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Le thème du rêve dans Les Mains libres, Man Ray, Paul Eluard.

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Par   •  3 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  1 807 Mots (8 Pages)  •  1 975 Vues

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Intro :

        Le thème du rêve est très présent dans le recueil de poèmes et dessins Les Mains libres. Man Ray et Paul Éluard l'évoquent tous deux à de nombreuses reprises, mais ils ne l'abordent pas de la même manière. Le rêve provient en effet de sources d'inspirations très variées, mais il est aussi un des thèmes phares du surréalisme. On peut alors se demander en quoi ces voies d'inspirations diffèrent, et quels sont les points communs des différentes visions du rêve des auteurs des Mains libres. En premier lieu nous étudierons la vision du rêve de Man Ray, puis nous aborderons celle de Paul Éluard, avant de nous pencher sur les points communs de leurs deux visions.

I - Man Ray et le rêve

Tout d’abord, dès le frontispice, Man Ray nous montre que l’ensemble du recueil va être en rapport avec le rêve. En effet, cela est mis en évidence grâce à la femme endormie sur le pont qui relie deux rives, soit le monde réel et le monde du rêve. Les paysages des Mains Libres sont en effet remplis de fantômes, d’ombres géantes, de silhouettes qui pour la plupart du temps sont féminines, aux dimensions colossales, avec des animaux, des végétaux, avec souvent une atmosphère nocturne et les personnages représentés les yeux fermés. Tout ceci sorti de l’imaginaire du dessinateur. Ils sont une invitation au rêve.

Ensuite, une multitude de dessins évoquent le rêve, comme « Objets » et « Au bal Tabarin », où le nombre important d’objets représentés montre que les dessins ne sont pas focalisés sur un seul sujet, mais plusieurs. Les lignes horizontales de « Objets » et les postures des femmes de « Au bal Tabarin » créent du mouvement, animant ainsi chaque dessin à la manière du rêve. De plus, Man Ray a dit  à son ami Pierre Bourgeade : « Le matin quand je me réveille, si j’ai fait un rêve, je le dessine tout de suite. Beaucoup des dessins des Mains Libres sont des dessins de rêve. »

 Cependant, ce n’est pas le seul moyen que Man Ray a utilisé pour évoquer le rêve. Effectivement, ses dessins « L’arbre rose », « Plante-aux-oiseaux » et « Feu d’artifice » traitent tous les trois de la nature, puisque le dessinateur y a représenté des plantes géantes, inexistantes dans la réalité : une rose géante dans « L’arbre rose », un arbre sur lequel des oiseaux poussent dans « Plante-aux-oiseaux » et une plante géante créatrice de feu d’artifice dans « Feu d’artifice » . Dans ces trois dessins, les plantes sont irréelles et tellement géantes qu’elles semblent atteindre le ciel. C‘est pourquoi la phrase « la nue fantastique est d’ici » de « Feu d’artifice » résume parfaitement ces dessins, les termes « nue » et « fantastique » faisant référence au ciel et au rêve. En effet, le dessin de la plante qui fait des feux d’artifice est un moyen pour Man Ray de nous faire rêver. De plus, les feux d’artifice sont source d’émerveillement chez les spectateurs. Man Ray veut nous éblouir à travers ses dessins mais aussi recevoir de l’amour et de l’admiration de la part de ses spectateurs comme le dit Paul Éluard au début du recueil : « Man Ray dessine pour être aimé ».

 Ainsi, nous comprenons que l’artiste veut, à travers ses dessins sur le rêve,  nous inspirer et nous faire rêver. Il nous incite à laisser libre cours à notre imagination. Ceci sans tenir compte du monde réel. Quand ils perdent leurs fonctions pratiques, les objets ne s’appauvrissent pas. Bien au contraire, ils acquièrent de nouvelles significations. On peut le voir dans « Objets » où le talon est sans sa chaussure et le téléphone sans son combiné. Cela nous pousse à nous poser des questions quant à leur présence sur le dessin et nous amène donc à imaginer de nouvelles fonctions à ces objets. Nous sommes donc ceux qui par notre rêve donnons un nouveau sens à ces objets.


II - Paul Éluard et le rêve

        Malgré la collaboration des deux artistes dans le recueil des Mains Libres, Paul Eluard a sa propre vision du rêve, différente de celle de Man Ray. Il a en effet une vision cauchemardesque du rêve…

Pour Eluard, le rêve signifie danger pour l’être, il l’enferme dans une solitude désolante. Il impose également un oubli des autres et du monde, il implique le silence et l’obscurité qui sont deux termes synonymes de mort pour le poète. Dans « Les tours d’Eliane », rêver sous-entend avoir l’espoir insensé d’ouvrir « une fenêtre au fond d’une mine », comme l’écrit Paul Eluard dans son poème. C’est comme se condamner à ne rien voir et ne rien écrire. Dans le poème « Rêve », Eluard utilise des mots assez négatifs comme « ruine », « tous les signaux crevés », « plus un livre ». Cela signifie que le rêve amène d’une certaine façon le malheur, il est destructeur.

De plus, le titre du poème « Des nuages dans les mains » nous indique un jeu de mots, lorsqu’on rêve, on a la tête dans les nuages. C’est merveilleux, on s’évade et on est heureux lorsqu’on est « sur un petit nuage ». Ici, c’est inversé, le rêve, éveillé ou non n’est pas poétique en soi, il tourne même le dos à la poésie lorsqu’il détourne l’être de la réalité du monde. Par le sens inversé, nous n’aurions pas la tête dans les nuages mais dans un lieu clos, où nous serions enfermés, prisonniers. Le rêve est donc un chemin vers la solitude et serait mauvais, il nous éloigne des autres et de la société.

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