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Les origines de la pensée grecque

Cours : Les origines de la pensée grecque. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Septembre 2017  •  Cours  •  820 Mots (4 Pages)  •  993 Vues

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Les origines de la pensée grecque, Jean-Pierre Vernant - Extraits

L’apparition de la polis constitue, dans l’histoire de la pensée grecque, un événement décisif », notamment parce que la parole y devient l’instrument essentiel du pouvoir. En effet, sur l’agora, il s’agit de débattre, de discuter, d’argumenter plus que toute autre chose. « Entre la politique et le logos, il y a ainsi rapport étroit, lien réciproque. L’art politique est, pour l’essentiel, maniement du langage ; et le logos, à l’origine, prend conscience de lui-même, de ses règles, de son efficacité, à travers sa fonction politique. (p.45)

La philosophie va donc se trouver à sa naissance dans une position ambiguë : dans ses démarches, dans son inspiration, elle s'apparentera tout à la fois aux initiations des mystères et aux controverses de l'agora ; elle flottera entre l'esprit de secret propre aux sectes et la publicité du débat contradictoire qui caractérise l'activité politique. Suivant les milieux, les moments, les tendances, on la verra, comme la secte pythagoricienne en Grande Grèce, au VIe siècle, s'organiser en confrérie fermée et refuser de livrer à l'écrit une doctrine purement ésotérique. Elle pourra aussi, comme le fera le mouvement des Sophistes, s'intégrer entièrement à la vie publique, se présenter comme une préparation à l'exercice du pouvoir dans la cité et s'offrir librement à chaque citoyen moyennant des leçons payées à prix d'argent. De cette ambiguïté qui marque son origine, la philosophie grecque ne s'est peut-être jamais entièrement dégagée. Le philosophe ne cessera pas d'osciller entre deux attitudes, d'hésiter entre deux tentations contraires. Tantôt il s'affirmera seul qualifié pour diriger l'État, et, prenant orgueilleusement la relève du roi-divin, il prétendra, au nom de ce « savoir » qui l'élève au-dessus des hommes, réformer toute la vie sociale et ordonner souverainement la cité. Tantôt il se retirera du monde pour se replier dans une sagesse purement privée ; groupant autour de lui quelques disciples, il voudra avec eux instaurer dans la cité une cité autre, en marge de la première et, renonçant à la vie publique, cherchera son salut dans la connaissance et la contemplation. (p.55)

L’ordre social n’apparaît plus alors sous la dépendance du souverain ; il n’est plus lié à la puissance créatrice d’un personnage exceptionnel, à son activité d’ordonnateur. C’est l’ordre au contraire qui règlemente le pouvoir de tous les individus, qui impose une limite à leur volonté d’expansion. L’ordre est premier par rapport au pouvoir. L’archè appartient en réalité exclusivement à la loi. (p.63)

Mais quand, avec la cité, le juge représente le corps civique, la communauté dans son ensemble, et qu’incarnant cet être impersonnel supérieur aux parties, il peut décider lui-même, trancher suivant sa conscience et d’après la lois, ce sont les notions même de preuve, de témoignage et de jugement qui se trouvent radicalement transformées. Le juge doit en effet amener au jour une vérité en fonction de laquelle il aura désormais à se prononcer. (…) Par  cette conception entièrement nouvelle de la preuve et du témoignage, le procès mettra en œuvre toute une technique de démonstration, de reconstruction du plausible et du probable, de déduction à partir d’indices ou de signes -  et l’activité judiciaire contribuera à élaborer la notion d’une vérité objective, qu’ignorait, dans le cadre du « prédroit », le procès ancien. (p.78)

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