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Les Caractères

Dissertation : Les Caractères. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Février 2023  •  Dissertation  •  1 453 Mots (6 Pages)  •  290 Vues

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C’est à la cour du Roi-Soleil, au XVIIème siècle, que la comédie sociale, satirisée dans Les Caractères de La Bruyère, se joue par les acteurs que sont les courtisans. Néanmoins, il est tout à fait légitime de se demander si cette dernière, «dévoil(ée) et dénonc(ée) (par) Les Caractères contraint chacun à se mettre en scène». En effet, dans ses Caractères La Bruyère nous montre tout un petit univers soumis à la comédie sociale, où «chacun», c’est-à-dire tout le monde, «se met en scène». Le concept de mise en scène illustre bien l’idée derrière la comédie sociale, qui incite ses acteurs à être ce qu’ils ne sont pas. Nous verrons si cette contrainte est bel et bien universelle, pour ce faire nous montrerons qu’un petit nombre de personnages dans le monde de La Bruyère se situent en dehors de la comédie sociale, puis qu’en dépit de ces exceptions Les Caractères sont remplis de comédiens sociaux et que cette mise en scène est en effet très satirique.

La Bruyère nous présente dans son œuvre quelques êtres, exempts de jouer cette comédie. L’auteur moraliste prend bien le soin de préciser que les pauvres et le petit peuple paysan ne sont aucunement concernés par cette mise en scène. «Le reproche en un sens le plus honorable que l’on puisse faire à un homme, c’est de lui dire qu’il ne connaît pas la cour» La Bruyère élogie ceux qui ignorent le milieu de la cour, car «un homme qui sait la cour est maître de son geste, de ses yeux, de son visage […] ; il dissimule […], sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son cœur, parle agit contre ses sentiments», et «tout ce raffinement n’est qu’un vice que l’on appelle fausseté». Le moraliste déclare «(qu’)il n’y a sorte de vertus qu’on ne rassemble» en ceux qui ignorent la cour, et parmi ceux-là on retrouve bel et bien le petit peuple paysan et les pauvres.

Il y a aussi, parmi les nobles, un personnage en particulier qui se place en dehors du théâtre social. Il s’agit là de Gnathon. Cet homme est incapable de respecter les codes mondains du jeu social. C’est un égoïste qui considère que «tout ce qu’il trouve sous sa main lui est propre», il mange comme un ogre, «le jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe» et son comportement confirme qu’il n’a que faire des autres, car selon lui «tous les hommes ensemble sont à son égard comme s’ils n’étaient point». Il est satirisé jusque dans son prénom, «Gnathon» signifiant mâchoire en grec, cette périphrase métonymique le résume ironiquement à son appétit démesuré. Il se retrouve le plus éloigné possible que quelqu’un peut être de tout théâtre mondain. Malgré ces cas particuliers, la comédie sociale demeure omniprésente, dénoncée et satirisée.

En effet, il est vrai que la vaste majorité des Caractères dévoile, dénonce et critique ceux qui se livrent au théâtre social. Arrias fait partie de ces personnages. Il nous est présenté comme un pédant suffisant à l’égo hypertrophié. Le portrait de ce personnage prend la forme d’une saynète comique, se finissant par un coup de théâtre qui nous sert sur un plateau d’argent la fausseté de cet acteur. Il se vante d’avoir «tout lu, (d’avoir) tout vu, il veut le persuader ainsi». Arrias est «universel, et il se donne pour tel : Il aime mieux mentir que […] de paraître ignorer quelque chose». Lorsque le sujet de discussion est une cour du Nord, il en parle «comme s’il en était originaire», c’est par ce mensonge que l’on va découvrir à quel point il est investi dans son jeu d’acteur. Ce noble parle pour ne rien dire, «récite des historiettes» qui n’ont rien de réel, et dont «il rit le premier jusqu’à en éclater». Quand «quelqu’un s’hasarde à le contredire», Arrias possède l’audace nécessaire pour se mettre en colère. C’est seulement à la fin du portrait que l’on apprend que cet «interrupteur» n’est nul autre que «Sethon, ambassadeur de France dans cette cour (du Nord)», dont quelques lignes auparavant Arrias se vantait d’être l’ami intime.

À propos des grands, La Bruyère nous dit «(qu’)ils pirouettent, ils gesticulent, ils crient, ils s’agitent, semblables à ces figures de carton qui servent de montre à une fête publique». L’auteur nous rappelle la notion de théâtre, et par conséquent celle de comédie sociale.

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