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Médée, Corneille

Commentaire de texte : Médée, Corneille. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Juin 2012  •  Commentaire de texte  •  1 392 Mots (6 Pages)  •  11 106 Vues

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Médée, personnage éponyme de l’œuvre de Corneille, est mise en scène par la troupe du Marais en 1635. Cette pièce est une reprise du mythe, et Corneille reconnait qu’il a été très sensible à la version de Sénèque dans sa réécriture. Notre passage présente la première apparition de Médée, acte I scène 4. Nous avons appris dans l’exposition que Jason la quittait pour Créuse, afin d’épouser la fille du roi et d’ « accommoder [sa] flamme au bien de [ses]affaires ».

Nous attendons ainsi de voir la réaction de la femme bafouée, reniée, qui va exposer son état d’esprit dans ce monologue. Comment Corneille met en scène une femme ivre de vengeance qui semble prête au pire des meurtres pour punir Jason. Médée est folle de douleur et de colère contre Jason, qui l’a délaissée et bannie, et elle prépare ainsi sa vengeance. Pour ce faire, elle invoque toutes sortes de créatures infernales et lance des malédictions. La parole donne à voir sa monstruosité. Comment Corneille met en scène une femme ivre de vengeance qui semble prête au pire des meurtres pour punir Jason.

Pour répondre à cette question, nous allons étudier en premier lieu les plans de vengeance de Médée puis la tragédie en marche.

Axe I- La découverte du personnage de Médée

A- L’amoureuse éconduite

Dans un premier temps, on sent que Médée prend conscience de tout ce qui se passe : elle revoit tout l’historique de son parcours avec Jason : elle part du présent « Jason me répudie ! » : par cette phrase exclamative, elle montre toute l’émotion, qui peut-être de l’incrédulité mêlée de désespoir, voire de colère, face à cette menace d’exil qui la frappe. Son incompréhension est soulignée par l’emploi du conditionnel passé « qui l’aurait pu croire » qui renvoie plus à un irréel qu’à une hypothèse. On en déduit que Médée a été prise de cours, qu’elle n’a pas vu venir cette trahison de son mari. On sent alors son besoin de comprendre et l’accumulation de questions rhétoriques sert cette analyse du parcours de l’homme qu’elle aime : elle concède que la flamme de Jason pour elle a pu s’éteindre, mais se révolte de ses conséquences : la gradation « manque-t-il » / « peut-il » / « m’ose-t-il » souligne la révolte de Médée : en effet, elle relève que Jason ne peut oublier tout ce qu’elle a fait pour elle, puis elle dénonce son pouvoir de la quitter avant de reprendre la même expression en remplaçant le verbe « pouvoir » par le verbe « oser » : la répétition et la recherche du mot juste marque bien ici cette volonté de comprendre : Médée réalise à quel point Jason a trahi sa confiance, et lui manque de considération, de gratitude. Souvenons-nous qu’il n’est devenu un héros que grâce à elle : c’est grâce à ses pouvoirs magiques qu’il a conquis la Toison d’Or. C’est ainsi que l’énumération « père trahi, les éléments forcés, d’un frère dans la mer les éléments dispersés » nous rappelle qu’elle est consciente de l’horreur des actes qu’elle a commis pour l’homme qu’elle aime.

B- La sorcière liée aux divinités infernales.

Pour assouvir sa vengeance, Médée fait appel aux divinités infernales en lançant des imprécations et en apostrophant des créatures telles que les filles de l’Achéron (v. 210) qui sont chargées de venger les crimes, elle les exhorte à lui venir en aide. Les divinités qu’elle appelle ne sont pas des personnages de la pièce, elles sont absentes mais deviennent pourtant les interlocuteurs de la première partie du monologue. En appelant les divinités « fières sœurs » (v. 211), elle les considère comme sa famille et rompt donc le lien avec ses autres familles (père, frère, mari et enfants). Après une dizaine de vers d’imprécations (v. 209 à 217), Médée parle enfin de vengeance.

A travers les victimes qu’elle désigne (Créon et Créuse, v. 218), Médée cherche en fait à atteindre Jason. Elle veut qu’il vive comme un vagabond, souhaite sa mort sociale et son exil ; en somme elle veut qu’il n’aie aucun pouvoir, ce qui est l’inverse de ce qu’il a toujours souhaité. Elle veut également le hanter jusqu’à la fin de ses jours (« Et que mon souvenir jusque dans son tombeau/ Attache à son esprit un éternel bourreau » v. 227-228) pour qu’il vive la même torture psychologique qu’elle après

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