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Personnage Le père Griot

Fiche de lecture : Personnage Le père Griot. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Octobre 2013  •  Fiche de lecture  •  1 233 Mots (5 Pages)  •  876 Vues

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Goriot a donné son nom à l’œuvre, et son patronyme a été accolé à l’appellation de père. Cette dénomination a deux origines.

La première est peu flatteuse. Elle est due à la minable jalousie de Madame Vauquer, à sa vengeance mesquine, à sa sournoise cruauté : elle entend faire endosser à un innocent la responsabilité des déboires financiers qui ont fait suite aux impayés de la comtesse de l’Ambermesnil. Cette dénomination familière traduit la baisse de considération, puis le mépris déguisé de l’hôtesse qui perçoit la baisse des revenus de son pensionnaire : « Malheureusement, à la fin de la deuxième année, monsieur Goriot justifia les bavardages dont il était l’objet, en demandant à madame Vauquer de passer au second étage, et de réduire sa pension à neuf cents francs. Il eut besoin d’une si stricte économie qu’il ne fit plus de feu chez lui pendant l’hiver. La veuve Vauquer voulut être payée d’avance, à quoi consentit monsieur Goriot, que dès lors elle nomma le père Goriot. Ce fut à qui devinerait les causes de cette décadence. »

La seconde que le lecteur averti découvre progressivement est plus élogieuse. Elle correspond au projet de Balzac. Elle est une qualification absolue : Goriot est fondamentalement un père. Il n’existe que comme père. Balzac entend peindre dans ce personnage la passion paternelle. Cette vertu poussée à l’extrême devient un martyre. Comme toute passion, elle est aveuglement et côtoie la folie. Balzac veut faire œuvre de moraliste en étudiant un beau spécimen de vertu dégénérée5. Balzac cultive le paradoxe en montrant magistralement que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Goriot s’enfonce peu à peu dans sa monomanie, perdant tout contact avec le réel lorsqu’il ne s’agit plus du bonheur de ses filles. Sa déchéance est d’autant plus pathétique que le pauvre père s’illusionne et qu’il se trompe radicalement dans sa conception de la paternité. Pour lui, l’idéal du père est de satisfaire les moindres caprices de ses enfants. Son éducation est non seulement laxiste, mais de plus elle se trompe sur les moyens de parvenir au bonheur familial. Il donne sans cesse l’impression de vouloir acheter l’affection de ses filles. Finalement il est rejeté par ses gendres6 comme un être peu fréquentable car il n’a pas su inspirer le respect et s’est dépossédé du seul bien qui le rendait aimable. De même il s’expose à l’ingratitude de ses filles qui ne voient en lui que le pourvoyeur de leur vicieuse paresse, de leur inconséquente futilité. Faute de leur avoir appris la frustration, la valeur du manque, Goriot ne leur a pas permis d’accéder à une autonomie affective. Sa passion fusionnelle a infantilisé ses enfants.

Balzac a décrit une pathologie qui va détruire le pauvre homme. Goriot se refuse à juger ses filles. Il leur porte une affection sans mesure, c’est un torrent d’amour qui se déverse à fonds perdu, c’est un sacrifice perpétuel puisque Goriot a renoncé à sa propre existence. Goriot, dans son mépris des convenances et dans l’excès de sa tendresse, est devenu tout à la fois un père et une mère de remplacement pour ses enfants. Il attend en vain leurs confidences et ne reçoit que leurs besoins. Ces besoins qui le réduisent à n’être qu’un pourvoyeur de fonds l’avilissent en lui faisant perdre toute retenue et toute conscience morale. Le voilà transformé en voyeur, puis en entremetteur pour satisfaire son affection insatiable.

Balzac donne à cette affection désordonnée un caractère absolu en l’élevant à une mystique pas très catholique. « Enfin, je vis trois fois. Voulez-vous que je vous dise une drôle de chose ? Eh bien ! quand j’ai été

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