Oedipe Roi - De l'ombre à la lumière - Sophocle

2/ Peut-on dire que la pièce de Sophocle ainsi que l'oeuvre cinématographique de Pasolini mettent en scène Oedipe dans un parcours de l'ombre à la lumière ?

Le mythe d'Oedipe s'actualise et se transmet d'une époque à l'autre, faisant du personnage éponyme une figure éternelle et intemporelle.

La figure oedipienne chez Sophocle et chez Pasolini est largement marquée par la quête insatiable de vérité du personnage. Grâce à une structure anti chronologique agencée sous forme d'enquête policière, Oedipe parviendra suite à de nombreuses étapes à reconstruire son identité et à résoudre le fléau qui atteint Thèbes.

Par quels moyens et dans quel but Oedipe parviendra t-il à se libérer de son aveuglement initial ? Nous verrons dans un premier temps les différentes étapes de cette quête de soi puis nous en étudierons les conséquences.

L'intrigue de la pièce, reprise dans le film de Pasolini est basée sur un bouleversement structurel, la préparation de la révélation aboutit à un renversement, provoqué par la découverte progressive de la vérité. La structure est anti chronologique en commençant avec la figure du roi au fait de sa gloire jusqu'à sa naissance. Nous pouvons parler de renaissance car la vérité est révélée, Oedipe connaît une véritable délivrance quant à son destin mais également pour la cité, purifiée de la malédiction.

La place de la liberté dans la pièce est plus grande qu’il n’y paraît au premier abord. L’intrigue d’Oedipe roi est une intrigue policière dont l’enquêteur est Œdipe lui-même. La pièce met en scène les choix de celui-ci, qui paraissent déterminés par le destin, mais sont aussi issus de la volonté du protagoniste qui apparaît comme inflexible malgré les mises en garde de certains personnages qui veulent le faire fléchir et le détourner de son but.

En effet, Jocaste tente de le convaincre d'arrêter son enquête « ah puisses-tu ne jamais apprendre qui tu es ! » Tirésias refuse de dire ce qu'il sait, mais c'est sous l'insistance d'Oedipe qui prend son refus pour une insulte, qu'il finit par délivrer la parole des Dieux. Le serviteur refusait initialement de témoigner « malheur à toi veux-tu te taire ? » lorsque le Corinthien lui présente Oedipe. Tous trois incite Oedipe à la prudence.

La tragédie souligne l'hybris de Jocaste et d'Oedipe, cet orgueil qui les fait douter des paroles des Dieux prononcées par Tirésias. L'enfermement du devin dans son enveloppe charnelle est symbolisée par sa cécité. « Tu ne vis, toi, que de ténèbres : comment donc me pourrais-tu nuire, à moi, comme à quicinque voit la clarté du jour ? » (Oedipe à Tirésias)

Au moment même ou Jocaste, pensant rassurer Oedipe, lui révèle que Laios et elle ont abandonné leur enfant « sur un mont désert » et que Laios a été tué « au croisement de deux chemins », elle éveille au contraire chez lui les plus grands soupçons. Par une ironie tragique caractéristique des pièces de Sophocle, c'est précisément quand Jocaste prétend démontrer la fausseté des oracles qu'elle en révèle, malgré elle, la terrible vérité.

Pasolini revisite ce contraste entre ombres et lumières, pouvant être mit en corrélation avec le sens métaphysique de la pièce de Sophocle, soit le passage de l'ignorance du personnage au dévoilement de la vérité. En effet, les scènes de dialogues fidèles au texte sont en plein jour devant le palais tandis que les scènes plus sombres sont tournées en intérieur et sont plus éloignées du texte initial. Elles

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