LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Les folies amoureuses : acte II, scène 6 et 7

Commentaire de texte : Les folies amoureuses : acte II, scène 6 et 7. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Janvier 2022  •  Commentaire de texte  •  3 000 Mots (12 Pages)  •  196 Vues

Page 1 sur 12

Mme Delgado                L’enfermement des femmes au théâtre

Camille

L.AS 2 - Lettres Modernes

Histoires littéraires : l’enfermement des femmes au théâtre

Commentaire composé : Les folies amoureuses, Regnard, Acte II, scènes 6 et 7

        

        Les folies amoureuses est une pièce de théâtre de Jean-François Regnard inspirée par un canevas italien la finta passa littéralement la folle supposée. Ce extrait se situe au deuxième acte et comprend les scènes 6 et 7. Il intervient peu après le qui-pro-quo ayant lieu entre Albert et Agathe concernant le futur mariage de la jeune fille ainsi que la rencontre de l’argus amoureux et de l’amant de sa pupille. Ce passage de la pièce constitue un moment dramatique décisif. En effet, alors que son tuteur jaloux allait renforcer sa condition de claustration physique et donc mettre un point final à ses projets amoureux, Agathe feint la folie. Ce subterfuge a pour conséquence de créer une brèche dans la surveillance et l’emprise jusque là sans failles d’Albert. Ce texte aborde donc la problématique de la privation de liberté de la femme et de ses effets. Ainsi, il s’agira de voir les conséquences de l’enfermement mises en évidence par ce passage de la pièce. Afin d’analyser cet extrait selon l’axe de lecture précédemment énoncé, nous diviserons notre commentaire en trois mouvements. Nous verrons dans une première partie que l’enfermement physique d’Agathe intervient comme élément déclencheur de sa folie. Puis dans un second temps, nous tâcherons de démontrer que l’isolement permet l’exacerbation de la créativité de la jeune fille captive. Enfin dans une dernière partie, nous verrons que malgré la condamnation à la clôture dont est victime Agathe, l’épanouissement amoureux est tout de même possible.

        Dans un premier temps, nous pouvons nous pencher sur le rapport entre l’enfermement et la folie que met en évidence le texte. En effet, présente jusque dans le titre de la pièce, l’aliénation occupe une place très importante au sein de cet extrait comme nous pouvons le voir dans notre analyse.

        Il apparait tout d’abord évident que l’enfermement est la cause de la folie d’Agathe. Au début de la scène 6, pour annoncer la démence de la jeune fille, Lisette s’exprime dans une énumération de phrases exclamatives suivie d’une question rhétorique : « Au secours ! Aux voisins ! Quel accident terrible ! Quelle triste aventure ! Ah ciel ! Est-il possible ? » aux vers 989-990 traduisant bien la panique ressentie par le personnage qui poursuit par l’assertion « Agathe en ce moment, vient de devenir folle » vers 998. Cette affirmation liée dans le texte à l’utilisation du champ lexical de l’enfermement comme le montre l’usage de termes tels que « maudit serrurier », « griller », « barreaux », « grilles », « noir forgeron » ou encore « condamnoit » a pour but de mettre en évidence la corrélation existante entre l’aliénation soudaine d’Agathe et le renforcement de sa condition de claustration physique. De plus l’emploi du superlatif au vers 994 « la plus rude disgrâce… » et de l’hyperbole « c’est cent fois pis que je ne puis vous dire » au vers 1013 mettent en évidence l’exagération de Lisette qui met l’accent sur l’aspect terrible et inqualifiable de la folie d’Agathe.

        De plus, le texte permet bien de mettre en avant l’enfermement comme cause de la folie d’Agathe dans la mesure où Albert, présenté tout au long de la pièce comme le geôlier de sa pupille, est désigné comme le responsable de sa perte de raison. Dans la métaphore « le coup est trop mortel » du vers 992, nous pouvons supposer que « le coup » représente le renforcement des contraintes subies par Agathe traduisant ainsi l’idée selon laquelle Albert a blessé Agathe au point de la rendre folle. De plus, l’emploi du déterminant possessif de la deuxième personne du pluriel, « votre ordre » au vers 999 lie véritablement la culpabilité à Albert de la même même façon que l’adjectif qualificatif « seul » employé au vers 1016 soutient l’idée qu’Albert est l’unique responsable. L’abondance des compléments circonstanciels de temps tels que « en ce moment », « subitement », « au même instant » ou encore « soudain » présents dans le discours de Lisette lorsqu’elle décrit la déraison qui s’est emparée d’Agathe soulignent l’existence d’une connexité indéniable entre l’action du serrurier commandée par son tuteur et sa démence. En effet, ces marqueurs temporels permettent au personnage d’exclure toutes autres possibilités quant aux raisons de la folie de la jeune fille plaçant ainsi Albert comme seul et unique responsable. Enfin, l’assertion du vers 1017 « voilà ce que c’est que d’enfermer les filles » achève de présenter Albert comme un coupable.

        Enfin, nous pouvons remarquer que l’expression même de la démence d’Agathe traduit les conséquences que la privation de liberté a eu sur elle. En effet, l’énumération des verbes d’action au vers 1006 « elle court, elle grimpe, elle chante, elle danse » effectuée par Lisette pour caractériser le comportement de la jeune fille aliénée met en évidence une idée de grands mouvements. Le personnage remplit l’espace scénique après avoir été contrainte par son tuteur. Cette idée est soutenue par le complément circonstanciel de temps « d’un bout du monde à l’autre » employée par Agathe, qui s’imagine en chanteuse, pour désigner les lieux où elle serait allée. En effet, nous pouvons y voir un moyen pour la jeune fille jusque là captive de marquer une profonde scission avec son enfermement passé et son futur libre. De la même façon, l’hyperbole du vers 1020                 «  c’était des hurlements qu’on ne peut exprimer » met en avant la détresse d’Agathe une fois face à la possibilité d’un nouvel enfermement. Enfin, la rupture du rythme de l’alexandrin, lorsque la jeune fille prend pour la première fois la parole au début de la scène 7, est un moyen pour l’auteur de montrer que la jeune fille rejette l’oppression et réfute même les contraintes du théâtre en terme de nombre de pieds par vers.

...

Télécharger au format  txt (17.7 Kb)   pdf (100.6 Kb)   docx (221.2 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com