoir mentir mais mentir en créant l’illusion de vérité ».« Le roman est un mentir-vrai. Il falsifie la vie, et comme tout autre art, il choisit dans le réel et le recrée.» Recueil d’essais, J'abats mon jeu, 1959. On appelle alors « roman » le genre littéraire auquel appartiennent des récits fictifs qui se donnent pour réels. La plume s’inspire de la réalité et en fait un récit littéraire pour créer un roman.

Au XVII et XVIIIème siècle, le roman n’est pas un genre noble, il est considéré avec condescendance. Daniel Defoe, auteur de Robinson Crusoé refuse même de considérer son œuvre comme un roman qui serait « bon pour les goujats ». L’on se moque des romans qui utiliseraient tous les mêmes procédés, feraient tous preuve d’une même sensiblerie, au sens péjoratif du terme. A la fin du XIXème siècle, l’on parle de crise à propos du roman. Le problème posé est celui du « réalisme ». Il est reproché aux écrivains d’utiliser des techniques préfabriquées, synthétiques, pour offrir au lecteur une vision réaliste du monde, donc de se servir de leur plume et empirisme sans pour autant dresser un honnête portrait de ce qui les entoure, d’êtres « faux ».

La difficulté à définir le roman résiderait ainsi dans sa mouvance continuelle avec la réalité dont il s’inspire. La définition du roman depuis longtemps entreprise ne peut alors se dire complète. A ce sujet, le romancier et essayiste Pascal Quignard affirme dans la revue Débat (n°54, mars-avril 1989, p.77-78) : « Il est l’autre de tous les genres, l’autre de la définition. Par rapport aux genres et à ce qui généralise, il est ce qui dégénère, ce qui dégénéralise. Là où il y a un toujours, mettez un parfois, là où il y a un tous, mettez un quelques, et vous commencerez d’approcher du roman. »

Puisque le roman a toujours évolué, et à assimilé tous les genres (« dégénéré »), alors sa définition est approximative. Le roman intègre, assimile, incorpore les genres. Il « dégénéralise », parle du singulier, du particulier et de son unique forme. Chaque roman est une exception, est son propre modèle. Pascal Quignard, pour expliquer sa vision du roman, passe par la définition négative. Il n’explique pas ce qu’est le roman, mais plutôt ce qu’il n’est pas. Il le définie par opposition, par ses différences : le roman est autre, « l’autre de tous les genres », il est même indéfinissable, puisqu’il est aussi « l’autre de la définition ».  Le roman, sans une série de normes pour le définir et l’encadrer, a donc la liberté d’intégrer d’autres genres tout en conservant sa singularité : il « est ce qui dégénère, ce qui dégénéralise ». L’auteur, met aussi en avant l’impossibilité à définir précisément et immuablement la roman, on ne peut que s’en « approcher ». Les antithèses opposant les adverbes temporels « toujours » et « parfois » et les adjectifs indéfinis « tous » et « quelques » marquent la singularité du genre romanesque. A l’inverse des autres genres qui visent une vision ou description universelle, unifiante, le roman ambitionnerait le relatif et le singulier, se concentrant sur une famille, un personnage plutôt que la société ou le monde. On peut ainsi se demander comment définir le roman, ou du moins comment s’approcher de sa définition si celle si réside dans la singularité.

En effet, comme l’explique Pascal Quignard, le roman est souvent défini comme un genre sans lois, sans contraintes à respecter, ce qui le différencierai des autres genres et l’attacherait aux témoins du relatif et de l’exception que sont « parfois » et « quelques ». Mais, si le roman est associé à la diversité et à la singularité alors, par opposition, les autres genres seraient fixés, régit par des normes et rattachés à un « toujours » et à un « tous ». Alors il peut exister un code romanesque qui ferait du roman un genre unique et pas pour autant dissociable des autres genres littéraires.

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