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Lecture Analytique De Lévi Strauss

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Par   •  6 Mars 2014  •  3 465 Mots (14 Pages)  •  3 779 Vues

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EXTRAIT 1

Présentation du texte

Esprit transdisciplinaire, Claude Lévi-Strauss (1908-2009) l'a assurément été : droit, philosophie ethnologie, géologie, littérature, linguistique, anthropologie, psychanalyse, histoire de l'art ont constitué les fondements d'une pensée majeure du XXe siècle qui fut consacrée par son entrée à l'Académie française en 1973 et la publication d'un choix de ses Œuvres dans ta prestigieuse « Bibliothèque de La Pléiade » des éditions Gallimard en 2008. Il fut bien involontairement considéré comme l'un des piliers de la pensée structuraliste qui cherche à découvrir, derrière la diversité des phénomènes sociaux et linguistiques, des schémas réguliers, récurrents, qui informent les mythes, les rituels, les pratiques et les comportements de toutes les cultures et mentalités humaines. Quelques ethnologues, tel Robert Jaulin (1928-1996), ont certes critiqué cette perspective car elle se fonderait sur un européocentrisme en retrouvant, par-delà la diversité apparente, voire illusoire, des cultures, la même origine: les structures d'un inconscient universel. Mais on ne peut nier que l'œuvre de Lévi-Strauss a exercé une influence considérable sur la conception contemporaine de l'être humain et a ouvert des perspectives à un nouvel humanisme. Race et histoire est, après sa thèse sur Les Structures élémentaires de la parenté (1949), le second grand texte de son auteur. Précédant de peu Tristes tropiques (1955), qui le fit connaître du public, c'est un essai important quoique bref, dans lequel Lévi-Strauss pose clairement certains problèmes cruciaux que pose la diversité humaine : racisme ethnocentrisme, rapport entre culture et civilisation, etc. Malgré sa complexité, cet essai, magistralement écrit, est un ouvrage de moraliste moderne dont ta lecture est passionnante.

Nous verrons comment Levi Strauss part de la définition de l’ethnocentrisme pour nous amener à réfléchir sur notre propre vision du monde.

I. Levi Strauss part de la définition de l’ethnocentrisme : Qu’est-ce que l’ethnocentrisme ?

L'ethnocentrisme est le refus de reconnaître l'appartenance des sociétés différentes de la nôtre à l'humanité. L'auteur explique clairement cette attitude: «on refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit». Analyser la présence du pronom indéfini « on » et les verbes « refuser /rejeter »

La position de l'auteur est explicite: « [...] autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères» . Analyser le vocabulaire péjoratif condamnant ces réactions et l’accumulation. L'auteur présente dans l'essai, précise-t-il plus loin, une « réfutation » de ces attitudes de rejet.

Lévi-Strauss met en évidence ce qu'il appelle le « paradoxe du relativisme culturel» , c'est-à-dire le fait que l'ethnocentrisme est une attitude commune à des sociétés qui se croient différentes alors qu'elles se rejoignent précisément dans ce même rejet de l'Autre: «c'est dans la mesure même où l'on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l'on s'identifie le plus complètement avec celles qu'on essaye de nier » .

Analyser le fonctionnement du paradoxe.

2.Cette définition de l’ethnocentrisme recouvre une attitude universelle

Tout d’abord, l'auteur souligne l'universalité et l'atemporalité de l'ethnocentrisme en l'enracinant dans la psychologie même de l'être humain : « L'attitude la plus ancienne et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue [...] ». L'emploi du pronom personnel « nous» permet à l'essayiste d'inclure te lecteur dans les personnes susceptibles d'une attitude ethnocentrique et par conséquent de ne pas lui laisser croire que ce phénomène ne le concerne pas, de ne pas l'autoriser à se croire au-dessus d'une telle attitude. En outre, s'incluant lui-même dans ce « nous », l'auteur ne semble pas faire la leçon au lecteur en s'exemptant lui-même du reproche : cela facilite la captatio benevolentiae, la bienveillance du lecteur n'étant pas gênée par une attitude de supériorité de l'auteur vis-à-vis de son lecteur.

Ensuite ,Lévi-Strauss appuie sa thèse de l'universalité de l'ethnocentrisme sur de nombreux exemples: la culture antique grecque et gréco-romaine puis la culture occidentale , les « populations dites primitives», enfin les Espagnols de la Renaissance et les indigènes des Grandes Antilles .Ces exemples diversifiés dans le temps (allusions à l'Histoire) et dans l'espace (Europe et autres continents)illustrent son propos.

Enfin son argumentation repose en grande partie sur l'analyse des termes par lesquels chaque société désigne les autres:

— citations de phrases courantes, stéréotypes quotidiens;

—analyse du jugement implicite que recèlent les adjectifs de « sauvage » et « barbare » grâce au rappel de leur étymologie ; Pour ce faire ,Levi Strauss s’appuie sur l'étymologie de certains adjectifs pour en souligner leur caractère péjoratif : « barbare » (= qui a un langage inarticulé, qui est privé de parole humaine) et «sauvage » (= qui est de la forêt).

—traduction des termes antithétiques par lesquels différentes « populations dites primitives» se désignent elles-mêmes et désignent les autres (« les hommes» vs les «singes de terre », etc.).

Il s’appuie sur un argument historique pour éclairer l’universalité de l’ethnocentrisme mais sous un angle tragique. En 1952, La formule entre tirets « l'histoire récente le prouve » , appliquée à une régression de la notion d'humanité, renvoie de façon transparente au nazisme et à l'extermination d'une partie de l'humanité (Juifs, tziganes, homosexuels, etc.), à laquelle l'hitlérisme a procédé et qu'il aurait voulue totale. La formule permet de souligner que la barbarie à laquelle peut mener l'ethnocentrisme n'est jamais éradiquée, jamais

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