La violence dans Oedipe roi chez Sophocle et Pasolini

Leçon en littérature

Comment la violence est-elle interprétée par Sophocle et Pasolini ?

1. Introduction

   « Et je me suis glissé dans la tragédie de Sophocle comme un voleur – mais un voleur amoureux de son butin » écrit Jean Anouilh dans la pièce Œdipe ou le roi boiteux. La tragédie est une réflexion sur l’Homme dont les lecteurs ou les spectateurs sont censés se servir pour devenir plus grands. Au Vème siècle avant JC, l’apogée de la civilisation à l’époque de la Grèce Antique et l’Âge d’Or de la tragédie, Sophocle écrit Œdipe roi. Les grands mythes traversent les siècles, ce sont une source d’inspiration inépuisable. C’est pourquoi au XXème siècle dans une recherche et une étude des phénomènes novateurs, Pier Pasolini créé une adaptation cinématographique du mythe d’Œdipe. Ainsi, il y a une évolution de l’expression de la violence des dieux chez Sophocle à la mise en image des violences chez Pasolini. Tout d’abord nous étudierons le passage de la parole au langage universel des images puis l’expression du mal intérieur des Hommes.  

1. Leçon

1. De la parole au langage universel des images.

1. Écriture théâtrale de Sophocle.

Argument → Une nouvelle esthétique scénographique est innovée par Sophocle.

Exemple → Trois acteurs dans le Prologues (Œdipe, le prêtre et Tirésias) + le coryphée dialogue avec Œdipe tout en sachant qu’il ne pourra rien changer et qu’il est impuissant face au destin.

Analyse → En effet, Aristote, dans sa Poétique, a défini une grande partie de l’esthétique théâtrale à partir des œuvres de Sophocle. L’ajout du troisième acteur et du chœur témoin d’évènements qui lui échappent viennent aussi de ce dernier.

Argument → Le théâtre, un genre sacré dans lequel Sophocle présente des dieux à craindre.

Exemple → « Car Apollon y pourvoira, lui qui travaille à ton destin. » Tirésias (page 66).

Analyse → En effet, les dieux doivent être respectés, et non compris. L’Oracle démontre donc le pouvoir des dieux sur les Hommes et leur grandeur. L’impératif prononcé par le devin possède un caractère obligatoire puisque cet aveugle est imprégné du pouvoir des dieux.

Argument → Métaphore cécité et clairvoyance

Exemple → Métaphore de la vérité accessible aux seuls aveugles avec Tirésias.

Analyse → Cette figure de style a recours à la visualisation des images poétiques. La métaphore nourrit ainsi le texte afin de rappeler qu’aucun destin humain n’est à l’abri des ténèbres.

1. Film de Pasolini.

Argument → L’expression cinématographique expose une nouvelle approche du mythe de Sophocle.

Exemple →  « Le cinéma c’est la reproduction du langage naturel de la réalité. » dit Pasolini lors de l’émission télévisée « Cinéastes de notre temps » en 1966.

Analyse → Œdipe Roi au cinéma présente une appropriation du mythe de la part de Pasolini, jouant habilement avec les influences diachroniques multiples sur lesquelles reposent l’œuvre.

Argument → De plus, la caméra symbolisant un regard subjectif ajoute une dimension au film.

Exemple → Plans lorsqu’Œdipe apprends qu’il tuera son père et couchera avec sa mère.

Analyse → La caméra semble suivre Œdipe et capture les expressions désespérées de son visage. Dans la biographie de Pasolini écrite par René de Cecatty, ce cadrage est comparé au « style indirect libre ».

Argument → Les différentes inspirations de Pasolini créent le concept du cinéma poésie.

Exemple →  

Analyse → Les mythes, la culture grecque, l’œuvre de Sophocle, la psychanalyse de Freud et enfin la vie de Pasolini sont utilisés pour aborder autrement la réalité.

C’est la parole et les images qui permettent l’expression d’un mal intérieur chez les Hommes.

 2) L’expression du mal intérieur des Hommes. 

1. Violences physiques.

Argument → Le meurtre de Laïos.

Exemple → La représentation de la mort de Laïos dans l’œuvre de Pasolini est d’autant plus forte que le décors et les circonstances de leur rencontre (le désert, plaines arides, montagnes, l’état d’esprit de chacun, peste). Cela accentue l’effet tragique.

Analyse → En effet, chaque meurtre est accompagné d’un grand cri de la part d’Œdipe, nous assistons au meurtre de toute la garde. De plus, c’est une longue séquence qui paraît infinie puisqu’il effectue de nombreux aller-retour. Les meurtres témoignent de l’aveuglement d’Œdipe puisque la caméra subjective filme un contre-jour. Ainsi le lecteur est plongé dans une atmosphère lugubre comparable à son cauchemar.

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