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Les Essais De Montaigne

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Par   •  30 Mars 2014  •  554 Mots (3 Pages)  •  825 Vues

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Les Essais se distinguent cependant de toute la littérature de vulgarisation du XVIe siècle par la place fondamentale accordée à l'introspection et au jugement personnel. C'est en affirmant sa propre subjectivité que Montaigne a produit une œuvre originale et non plus une simple compilation. Cependant, ce dessein a été très progressif. Montaigne compose ses premiers essais dans les années 1572-1573. Il s'écarte alors très peu de ses modèles : les citations et les exemples abondent, à l'inverse les confidences personnelles sont totalement absentes. Les chapitres sont courts, ils ne comprennent qu'une idée maîtresse, souvent camouflée au milieu d'illustrations issue de la « librairie » de l'auteur. Si l'on examine par exemple le sixième chapitre du livre un, « L'Heure des parlements dangereuse », il se compose de six exemples de trahison, auxquels Montaigne joint une sentence de Cicéron. Un tel étalage d'érudition paraît surprenant aujourd'hui, mais à l'époque où écrit Montaigne, c'est la marque d'un esprit instruit. Et l'auteur des Essais partage pleinement le goût de ses contemporains pour ces compilations de sentences, ces traités de morale antique : ne va-t-il pas jusqu'à faire graver sur les poutres de sa bibliothèque ses maximes préférées, afin de les avoir à l'esprit tout en composant son livre ? Les premiers essais entassent donc, selon la mode commune, citations et apophtegmes. Le plus souvent, Montaigne cite ses sources fidèlement, mais il lui arrive aussi de les transcrire en français sans y faire mention. Le plagiat est en effet parfaitement admis dans les mœurs littéraires du siècle. Le chapitre « Coutumes de l'île de Cea » s'ouvre ainsi par quatre phrases recopiées textuellement de Plutarque dans la traduction d'Amyot.

Puis Montaigne va, progressivement, affiner sa méthode. Il ne fait encore que très peu de place à sa propre personne, mais il s'ingénie à manier et ordonner ses sources, de manière à composer une harmonieuse mosaïque. Les transitions, maladroites, voire inexistantes dans les premiers essais, sont plus recherchées, et l'occasion pour Montaigne de s'exprimer, même si les citations forment encore le corps de ses essai primitifs. Ce « stoïcisme éclectique »7, Montaigne l'emprunte à Sénèque. Mais la doctrine stoïcienne authentique ne l'intéresse pas. Il mêle sans hésitations à ses essais stoïciens des maximes d’Épicure. Ce qui lui plaît dans le stoïcisme lorsqu'il commence à composer ses premiers essais, ce sont les belles maximes de fermeté et d’élévation de l'homme. On perçoit Montaigne prenant plaisir à extraire les plus beaux traits des Lettres à Lucilius. Il ne faut pas en conclure pour autant que le stoïcisme de Montaigne est personnel ou durable. Montaigne n'a jamais mis en pratique les austères principes de Sénèque, même s'il les a admiré à ses débuts. Cet enthousiasme de circonstance vient surtout du fait qu'à cette époque il ne songe pas encore se connaître ni à se peindre. Ce qui l'intéressera chez les penseurs de l'Antiquité tout au long de son existence, c'est de savoir comment bien vivre et bien mourir. Et il est ébloui à cette époque par l'idéal de dignité stoïcien : commentant la mort de Caton d'Utique, il s'écrie

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