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Madame Bovary

Analyse sectorielle : Madame Bovary. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2022  •  Analyse sectorielle  •  4 770 Mots (20 Pages)  •  257 Vues

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Introduction

Ce travail est rédigé dans le cadre du séminaire de philologie française, dont le roman à analyser cette année est Madame Bovary de Gustave Flaubert. Par conséquent, nous avons choisi de réaliser une analyse interne de Madame Bovary basée sur les notions narratologiques proposées par Gérard Genette dans son ouvrage Figures III[1]. Ce travail suivra donc la structure proposée par l’auteur. Dans son introduction, G. Genette commence par faire une distinction entre le temps du récit et le temps de l’histoire. Ces deux temps peuvent être étudiés selon trois rapports : des rapports d’ordre, de durée et de fréquence.

  1. Ordre

Il y a une relation entre l’ordre de succession des événements dans l’histoire et leur ordre dans le récit.

Les événements se succèdent toujours de manière linéaire. Il serait donc normal et logique de présenter l’histoire ainsi. Cependant, il y a parfois des discordances entre l’ordre du récit et celui de l’histoire. C’est ce que G. Genette appelle des anachronies[2]. Cela veut dire que le discours narratif change l’ordre de succession des événements de l’histoire. Cela laisse donc sous-entendre qu’à un moment donné, le récit peut faire un retour en arrière dans l’histoire (= une analepse) ou il peut « évoquer d’avance un événement ultérieur »[3] (= une prolepse).

Dans Madame Bovary, nous avons relevé un cas d’analepse : quand Emma, après son mariage, se remémore sa jeunesse.[4] Dans cet extrait, nous avons souligné des passages qui montrent que le narrateur a mis en pause son récit premier afin d’introduire une analepse.

G. Genette distingue deux types d’analepse : l’analepse externe et l’analepse interne. L’exemple que nous avons donné est une analepse interne, car le roman s’ouvre sur l’entrée de Charles Bovary à l’école, et il est certain que quand Emma entra au couvent, Charles était déjà un étudiant. Le champ temporel de ce souvenir est donc compris dans celui du récit premier. Ce type d’analepse est là en général pour éclairer un personnage nouvellement introduit. Ici, même si Emma avait déjà été introduite dans le roman depuis un petit temps, elle n’avait pas eu de descriptions sur sa vie. Jusqu’ici, c’était Charles qui avait été décrit : il entre à l’école, il va au collège, il se marie, etc. N’oublions pas que le roman s’appelle Madame Bovary et non Monsieur Bovary, et jusqu’au chapitre 6, nous ne connaissions rien des antécédents d’Emma. Il était donc temps que nous la découvrions.

  1. Durée

La seconde relation concerne la durée des événements dans l’histoire et la longueur du texte. Nous pouvons étudier le rythme du récit en fonction de 4 mouvements narratifs que G. Genette distingue. Les deux premiers mouvements, c’est-à-dire la pause et la scène, ralentissent le rythme du roman. S’opposent à ceux-là le récit sommaire et l’ellipse qui accélèrent le rythme.

  1. Le récit sommaire

Commençons par décrire ce qu’est un récit sommaire. Il s’agit de la « narration en quelques paragraphes ou quelques pages de plusieurs journées, mois ou années d’existence, sans détails d’actions ou de paroles. »[5] Ce procédé d’accélération du rythme rappelle la figure d’un narrateur et d’un auteur. Mais nous reparlerons de ce narrateur plus tard dans notre exposé.

Madame Bovary s’ouvre avec un récit sommaire, puisqu’en un chapitre, le narrateur résume la vie de Charles Bovary jusqu’à sa rencontre avec M. Rouault. Nous avons donc dès le début un effet de vitesse.

  1. La pause

La pause descriptive, comme son nom l’indique, est une pause dans l’action qui laisse place à la description.

Ces pauses ralentissent le récit, mais ce n’est pas toujours le cas. L’histoire n’est pas toujours mise en suspens lorsqu’il y a des descriptions. C’est ce qu’on retrouve dans Madame Bovary. Les descriptions sont très présentes dans le roman, mais nous ne pouvons pas réellement parler de « pause ». Ces descriptions ne ralentissent pas le récit. Au contraire, elles le font avancer. De plus, elles ne s’évadent pas de la temporalité de l’histoire.

Dans Madame Bovary, les descriptions se font du point de vue d’un personnage. Ce n’est donc pas le lecteur qui voit la scène alors que les personnages sont en pause. Comme G. Genette le dit dans son ouvrage :

« […] le mouvement général du texte est commandé par la démarche ou le regard d’un (ou plusieurs) personnage(s), et son déroulement épouse la durée de ce parcours […] ou de cette contemplation immobile […]. »[6]

Le texte avance donc en fonction de ce que voient les personnages.

Nous avons retrouvé plusieurs exemples qui répondent bien à l’explication de G. Genette. Nous allons cependant n’en citer qu’un seul[7]. Après son mariage, Emma se rend dans sa nouvelle demeure. Elle découvre la maison et nous la découvrons en même temps qu’elle, à travers ses yeux. Dans cet extrait, Emma rentre dans la chambre conjugale, puis on nous détaille le contenu de cette chambre : il y avait un lit d’acajou, une boite en coquillages qui décorait une commode et un bouquet de fleurs d’oranger dans une carafe.

Ces descriptions, vues par les personnages, expliqueraient pourquoi Charles est décrit comme un homme médiocre et ridicule. La plupart du temps, c’est Emma qui le regarde, et nous le voyons à travers ses yeux. L’exemple à l’annexe 3 en est un parfait exemple. Emma voit Charles comme un homme sans ambition. Si elle le décrit ainsi, c’est parce qu’elle ne l’aime pas vraiment. Léon, au contraire, est décrit avec d’autres termes qui le flattent. Dans l’exemple à l’annexe 4, Emma regarde les yeux de Léon qui paraissent plus beaux que la nature elle-même. Nous pouvons alors dire que l’intérêt de ces descriptions est de révéler les sentiments des personnages envers les autres personnages. Ce qui expliquerait notamment pourquoi Emma, décrite à travers les yeux de Charles, paraît très belle ; c’est justement parce qu’il l’aime, alors qu’Emma non.

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