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Lecture Analytique De Tristan Et Iseut

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Par   •  30 Octobre 2012  •  1 964 Mots (8 Pages)  •  5 482 Vues

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Le Roman de Tristan et Iseut, Chapitre II.

Le Roman de Tristan et Iseut raconte les amours contrariées de Tristan, neveu du roi Marc, qui règne sur la Cornouailles, et de la belle Yseult, princesse irlandaise mariée à ce même roi Marc. Les faits narrés dans le passage ci-dessous se déroulent avant la rencontre des futurs amants. Le héros, Tristan, combat le terrible Morholt, qui demande une rançon monstrueuse à son oncle : trois cent jeunes gens et trois cents jeunes filles. Jaloux de l’influence du neveu sur l’oncle, les barons de Cornouailles incitent Tristan à affronter le Morholt. Ce dernier est, en outre, l’oncle d’Iseut la Blonde.

Au jour dit, Tristan se plaça sur une courtepointe de cendal vermeil, et se fit armer pour la haute aventure. Il revêtit le haubert et le heaume d’acier bruni. Les barons pleuraient de pitié sur le preux et de honte sur eux-mêmes. « Ah ! Tristan, se disaient-ils, hardi baron, belle jeunesse, que n’ai-je, plutôt que toi, entrepris cette bataille ! Ma mort jetterait un moindre deuil sur cette terre !… » Les cloches sonnent, et tous, ceux de la baronnie et ceux de la gent menue, vieillards, enfants et femmes, pleurant et priant, escortent Tristan jusqu’au rivage. Ils espéraient encore, car l’espérance au cœur des hommes vit de chétive pâture.

Tristan monta seul dans une barque et cingla vers l’île Saint-Samson. Mais le Morholt avait tendu à son mât une voile de riche pourpre, et le premier il aborda dans l’île. Il attachait sa barque au rivage, quand Tristan, touchant terre à son tour, repoussa du pied la sienne vers la mer.

« Vassal , que fais-tu ? dit le Morholt, et pourquoi n’as-tu pas retenu comme moi ta barque par une amarre ?

- Vassal, à quoi bon ? répondit Tristan. L’un de nous reviendra seul vivant d’ici : une seule barque ne lui suffit-elle pas ? »

Et tous deux, s’excitant au combat par des paroles outrageuses, s’enfoncèrent dans l’île.

Nul ne vit l’âpre bataille ; mais, par trois fois, il sembla que la brise de mer portait au rivage un cri furieux. Alors, en signe de deuil, les femmes battaient leurs paumes en chœur, et les compagnons du Morholt, massés à l’écart devant leurs tentes, riaient. Enfin, vers l’heure de none , on vit au loin se tendre la voile de pourpre ; la barque de l’Irlandais se détacha de l’île, et une clameur de détresse retentit : « Le Morholt ! Le Morholt ! » Mais, comme la barque grandissait, soudain, au sommet d’une vague, elle montra un chevalier qui se dressait à la proue ; chacun de ses poings tendait une épée brandie : c’était Tristan. Aussitôt vingt barques volèrent à sa rencontre et les jeunes hommes se jetaient à la nage. Le preux s’élança sur la grève et, tandis que les mères à genoux baisaient ses chausses de fer, il cria aux compagnons du Morholt :

« Seigneurs d’Irlande, le Morholt a bien combattu. Voyez : mon épée est ébréchée, un fragment de la lame est resté enfoncé dans son crâne. Emportez ce morceau d’acier, seigneurs : c’est le tribut de la Cornouailles ! »

Alors il monta vers Tintagel . Sur son passage, les enfants délivrés agitaient à grands cris des branches vertes, et de riches courtines se tendaient aux fenêtres. Mais quand, parmi les chants d’allégresse, aux bruits des cloches, des trompes et des buccines , si retentissants qu’on n’eût pas ouï Dieu tonner, Tristan parvint au château, il s’affaissa entre les bras du roi Marc : et le sang ruisselait de ses blessures.

Tristan et Iseut / Lecture analytique

Cet extrait de Tristan et Iseut se situe au début du roman, avant la rencontre entre les amants. Tristan doit ici affronter le géant Morholt, que personne n’ose défier. C’est l’occasion pour le héros de montrer sa vaillance et d’assurer sa position auprès de son oncle, le Roi Marc, en affrontant le géant irlandais venu réclamer à la Cornouailles un tribut annuel de jeunes gens et de jeunes filles qu’aucun des autres vassaux de Marc n’osait affronter en duel.

Comment le héros mythique est-il mis en scène ici ?

Nous verrons que ce héros a son origine dans la mythologie et que le texte s’inspire de la matière de Bretagne ; par ailleurs, ce personnage, de par ses exploits, appartient aussi à la tradition de la chanson de geste.

I Les origines d’un héros mythique :

1) Influences mythologiques :

Ce texte présente des similitudes avec une partie du mythe de Thésée : le fait de combattre un monstre, le tribut humain réclamé pour celui-ci et la voile de la mauvaise couleur, hissée au retour du héros. Athènes avait besoin de Thésée pour la délivrer de ce que lui imposait le Roi de Crète Minos. En effet, sept jeunes gens et sept jeunes filles devaient, tous les sept ans, être envoyés dans l’île pour y être dévorés par la Minotaure. Thésée proposa de délivrer sa patrie de cet impôt sanglant et s’embarqua avec les victimes. Parvenu en Crète, il séduisit Ariane qui lui permit, grâce à son fil, de se diriger dans le labyrinthe où se trouvait le Minotaure, qu’il tua. Après cet exploit, il enleva Ariane, repartit vers Athènes, mais il abandonna la jeune femme. Attristé par cette séparation mais fier de ses exploits, il oublia de hisser la voile blanche comme le lui avait demandé son père. Egée crut que son fils avait péri et se jeta dans la mer. On voit bien à quel point se mythe a influencé l’aventure de Tristan.

2) La matière de Bretagne :

En outre, Tristan et Iseut s’inspire clairement de la matière de Bretagne, c’est-à-dire du cycle arthurien. Dès le début du

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