Molière

Molière Acte III scène 10

        Introduction : (voir autre introduction des autres textes pour une autre formulation si besoin)

        Molière est l'un des plus grands auteurs français, célèbre pour ses comédies de caractère qui dénoncent les défauts humains à travers des personnages excessifs comme son Harpagon dans l'Avare. Le Malade imaginaire, comédie-ballet en trois actes et en prose, créée le 10 février 1673 à Paris est la dernière pièce du célèbre dramaturge. La pièce a pour personnage principal Argan, qui passe son temps à consulter son médecin, M. Purgon. Le « Malade imaginaire » a épousé en secondes noces Béline, qui simule des soins attentionnés, mais n'attend en réalité que la mort de son mari pour hériter. Angélique, sa fille, aime Cléante et est aimée de lui, mais Argan compte lui faire épouser Thomas Diafoirus, lui-même médecin.

        Situation du passage :

        Toinette, la servante moqueuse, prépare un « tour » à son maître pour le dégoûter de son médecin, M. Purgon et lui décrier sa conduite. Le spectateur découvre le « tour » en question à la scène 8 : déguisée en « médecin passager », Toinette administre une consultation de son cru à sa dupe de maître.

        Lecture du texte à voix haute 

        Problématique : En quoi cette scène révèle-t-elle d'une alliance entre satire et bouffonnerie ?

Mouvement n°1 : L'examen bouffon du patient par le faux médecin 

        Toinette commence à ausculter Argan : « Donnez moi votre pouls ». Sa réplique est l'occasion d'un comique de mot avec la personnification du pouls « ce pouls-là fait l'impertinent ». Cet examen est mené ici dans un autre style que celui de Diafoirus à l'acte II scène 6. Toinette n'utilise pas de termes pédants, mais au contraire au langage courant : « Que l'on batte comme il faut … aller comme vous devez, ce pouls-là fait l'impertinent ». S'opère ainsi un glissement vers l'insolence, l'irrévérence. L'examen devient bouffon, voire burlesque avec un décalage de ton par rapport à ce que l'on pourrait attendre d'un médecin.

        Ce premier diagnostic de Toinette sert son plan : il s'agit tout à la fois d'inquiéter et de rassurer le patient. Mais cela met également en place une complicité avec le spectateur (symbolisé sur la scène par Béralde, dont on imagine les gestes ou les mimiques) qui lui, sait que le médecin est en fait Toinette. La phrase : « Je vois bien que vous ne me connaissez pas » est donc pour le spectateur, particulièrement savoureuse dans son double-sens. Elle constitue une sorte de quiproquo verbal dans la mesure où l'on peut se demander si le pronom « vous » s'adresse au pouls ou à Argan, qui lui en effet ne sait pas qui est en réalité ce médecin.

        Puis brusquement le faux médecin pose une question lourde de sous-entendu (« Qui est votre médecin ? »), qui jette d'emblée un voile de confiance à la fois sur le diagnostic et sur le patricien, Monsieur Purgon.

        La défiance concernant le médecin est immédiatement confirmée : « Cet homme-là (démonstratif à valeur péjorative) n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins ». A la question sur l'identité du médecin succède une question sur le diagnostic établi par celui-ci : « De quoi dit-il que vous êtes malade ? » comme si le nouveau médecin doutait à l'avance du diagnostic de ce confrère inconnu.

Mouvement n°2 : Le comique du ballet de paroles porte une satire de la médecine. Discrédit ou satire de la médecine.

        La pluralité des diagnostics précédents, la réponse sincère et hésitante d'Argan qui croit être face à un nouveau médecin, montre une nouvelle fois le manque de foi de Molière dans la médecine : « Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate ».

        La réponse d'Argan amène Toinette à discréditer de manière plus explicite ce diagnostic « C'est du poumon que vous êtes malade » et en même temps tous les médecins « Ce sont tous des ignorants ». Le comique de la réplique c'est que Toinette offre une réponse très tranchée, très affirmative en critiquant ses supposés confrères. Une réponse aussi directe surprend puisqu'elle n'a effectué aucune observation, elle n'a pas ausculté Argan...

        L'interrogatoire pseudo-médical de Toinette est composé de deux parties. Tout d'abord, les questions portent sur les douleurs d'Argan, puis sur sa voie quotidienne. Se met en place une stichomythie, un jeu de répliques rapides entre Toinette et Argan. Ce rythme trépidant accentue l'effet du comique de répétition autour du « poumon » puis du mot « ignorant ». Cet échange de répliques brèves est l'un des ballets de paroles les plus célèbres du théâtre moliéresque.

        Ce ballet contient deux moments si l'on s'attache à regarder la répartition et le volume des répliques :

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