Montrez que, dans Rhinocéros, Ionesco dénonce le dangereux phénomène de massification.

Les évènements tragiques de début de XXe siècle ont changé la perception de la réalité.  Les écrivains commencent à explorer les thématiques de non-sens de cette époque, du malaise existentiel et de l’individualité humaine. Le maître du théâtre de l’absurde Eugene Ionesco a écrit plusieurs romans à la fin des années 50 où il a dénoncé les problèmes courants. Dans la pièce Rhinocéros publiée en 1959, le littérateur crée une image grotesque du dangereux phénomène de massification qui prive une personne de la capacité de vivre en dehors du troupeau. On va examiner comment Ionesco a créé des personnages sans identité réelle. Par la suite, nous étudierons comment l’auteur utilise la structure de la pièce pour laisser paraitre les conséquences de massification.

Ionesco révèle le phénomène de massification par le biais des personnages dépersonnalisés. L’action de la pièce se déroule dans une petite ville provinciale, ses habitants n’ont pas d’identité et ils sont représentés soit par leur fonction soit par leur nom. L’absence de description des détails personnels donne une sensation que l’individualité n’a aucune importance. Une telle dépersonnalisation est bien présentée par l’homophonie : « Mon ami Jean ! … Il y avait d’autre gens » (p.69).  Le dramaturge compare le meilleur ami de Bérenger avec le reste de la ville, en faisant la sorte que la plupart des gens dans cette petite ville ont des idées semblables qui contribuent à la propagation de la rhinocérite.  Dans cet ordre d’idées, la dépersonnalisation est présentée par un chœur. L’image de la vie ordinaire et misérable de la ville est interrompue par l’apparition soudaine d’un rhinocéros. La foule a réagi à cet événement incroyable de la même façon : Jean : « Oh ! un rhinocéros ! » / le Logicien : « Oh ! un rhinocéros ! » / le Vieux Monsieur : « Oh ! un rhinocéros ! » / la Serveuse : « Qu’est-ce que c’est ? Oh ! un rhinocéros ! » / le Patron : « Qu’est-ce que c’est ? » / la Serveuse : « Un rhinocéros ! » / l’Épicier : « Oh ! un rhinocéros ! » / Jean : « Oh ! un rhinocéros ! », etc. (p. 41-42). Cela ressemble à une imitation du mugissement d’un troupeau d’animaux en face d'un obstacle. Cette absurde réaction devant telle circonstance extraordinaire illustre la perte de sens qui se produise par le phénomène de masse.

Pour mettre en évidence le dangereux phénomène de massification, l’auteur utilise la structure de la pièce du théâtre de l’absurde. En divisant la pièce en trois actes, Ionesco offre une image symbolique de la propagation de la rhinocérite par le tempo accéléré de la métamorphose. Au premier acte, l’apparition d’un rhinocéros dans l’espace urbain semble étrange. Les gens trouvent cela révoltant et dangereux. Dans le second, les premiers qui changent leurs apparences en rhinocéros sont des fonctionnaires en tant que personnes qui n’ont pas l’habitude de penser de manière indépendante. Dans le troisième acte, Bérenger comprend qu’il est entouré par « une armée de rhinocéros » (p.109). L’utilisation de cette hyperbole souligne que ce n’est pas seulement les fonctionnaires qui sont entrés dans le troupeau, mais aussi ceux qui veulent simplement être comme tout le monde, donc, tous les citadins. Par la suite de la prolifération des troupeaux, la pièce se termine par un monologue désespéré de Béranger. Il est un seul humain qui a été capable de reste soi-même. Il s’inquiète de l’avenir de l’humanité, il veut sauver le monde. En même temps, il regrette même de ne pas pouvoir devenir un rhinocéros. La singularité du principe personnel, selon Ionesco, devient un grand défi pour une personne, mais seul celui qui est capable de « conserver son originalité » peut résister au régime totalitaire.

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