Ou on va papa? de Jean Louis Fournier

Où on va papa ? de Jean Louis Fournier

Ou on va papa ? est une relecture. Le témoignage d’un père qui n’a pas eu un, mais deux enfants handicapés mentaux et physiques. Il m’avait beaucoup marqué il y a sept ans lorsqu’on me l’a offert et travaillant avec des enfants déficients, j’ai eu envie de le relire. Il m’a un peu moins touché que la première fois mais j’ai quand même beaucoup aimé le lire.

D’emblée le ton est donné dans le premier chapitre, l’auteur veut rendre hommage à ses enfants. Je le cite « Maintenant que Mathieu est parti chercher son ballon dans un endroit ou on ne pourra plus l’aider à le récupérer, maintenant que Thomas, toujours sur la Terre, a la tête de plus en plus dans les nuages, je vais quand même vous offrir un livre. Un livre que j’ai écrit pour vous. Pour que qu’on ne vous oublie pas, que vous ne soyez pas seulement une photo sur une carte d’invalidité. Pour écrire des choses que je n’ai jamais dites. Peut être des remords. Je n’ai pas été un très bon père. Souvent je ne vous supportais pas, vous étiez difficile à aimer. Avec vous il fallait une patience d’ange, et je ne suis pas un ange ».

.         Même si  Jean Louis Fournier raille, plaisante, se moque sans méchanceté, il sait manier les mots et  utiliser de belles formules pour parler de ses deux fils et j’ai trouvé ça beau et d’une certaine manière émouvant.

Jean Louis Fournier ose grâce à son statut de père aborder ce sujet difficile en nous faisant sourire, en faisant de mauvaises plaisanteries et en n’étant pas politiquement correct. Après tout comme il le dit lui-même « je me moque moi-même de mes enfants, c’est mon privilège de père » et c’est surtout la seule manière qu’il a trouvé de garder la tête hors de l’eau.

Il ne nous épargne pas, toujours sur le ton du sarcasme, et avec une pointe d’aigreur et de regret, il nous raconte quelques anecdotes sur sa vie avec ses deux fils lourdement handicapés. Une épreuve qu’il préfère tourner à la plaisanterie car ses deux fils lui ont aussi fait vivre des moments cocasses.

Je crois qu’a sa sortie ce livre n’a pas plu à tout le monde et je comprend que certains puissent être choqué pas la manière qu’il a de se moquer de tout, de ses enfant, des éducateurs qui « organisent des combats d’enfants » pour arrondir leur fins de mois, de la bonne, et des gens qui ne comprennent pas le handicap. Il peut quelque fois être choquant comme lorsqu’il avoue que parfois quand il est seul en voiture avec ses fils il envisage d’acheter une bouteille de whisky et de gaz et de vider les deux ; ou encore qu’il a parfois eu envie de jeter ses fils par la fenêtre.

Mais moi cela ma fait sourire car malgré ce ton cynique et cet humour noir j’ai vu toute la tendresse et l’amour qu’il ressent pour ses fils transparaitre au fil des pages. « Ses petits oiseaux ébouriffés », « ses petits lutins », «ses enfants indatables » qui ont peut être vieilli mais ne seront jamais grands. Alors il a parfois pensé des choses horribles, mais il aime malgré tout profondément ses enfants pas comme les autres.

Ce qui ressort également beaucoup, c’est les remords et la culpabilité.

...