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Médée, Corneille

Commentaire de texte : Médée, Corneille. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 685 Mots (7 Pages)  •  863 Vues

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Pour sa première tragédie, Corneille choisit la cruelle figure de Médée qui avait déjà inspiré de nombreux dramaturges antiques. La folie de celle-ci et ses pouvoirs surnaturels en font un sujet parfait pour une pièce baroque. Cette scène, le dénouement, représente la confrontation entre Médée et Jason, anciens amants. Médée, folle de rage après que Jason l’est abandonné, se vengent en tuant la maitresse de son mari ainsi que ses propres enfants. On peut donc se demander comment ce dénouement tragique permet à l’auteur de représenter la démesure de Médée. Après avoir étudié les caractéristiques de ce dénouement baroque, nous étudierons la place de la violence dans ce texte et comment la victoire écrasante de Médée est représentée.

Comme souvent dans une tragédie, le sujet de cette pièce porte sur des personnages nobles ou en lien avec les dieux, souvent issus de la mythologie antique. Celle-ci est tirée du mythe de Jason et la Toison d’Or. L'histoire de Médée débute avec l'arrivée des Argonautes en Colchide, menés par Jason, venus chercher la Toison d’Or afin de récupérer son trône usurpé par son oncle Pelias, roi d'Iolcos. La Toison est détenue par le père de Médée. Elle décide de trahir son père et de fuir avec son nouvel amant Jason. Pendant sa fuite, l’héroïne va même jusqu’à tuer son frère, lancé à leur poursuite. Pendant toute l’intrigue, Médée usa de ses capacités divines pour aider Jason dans la quête de la toison d’or. Mais plus tard il l’abandonne pour une autre femme. C’est ainsi que commence la tragédie de Corneille centrée sur la vengeance de Médée.

Pour revenir au dénouement, celui-ci est typique de la tragédie baroque pour plusieurs raisons. Tout d’abord l’effet produit par ce dénouement est la terreur et la pitié en même temps. Les deux personnages détestables l’un et l’autre nous font à la fois peur par leur cruauté et pitié par leur désarroi respectif. De plus la mort est présente jusqu’à la fin avec le suicide de Jason et la mystérieuse disparition de Médée. Enfin le surnaturel et le spectaculaire (Médée est « en l’air dans un char tiré par deux dragons », Jason se donne la mort sur scène), sont très présent dans cette scène ce qui en fait un dénouement tragique typiquement baroque.

De plus, ce texte est imprégné de violence, autre caractéristique du tragique. Celle-ci se ressent à deux niveaux : la douleur physique et la mort sont omniprésentes, mais la violence psychologique a aussi de fortes conséquences.

Dans un premier temps, nous pouvons voir que la cruauté et la mort sont partout. Le champ lexical de la violence physique en témoigne : « ce poignard » (vers 4), « leur sang » (vers 5), « ta brutalité » (vers 18). Cette brutalité cause d’ailleurs la mort, évoquée par les expressions suivantes : « chasser leurs âmes » (vers 4), « leur tombeau » (vers 6), « des bourreaux » (vers 27). Dans chacun de ces extraits, on observe une opposition nette entre la source de la violence (Médée) et ses victimes (Jason et ses enfants), qui renforce le tragique de cette scène. L’obsession des personnages pour la violence est flagrante. Par exemple, le dramaturge utilise des métonymies, comme : « Ta tête répondra de tant de barbaries » (vers 28). Cette figure de style renforce particulièrement la violence du propos, car elle réduit Médée à sa tête, comme une sorte de trophée de chasse. De plus, l’agressivité des personnages est également mise en valeur par des questions rhétoriques telles que : « ta brutalité pense encore échapper à mon bras irrité ? » (vers 18-19). Ici, le « bras irrité » représente la mort qui doit frapper Médée, et la question rhétorique ainsi que l’enjambement permet à Jason de faire apparaître cette menace comme un destin certain. 

Dans un second temps, nous voyons que cet extrait de pièce de théâtre regorge de nombreuses violences psychologiques entre les deux protagonistes. En effet, cela débute par des expressions très péjoratives utilisées par Médée afin de désigner les enfants, comme par exemple : « ces petits ingrats » (vers 3). Dans cette périphrase, l’adjectif démonstratif « ces » instaure une distance cruelle entre Médée et ses enfants, et l’adjectif substantivé « ingrats » leur fait perdre leur identité. Cette expression cherche donc à faire souffrir Jason en insultant ses

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