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Les Figures féminines Dans Le Tartuffe De Molière

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Par   •  5 Mai 2013  •  5 369 Mots (22 Pages)  •  1 562 Vues

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Sommaire

Introduction

I. Contexte : La France Paradis des Femmes

II. Résumé de la pièce

III. L'ingéniosité des figures féminines

IV. Ouverture sur Don Juan

Conclusion

Bibliographie

Introduction

Le théâtre de Molière se trouve dans une époque charnière où le statut de la femme est en pleine évolution, où les idées traditionnelles rencontrent de nouvelles façons de faire et de penser. Les dévots présents à la Cour critiquent évidemment ce libertinage des mœurs, les fêtes, le luxe et l'adultère du Roi.

Qu'en est-il de Molière ? S'y intéresse-t-il ? S'engage-t-il ? Telles sont les questions qu'on se posera dans ce travail pour une de ses œuvres les plus connus, Le Tartuffe ou l'imposteur, jouée pour la première fois en 1664 au château de Versailles et première « grande comédie » (en 5 actes et en vers qui ralie Comedia dell'arte et comédie traditionnelle). Longtemps, on a cru que Molière avait écrit cette comédie en réaction aux agissements très dévots de la compagnie du Saint-Sacrement, adversaires bien plus redoutables que ceux qu'il avait brocardés auparavant. Société, pieuse et secrète, fondée en 1627 par le clergé et des dévots, elle compte, parmi ses membres, des personnes religieuses et laïques dont certains noms influants comme Bossuet, le prince de Conti ou Anne d'Autriche, mère de Louis XIV. Soutenue par le pape, la Compagnie du Saint-Sacrement est un moyen détourné, pour Rome, d'appliquer une politique de répression à l'égard des dissidents. Si le but profond de cette Compagnie est de propager la foi et d'épurer les mœurs, la Compagnie du Saint-Sacrement sert essentiellement des actions et des ambitions peu louables. (D'ailleurs, Cléante en fait une critique sévère durant la pièce.) Alors soutenue par la mère de Louis XIV, elle fait interdire Le Tartuffe jusqu'à sa dissolution en 1666 bien que la pièce ne sera rejouée qu'en 1669. Mais Molière savait aussi que proposer des spectacles dans lesquels les dévots sont présentés comme ridicule (Orgon) ou hypocrite (Tartuffe) ferait rire le Roi mais aussi la plus grande partie de la Cour et de l'aristocratie mondaine.

Comment cette époque charnière se traduit-elle dans Le Tartuffe ? Nous verrons que dans une Europe où la France est considérée comme le « Paradis des femmes », Molière a écrit une pièce où non seulement les femmes sont particulièrement ingénieuses et entreprenantes mais pis, que les hommes sont ici totalement impuissants. Cependant, Don Juan publié un an après ira complètement à l'encontre de cette perception des choses.

Je noterai les passages cités en centré avec entre parenthèses le personnage qui s'exprime, l'acte, la scène et les vers concernés. Par exemple :

Citation. (Dorine, I, 1, v.1)

signifie qu'il s'agit d'une citation de Dorine dans l'acte I, scène 1, vers 1.

I. Contexte : La France Paradis des Femmes

Dans l'Europe du XVIIe siècle, c’est le règne des contes, des farces et des fabliaux : l’on s’y moque des femmes et de leurs multiples défauts, et des maris trompés. Cela reflète une société où la femme est le jouet de l’homme. De plus pour l’Église, depuis le péché d’Ève, la femme est un objet de tentation et elle est vouée à la perfidie.

À cette époque, le mariage est une institution qui ne repose pas sur l’amour mais sur la puissance de l’autorité. Être amoureux ne garantit en rien le mariage car les filles sont livrées aux hommes par des marchés entre les pères de famille. Lorsqu’elle est mariée, elle passe de l'autorité du père à celle du mari bien que l'autorité paternelle reste absolue. L’épouse n’a que des devoirs : « Une maison à régler, un mari à rendre heureux, des enfants à bien élever. »

Les hommes, eux, pensent qu’il est bénéfique d’épouser des jeunes filles naïves : ils auront plus facilement de l’autorité sur elles. Ainsi les couvents se chargent de les rendre les plus innocentes possible. Au moment de leur mariage, elles savent le plus souvent à peine lire et écrire ; de la sorte elles peuvent être soumises et obéissantes à leur mari. Il fait ainsi office de second père, en manifestant sa toute-puissance. Ce sont les normes de la « bienséances » adaptées aux besoins de chacun.

Mais les veuves (Mme de Sévigné, Mme de La Sablière, Anne d'Autriche...) ont une place privilégiée. Souvent du à une grande différence d'âge, le veuvage permet aux femmes une indépendance relative et montre qu'elles sont tout aussi capables que les hommes de poursuivre les affaires de leurs maris.

Peu à peu intervient une prise de conscience. Mise à part l'idéalisation de la femme à travers la philosophie du néoplatonisme (fondée par Plotin mais qui se réclame de Platon et voit la femme comme bergère de l'ordre suite à la réforme catholique) et les écrits gynophiles de certains auteur(e)s, il se développe au XVIIe un mouvement de contestation : la Préciosité. Les Précieuses veulent qu’on « donne du prix » à la condition féminine et elles revendiquent l'éducation des femmes, leur indépendance, elles font une critique du mariage comme institution et revendiquent le concept d'une « amitié tendre » (donc de couples basés sur l'amour). Ce mouvement est directement lié à la mode des « salons » qui se développent. On y lit des romans à la mode, on y reçoit de « beaux esprits » et on y converse autour de leur sujet favori, l'amour.

A partir de 1660 se profile un changement de l'image de la femme sous l'influence de la philosophie cartésienne. Poullain de La Barre, influencé par Descartes, écrit : « L'esprit n'a point de sexe. »

Par ailleurs, deux figures phares sont des femmes, Marie de Médicis et Anne d'Autriche, toutes deux régentes du royaume, finissent par commencer à faire changer certaines mentalités. Inspirée également par Mme de Montespan, maîtresse de Louix XIV, de nombreux auteurEs se dévoilent, dont certaines font aujourd'hui partie des « grands auteurs » : Madame de La Fayette, Madame de Sévigné ou Liselotte von der

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